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Ce monnayage fut, comme le règne du personnage, de très courte durée 1). Les autres pièces que l'on a citées comme indiquant ultérieurement des émissions locales sous Clodius Albinus) et sous Macrin 3) sont des pièces fausses, retouchées on mal lues.

Les monnaies municipales dont il vient d'être question étaient destinées, en principe, à circuler seulement dans la ville où elles avaient été frappées; on ne se mettait donc pas en peine de les faire conformes au type romain; on conservait les types en usage. Müller a constaté que beaucoup d'entre elles rentreraient plutôt dans le système carthaginois1), sur lequel, du reste, on est assez mal fixé; et que les pièces ne présentent pas partout le méme poids et n'offrent pas les mêmes espèces 5). Ce n'est que par un effort de volonté et en se contentant de moyennes ou d'à peu près que l'on peut les assimiler à des sesterces, à des dupondius ou à des as. Il en résulte que, dans les échanges journaliers, où les usages de numération locaux devaient être constamment influencés par les habitudes romaines, rendues obligatoires pour les comptes officiels, cette monnaie dut prendre une valeur fiduciaire. Dès lors il n'y avait pas de raison pour que ces pièces ne fussent pas utilisées aussi en dehors de la ville dans laquelle elles avaient été frappées. Afin de pouvoir décider dans quelles limites d'espace elles se répandaient, il serait intéressant de savoir où les spécimens que nous possèdons ont été trouvés; malheureusement ce sont là des renseignements que l'on ne se procure point aisément, en en partie parce que les inventeurs ne tiennent pas d'ordinaire à les fournir et que les collectionneurs n'ajoutent à ces détails aucune importance. Les trop rares témoignages que j'ai pu recueillir à cet égard permettent pourtant de conclure à une circulation assez étendue ).

Il n'y avait pas de raison, non plus, pour que, à l'exemple de ces pièces municipales, créées à l'époque romaine. les anciennes monnaies qui leur ressemblaient pour la valeur, qui n'étaient pas beaucoup plus éloignées

1) Sur cette question voir aussi Lenormant, loc. cit., p. 339.

2) Müller, op. cit., II, p. 168, n. 379. M. Babelon a bien voulu me fournir, au sujet de cette pièce, le renseignement, suivant: „Müller l'indique d'après le supplé ment de Mionnet et ce dernier la donne comme étant alors dans la collection Cadalvène. Cette collection est entrée au Cabinet des Médailles, mais sans la pièce en question. Il n'y a pas à en tenir compte historiquement". Cf. Dessau, Klio VIII S. 460

note 6.

3) Müller, loc. cit., p. 170 note 1. La façon même dont Müller parle de cette pièce et la lecture incertaine qu'il en donne suffisent à justifier toutes les réserves. Cf. Dessau loc. cit.

4) Op. cit., II, p. 37, 63, 176. 5) Ibid., p. 175.

6) La pièce publiée dans le Bull. arch. du Comité (1897, p. 250), qui a été frappée à Hippo, a été trouvée au Kef; une autre, qui appartient sans doute à Utique voir plus loin) provient d'une nécropole voisine de Souk-Ahras; une troisième également d'Utique (plus bas p. 202) était dans une tombe à Carthage. On vient de recueillir dans les environs de Sousse un bronze de Clypea.

qu'elles du type romain et qui avaient en outre l'avantage d'avoir cours depuis longtemps et d'être parfaitement connues de tous 1), n'aient pas été en usage, non plus, pendant l'Empire, toujours avec une valeur fiduciaire et pour les transactions privées. Müller écrit: „En considérant combien est grande la quantité qui nous est parvenue de monnaies carthaginoises en bronze, on est porté à croire qu'elles ont eu cours longtemps après la chute de Carthage). Le même raisonnement peut s'appliquer aussi aux pièces numides, si nombreuses dans toutes les collections de Tunisie et surtout d'Algérie. C'est ce qui semble résulter aussi des trop rares constatations méthodiques faites soit dans les cimetières soit sur l'emplacement de certaines villes antiques du pays.

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Les fouilles du camp de Lambèse, j'entends les fouilles récentes et dont j'ai pu suivre en détail les résultats, sont, à cet égard, particulièrement caractéristiques. Ce camp fut édifié, ainsi qu'on le sait3), sous le règne de l'empereur Hadrien; il fut habité par les soldats de la légion III Auguste, au moins jusqu'à l'époque de Dioclétien, peut-être plus tard encore1), ensuite par d'autres, si l'on en juge par la grande quantité de petites pièces de bronze du IV et du Ve siècle recueillies par les ouvriers 5). D'autre part, la place où il s'élevait n'était occupée avant Hadrien par aucune construction, aucune agglomération. Il s'en suit que les monnaies antérieures à cette date trouvées dans l'enceinte du camp ont certainement appartenu aux légionnaires ou aux différentes personnes attachées à la légion, et que, par conséquent, ces monnaies étaient en usage au II et au III siècle, du moins pour les échanges journaliers et les relations entre particuliers. Or le catalogue, qui a été dressé des trouvailles numismatiques faites au cours des fouilles de la praetentura et du prétoire accuse les résultats suivants:

un as du dernier siècle de la République;
trois deniers de l'époque républicaine;

deux bronzes de Galba;

six deniers et six bronzes de Vespasien;

trois deniers et trente-deux bronzes de Domitien;

deux deniers et six bronzes de Nerva:

huit deniers et trente-six bronzes de Trajan 6);

1) Cette considération est capitale et a toujours joué un rôle important dans la circulation persistante des monnaies, même officiellement délaissées. Tacite disait des Germains (Germ., 5): Pecuniam probant veterem ac diu notam, sarratos bigatosque.

2) Op. cit., II, p. 176. 3) R. Cagnat, Armée d'Afrique, p. 501 et suiv. 4) Ibid., p. 172.

5) Les plus récentes de ces pièces appartiennent au règne de Théodose et d'Arcadius.

6) Naturellement, les monnaies d'argent et de bronze postérieures à Hadrien sont en abondance.

et surtout, détail particulièrement, intéressant pour la question exa

minée ici:

onze pièces de Carthage;

vingt-quatre pièces numides 1).

La ville de Timgad remonte a peu près à la même époque; elle est née sur l'emplacement, peut-être, d'un petit poste militaire établi au Ier siècle et se présente, pour sa partie primitive, sous la forme d'une colonie militaire affectant la figure d'un camp 2). Or les trouvailles de monnaies faites au cours des fouilles, tant dans l'enceinte de ce camp qu'au dehors se répartissent ainsi. Peu de monnaies d'argent. Sur les bronzes recueillis, 60 pour cent environ sont d'époque constantinienne, 40 pour cent de date antérieure, dont la moitié au moins appartiennent aux deux premiers siècles. Il n'a été découvert que sept ou huit pièces carthaginoises et un peu plus de pièces numides (un pour cent environ) 3).

De ces constatations on peut rapprocher des faits analogues observés dans différentes nécropoles, sur divers points de l'Afrique du Nord.

Il existait, à Carthage, à côté de l'Amphithéâtre, un double cimetière réservé aux officiales du procurateur. L'étude des épitaphes et des poteries qui garnissaient les tombes a prouvé qu'après avoir servi de lieu sépulture à de petites gens, affranchis ou esclaves de particuliers, à la suite de la renaissance de la ville, durant la fin de la République et au début du Ier siècle, le terrain fut ensuite réservé à la domesticité impériale et à sa famille depuis l'époque des Flaviens jusqu'à la fin du II siècle de notre ère 4). La nécropole, ainsi remplie, fut ensuite abandonnée. Le P. Delattre, en la fouillant, a noté avec soin les pièces de monnaies qu'il a rencontrées dans les différentes sépultures. Lors de la première exploration qu'il en avait faite 3), il avait observé que le plus grand nombre de ces pièces étaient des monnaies carthaginoises offrant sur la face la figure d'une femme vue de profil et tournée à gauche, sur le revers le cheval debout au repos et tourné à droite". Trois monnaies, ajoutaitil), sont numidiques, un quart à peine sont romaines; il y en a une d'Auguste, une d'Agrippine, une de Caligula, une de Trajan et deux d'Antonin le Pieux. Les tombes fouillées à cette époque appartenaient à l'étage supérieur du cimetière. Dix ans plus tard M. Gauckler et le P. Delattre reprenaient les recherches et pénétraient cette fois jusqu'aux

1) On vient, il y a deux mois, de faire une nouvelle trouvaille, cette fois de monnaies d'argent, dans une chambre situé à l'Est du prétoire. Parmi les 54 pièces qui la constituent, la plus récente est de l'époque d'Antonin. La majorité remonte à l'époque républicaine; on y remarque une certaine quantité de deniers légionnaires d'Antoine. 2) Boeswillwald, Cagnat et Ballu, Timgad, p. IV et suiv.; p. 339 et suiv.

3) Renseignements fournis par M. Barry, directeur des fouilles.

4) Cf. Audollent, Carthage romaine, p. 185 et suiv. avec toute la bibliographie

du sujet.

5) Rev. arch., 1888 (II) p. 151 et suiv.

6) Ibid., p. 173.

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tombeaux les plus anciens; c'est à cette date qu'on recueillit des stèles néo-puniques anépigraphes et des épitaphes romaines de la fin du Ier siècle av. J. C. L'examen des monnaies conduisit aux mêmes résultats que précédemment. Sur trois cents pièces nouvelles, écrit le P. Delattre1), ,les deux tiers au moins sont des monnaies puniques ou des monnaies numidiques, ces dernières cependant en moins grand nombre. Les pièces sont toujours de grands bronzes très usés, très oxydés. Malgré leur mauvais état, ces pièces se reconnaissent aisément. Les puniques portent sur la face la tête de Perséphone et au revers le cheval complet, au repos. Les monnaies numidiques me paraissent être la plupart de Massinissa Ier et de Micipsa. Parmi les monnaies romaines, j'en citerai une, portant le nom de L. Mescennius Rufus, triumvir monétaire. D'autres monnaies sont du règne d'Auguste." Le P. Delattre signale, en outre, parmi les pièces recueillies une pièce de Drusus, une autre de Tibère, trois Claude, deux Galba, une Julia Domna; et, ce qui est plus intéressant, un bronze de la colonie d'Utique 2), et deux moitiés de monnaies, qui paraissent bien être des coloniales de Carthage émises sous Auguste 3). Toutes ces monnaies, continue-t-il, sauf trois ou quatre parmi les romaines, sont, à deux ou trois millimètres près, de même module, soit 0,027 de diamètre. Plusieurs sont percées d'un trou et ont dû être portées suspendues comme amulettes ou simple ornement; parmi ces dernières j'en ai remarqué une qui est numidique et une autre qui est romaine."

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Faut-il conclure de tout cela avec l'auteur que l'existence dans ces tombes d'âge romain de monnaies carthaginoises très usées prouve que les païens ne se faisaient pas scrupule de déposer près des restes de leurs morts, comme obole à Charon, des pièces qui, sans doute, n'avaient plus cours comme, de nos jours, nous voyons des personnes peu délicates glisser dans un tronc des monnaies étrangères ou démonétisées, heureuses de s'en débarrasser de la sorte". Je ne le pense pas. Il me semble, au contraire, résulter de ces constatations multiples que, à côté de la monnaie d'Empire, il était resté dans la circulation un grand nombre de pièces émises à l'époque de la domination carthaginoise ou sous les rois numides, qui avaient conservé une valeur fiduciaire et servaient aux petites transactions de chaque jour. Si la proportion entre celles-ci et les pièces romaines est renversée à Lambèse et à Carthage, c'est que le milieu n'était pas le même. Dans le camp de Lambèse, agglomération tardivement éclose, il y avait surtout des soldats qui recevaient leur paye en numéraire romain et qui répandaient dans le pays, autour d'eux, la monnaie 1) Rev. arch., 1898 (II) p. 226 et suiv.

2) Müller, Num. de l'ancienne Afrique, II, p. 160, n. 355 ou une des suivantes. 3) Ibid., p. 149 n. 323: on reconnaît, dit le P. Delattre, sur l'une et sur l'autre cette portion de légende: DVS PIIVIR. „La pièce, assez commune, que cite Müller (op. cit., p. 149) porte au revers: P I SP D V SP IIVIR CI.C.

qu'on leur versait à eux-mêmes; ni eux, ni les marchands qui les entouraient n'avaient besoin de faire appel à des espèces sans valeur légale, mais commode pour les menus achats journaliers 1). La situation était toute différente à Carthage où la circulation monétaire avait toujours été intense et où, dès la renaissance de la ville, on s'était trouvé dans la nécessité de se procurer une grande quantité de monnaie d'appoint. Les esclaves attachés à l'administration procuratorienne recevaient couramment cette monnaie du temps passé et la rendaient en échange; il est tout naturel qu'ils l'aient employée avec Charon comme ils l'employaient avec les vivants; la proportion que l'on constate dans les cimetières nous indique apparemment la proportion qui existait dans la réalité.

Le phénomène que le P. Delattre a noté dans une nécropole de date certaine et, par suite, particulièrement instructive, n'a pas échappé à d'autres fouilleurs; mais les cimetières qu'ils ont interrogés n'étant pas aussi nettement circonscrits dans le temps, leurs observations ne peuvent venir qu'en confirmation de ce qui a été déjà signalé à Carthage.

"

Aux environs du Kef, M. le capitaine Denis a fouillé un ensemble de tombeaux qui dominent l'Oued-Sminda 2). Les sépultures sont d'époque romaine comme le prouvent les épitaphes latines recueillies. M. Denis les attribue aux deux premiers siècles de notre ère. Les monnaies, écrit-il, étaient déposées soit dans l'urne cinéraire soit sur la lampe. La plupart sont des bronzes numides, quelques uns appartiennent à Carthage. Je n'ai recueilli que deux monnaies romaines, d'Antonin le Pieux et un denier de Lucille.“ Le Kef étant situé en plein pays numide et ce cimetière étant un cimetière de petites gens, il n'est pas étonnant que les pièces numides y soient en abondance.

La même réflexion s'applique aux fouilles de M. le Docteur Carton dans la nécropole de Bulla Regia3). A côté de pièces romaines, qui vont d'Auguste à Constantin, il a trouvé des monnaies numides en abondance et quelques pièces carthaginoises: , celles-ci présentaient lors de leur abandon un très grand degré d'usure et l'effacement de l'effigie n'est pas le résultat d'une lente oxydation, mais bien de frottements répétés dus à un long usage".

Il est naturel aussi que dans un cimetière romain situé à Aïn-elHout, aux environs de Souk-Ahras, M. le Docteur Rouquette) ait rencontré surtout des bronzes numides. Le relevé des monnaies recueillies par lui donne: seize pièces de Numidie, en bronze, et une en plomb; une

1) Ces observations sont également valables pour Timgad, toute la partie qui s'étend au sud de l'Aurès étant occupée par des soldats ou des vétérans à partir du milieu du Ier siècle.

2) Bull arch. du Comité, 1894, p. 374 et suiv. 3) Ibid., 1890, p. 183 et suiv 4) Rec. de Constantine, 1906 (XL) p. 83 et suiv., cf. Bull. de la Soc. de Sousse, II (1903) p. 140 et suiv.

Klio, Beiträge zur alten Geschichte IX 2.

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