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Perse. C'est à ce moment, je crois, qu'ils durent relever leurs remparts. Les ruines s'en voient encore: elles sont imposantes). Quelques pierres portent des lettres archaïques, marques de carriers ou d'entrepreneurs. Les portes étaient ornées de reliefs, représentant les divinités protectrices de la cité. Une, qui donnait sur la campagne, montrait, comme plus tard les monnaies de l'ile, l'image de Dionysos et d'Héraclès, avec cette épigramme:

Ζηνὸς καὶ Σεμέλης καὶ ̓Αλκμήνης τανυπέπλω(ν)
ἑστᾶσιν παῖδες, τῆςδε πόλεως φύλακοι 3).

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„Qui terre a, guerre a", dit un vieux brocard. Qu'est-ce, lorsque la terre que les voisins envient, est riche en argent et en or? Les Boers en savent quelque chose. Thasos allait bientôt avoir affaire à des adversaires autrement redoutables que les Milésiens et que les Perses. Ni ses divinités tutélaires. Déméter parienne, le Dionysos thrace, Héraclès archer, symbole de la force thasienne, ni les talismans magiques dont la ville munissait ses remparts 3), ne devaient la préserver du joug athénien.

On sait), depuis la découverte de l'A9nraiov лolutɛia, que Pisistrate, banni d'Athènes, était allé refaire sa fortune au Pangée, dans des entreprises (zonuatioάuevos). Il n'est pas trop hardi de supposer que ç'avait été dans des entreprises de mines, et que depuis cette époque, l'attention des Athéniens avait été attirée sur le Pangée. Nous avons vu que de grandes découvertes d'or durent être faites à Scaptésylé dans les premières années du Ve siècle: jusque là, probablement, le Pangée avait surtout produit de l'argent. Je crois que la première tentative des Athéniens pour s'emparer du Pangée remonte à une date plus haute qu'on ne dit, et qu'elle s'explique en définitive par le retentissement qu'avaient du avoir, en Grèce, aux environs de 490, ces subites et énormes trouvailles d'or scaptésylique. Dans ce monde égéen si petit en somme, tant la mer y rapproche les distances, dans ce monde hellénique si curieux, si bavard, si bien informé par ses marchands, par ses panégyries, par l'activité et la mobilité de la race, bien des gens devaient savoir que les Thasiens et les Thraces tiraient depuis quelques années des profits énormes de leurs mines du Pangée. Des récits couraient, qui éblouissaient le populaire : rien de contagieux comme la fièvre des mines.

On lit partout que les Athéniens n'ont pas songé à s'emparer du

1) Mendel a voulu y voir les restes du rempart élevé après l'attaque d'Histiée (BCH, 1900, p. 264): c'est oublier que les Thasiens furent contraints de raser en 491 les murs qu'ils avaient bâtis l'an d'avant. D'ailleurs, le style des reliefs dont les portes étaient décorées semble indiquer une date plus basse que 492.

2) BCH, 1903, p. 392; Rev. archéol. 1908, t. I, p. 25.

3) Conze, Reisen auf den Inseln des thrakischen Meeres, pl. V.

P. 12.

4) Aristote, 'Αθ. πολ. XV, 2 παρῆλθεν εἰς τοὺς περὶ Πάγγαιον τόπους, ὅθεν χρη ματισάμενος καὶ στρατιώτας μισθωσάμενος κτλ.

Pangée avant 475, avant l'expédition de Cimon contre Eïon. C'est, à mon avis, qu'on n'a pas exprimé tout le suc d'un texte d'Hérodote. Ici, que le lecteur me laisse entrer dans quelques explications. Si elles sont trouvées justes, il en jaillira de la lumière, non seulement sur l'histoire du Pangée, mais sur une grave affaire, restée fort obscure, et dans laquelle les modernes ont eu tort, je crois, de ratifier le jugement inique rendu par Athènes contre un des hommes qui l'ont le mieux servie.

Sitôt les Perses battus à Marathon, les Athéniens, sous l'impulsion énergique de Miltiade, tâchent de complèter leur victoire en en tirant tout le parti possible, comme ils tâcheront sous l'impulsion de Thémistocle, onze ans plus tard, de tirer parti de Salamine et de Platées. Sans perdre temps, ils dessinent une vigoureuse contre-attaque, pour balayer hors des Cyclades la flotte de Datis et reprendre au Perse les îles qui lui avaient fait soumission. Aspirant dès cette époque à la domination de la mer, fils aînés de la race ionienne, les Athéniens ne pouvaient pas laisser les Nésiotes sous le joug et Délos aux mains de la Perse. L'expédition qui s'ensuivit a été racontée par Hérodote d'une façon lamentablement incompréhensive 1): Miltiade n'aurait eu d'autre objectif que Paros; il se serait attaqué aux Pariens, pour satisfaire une vieille haine qu'il nourrissait contre l'un d'entre eux; et il aurait échoué, pour avoir commis le sacrilège de pénétrer dans le Thesmophorion parien, où seules les femmes pouvaient entrer. Voilà comment la tradition orale, recueillie par Hérodote à Paros et à Delphes, racontait la campagne de 489. Heureusement, pour apprécier à sa valeur le plan de Miltiade, nous possédons autre chose que cette version locale, si platement édifiante et dévote. Par Ephore 2), qui l'a empruntée aux atthidographes, nous connaissons la version attique. Miltiade avait bien pour but, d'abord, de chasser les Perses des Cyclades. Celles du couchant, Céos, Cythnos, Sériphos, Siphnos, qui forment comme le prolongement de l'Attique, et au Sud de celles-ci, l'île plus importante de Mélos ne s'étaient pas soumises à Datis: leurs galères combattront à Salamine contre les Perses). Mais les Cyclades les plus grandes et les plus riches, Naxos, Paros, au centre de l'Archipel, avaient accepté le joug du Roi. Miltiade se présente devant Paros, qui lui ferme ses portes. Un long siège commence, très dur, où Miltiade est grièvement blessé, dans un assaut. La ville allait se rendre, quand une lueur est aperçue sur la mer, du côté du Nord. C'était, sur une montagne de Myconos, un de ces incendies de forêts de pins, comme en allument les bergers. Assiégés et assiégeants croient que c'est un signal de Datis, venant de la mer d'Icarie,

1) VI, 132–136. Voir la critique qu'ont faite de ce récit Duncker, Geschichte des Altertums 5, t. VII, p. 148, Wecklein, Tradition der Perserkriege, p. 246, et Ed. Meyer, Gesch. des Alt. III, p. 339.

2) Cité par Etienne de Byzance, s. v. Пlágos (FHG, t. I, p. 263). Cornelius Nepos (Milt. 7) résume Ephore. Je ne crois pas que le scholiaste d'Aristide (t. III, p. 572 Dindorf) ait, comme on l'a dit, connu Ephore. 3) Hérod. VIII, 46.

par la même route qu'il avait suivie un an plus tôt 1). Les Athéniens se rembarquent précipitamment.

L'insuccès de l'expédition, surtout quand on sut à Athènes qu'il n'aurait pas fallu décamper ainsi, exaspéra la guêpe attique. On sait avec quelle cruauté les Athéniens s'en prirent à Miltiade, et comme ils lui firent expier la popularité dont il avait joui jusque là, la confiance sans bornes qu'ils lui avaient accordée. Quand il leur avait demandé des vaisseaux, des crédits et des hommes, ils lui avaient tout accordé, sans explications. Quand il fut de retour, sans avoir égard ni à ses services, ni à sa blessure, ni à leur propre part de responsabilité, ils le condamnèrent à la prison et à une amende énorme, cinquante talents (340 000 francs, qui en vaudraient quatre millions aujourd'hui). Comment expliquer et l'énormité de cette amende, et le fait étonnant que Miltiade avait pu faire voter l'expédition, sans être obligé de dire quel en serait le but? Les historiens conservateurs, qui défendent le récit pieux d'Hérodote et tâchent en même temps de disculper les Athéniens, s'en tirent par de mauvaises raisons, en alléguant, avec Grote 2), l'impuissance d'un Grec à être investi de la confiance de ses concitoyens sans être aussitôt gâté par un orgueil démesuré“; Miltiade après Marathon, dit Curtius 3), avait senti sa force, et il l'avait crue plus grande encore qu'elle n'était. Il avait prétendu garder le commandement sans contrôle; il n'avait pas envie de soumettre ses projets à une discussion publique; ces façons mystérieuses d'agir étaient totalement contraires à l'esprit de la constitution athénienne; mais on avait dans le bonheur de Miltiade une confiance absolue".

"

Les historiens qui admettent comme article de foi le récit d'Hérodote, n'ont pas fait attention au début de ce récit même): „Quand Miltiade proposa l'expédition, il ne dit pas quel en serait le but, mais certifia que ceux qui le suivraient reviendraient riches, car il les mènerait dans un pays d'où ils rapporteraient sans grand peine de l'or à foison, zovoor aqdovov. Quel était cet Eldorado, ce Potose? Les Cyclades? Mais elles ne produisaient plus d'or. Il y avait beau temps que le placer de Siphnos était épuisé). Du pillage des iles, même des moins pauvres, on ne pouvait attendre qu'un maigre butin, des esclaves, des moutons et des chèvres; et l'on ne devait piller que celles qui tiendraient pour le Roi. Miltiade, d'ailleurs, ne promettait pas du butin, mais du métal, beaucoup de métal, beaucoup de cet or dont la Grèce d'Europe Apollon de Delphes excepté avait eu si peu jusque là. Si Miltiade a pu promettre

1) Hérod. VI, 95. 2) Hist. de la Grèce, t. VI, p. 226 de la traduction française. 3) Hist. grecque, t. II, p. 254 de la traduction française.

4) VI, 132 αἰτήσας νέας ἑβδομήκοντα καὶ στρατιήν τε καὶ χρήματα ̓Αθηναίους, οὐ φράσας σφι ἐπ' ἣν ἐπιστρατεύσεται χώρην, ἀλλὰ φὰς αὐτοὺς καταπλουτιεῖν ἢν οἱ ἔπωνται· ἐπὶ γὰρ χώρην τοιαύτην δή τινα ἄξειν ὅθεν χρυσὸν εὐπετέως ἄφθονον οἴσονται· λέγων τοιαῦτα αἴτες τὰς νέας. 5) Hérod. III. 57; Pausanias, X. 11, 2.

aux Athéniens qu'ils rapporteraient de l'or à foison, c'est qu'il se proposait de les mener finalement dans la partie de l'Egée qui, à cette date, produisait réellement zovoov ägdovov. Et si les Athéniens ne lui ont pas demandé d'explications, c'est qu'ils comprenaient tous, à mots couverts, où il s'agissait d'aller. Et s'ils s'en rendaient tous si bien compte, c'est que tous savaient quels profits les Thasiens tiraient de Scaptésylé. Et comme ils étaient tous fixés sur le but ultime et véritable de l'expédition, ils pensaient inutile d'ébruiter leurs projets. L'expédition se dirigea d'abord sur les Cyclades centrales, parce qu'il importait à Miltiade, avant d'opérer dans le Nord, d'assurer ses derrières et sa route de retour. Peut-être tenait-il à se rendre maître d'abord de Paros, pour que celle-ci ne pût secourir Thasos, dont elle était la métropole.

Plus brillamment avait resplendi le mirage doré, plus violente fut l'impopularité qui, en un instant, se déchaîna contre Miltiade. Il avait promis aux Athéniens l'or de la Thrace, il fallait que la promesse fût tenue: toute la fortune du grand homme y passa, tout l'or qu'il avait jadis rapporté de la Chersonnèse, l'or de son beau-père le roi thrace Oloros.

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La victoire de l'Eurymédon n'avait pas plus tôt achevé de conjurer le péril perse, qu'Athènes entrait en conflit avec Thasos au sujet des mines pangéennes. Ses hommes d'état, instruits par Pisistrate et Miltiade, comprenaient non moins bien qu'Histiée et que Mégabaze, l'importance du Pangée et du Bas-Strymon. En 4751), les Athéniens, reprenant à leur compte la tentative avortée des Milésiens, s'emparent d'Eïon, à l'embouchure du Strymon, à quelques lieues de Myrcinos. Le Perse Bogès l'avait gardée jusque là dans l'obéissance du Roi. Nous ne savons pas l'effet que la nouvelle fit à Thasos, mais nous pouvons imaginer celui qu'elle produisit à Athènes. La prise d'Eïon avait été difficile. Les Thraces de l'intérieur, en haine de ces Grecs dont ils redoutaient l'avarice, aidaient Bogès. Il avait fallu, pour les empêcher de ravitailler la place, remonter le fleuve, attaquer leurs villages lacustres, brûler les bourgs de la plaine 2).

1) Pour la date, voir Ed. Meyer, Gesch. d. Alt., t. III, p. 494.

2) Plutarque, Cimon, 4. Eschyle dut prendre part à cette opération (Blass, Eschylos' Perser und die Eroberung von Eion, ap. Rhein. Museum, 1874, p. 481): c'est alors qu'il vit la Thrace strymonique, dont il devait, trois ans plus tard, rappeler le souvenir à ses anciens compagnons d'armes:

οίαι Στρυμονίου πελάγους 'Αχε

λωΐδες εἰσὶ πάροικοι

Θρηκίων ἐπαύλων,

λίμνας τ' ἔκτοθεν αἱ κατὰ χέρσον ἐ

Inhaμévai nɛоì лio̟уоν (Рerses, 867-72 éd. Weil 3).

Ces vers expressifs étaient restés une énigme pour les interprètes jusqu'à ce que M. Weil, dans son édition de Giessen, ait eu l'idée d'en rapprocher le texte d'Hérodote (V, 16) sur les cités lacustres du lac Prasias. Les vers 871-2 se rapportent probablement à Myrcinos.

Le famine1)

ou, selon une autre version qui n'est peut-être pas inconciliable avec la précédente, un expédient heureux dont s'étaient avisés les ingénieurs athéniens 2) réduisit la place. Quand toute résistance fut devenue impossible, Bogès, dans un dernier sacrifice au dieu Strymon. avait jeté dans le fleuve tout l'or et l'argent que contenait la ville, puis, comme Crésus à la prise de Sardes, s'était voué aux flammes, avec tous les siens. Se rendait-il compte, ce Barbare héroïque, en lançant dans le fleuve les métaux précieux, que l'or du Strymon 3) était néfaste néfaste comme l'or du Rhin?

Cimon reçut, pour la prise d'Eïon, de plus grands honneurs que Miltiade pour Marathon et Thémistocle pour Salamine. On lui permit d'élever à Athènes, sur le marché, trois hermès avec épigrammes commémoratives. L'expédition d'Eïon y était comparée à celle de Troie, à laquelle les Athéniens prétendaient que leurs ancêtres avaient pris part sous la conduite de Ménesthée. Cimon, par prudence, pour n'exciter ni la jalousie des dieux ni celle de ses concitoyens, n'y était pas nommé. Mais il n'y était point parlé non plus de Marathon, de Salamine et de Platées. C'est que la légende des guerres médiques n'existait pas encore, et que la prise d'Eïon, dont l'histoire traditionnelle et conventionnelle de ces guerres a rabaissé l'importance, paraissait aux contemporains un succès capital. Est-ce à dire que mieux instruits que nous de l'importance respective des événements de 480/79 et de ceux de 475, ils crussent vraiment que la prise d'Eïon surpassait Salamine et Platées? Assurément non. L'explication

1) Epigramme d'un des hermès: ¿uóv t' aldova. Cf. Hérod. VII. 107 et Plutarque, Cimon, 7. Plutarque a puisé ses renseignements sur le siège d'Eïon ailleurs que dans Hérodote: il parle d'une grande victoire remportée par Cimon sur les Perses au début du siège; il appelle le commandant perse Botns.

2) Pausanias, VIII, 8, 9. Eïon était au bord du fleuve, du côté gauche (Thuc. V, 10), sur un terrain d'alluvion parfaitement plat. Les Athéniens détournèrent le Strymon, de façon à ce que l'eau entrât par les portes et inondât la ville, et qu'elle diluat les remparts, qui étaient en terre (c'est pourquoi on n'en trouve plus trace aujourd'hui: cf. Leake. Travels in the Northern Greece, t. III, p. 172. avec lequel concordent mes propres observations). Wilamowitz (Aristoteles und Athen, t. I. p. 155). suivi par Meyer (Gesch. d. Alt. t. III, p. 494), me semble avoir eu tort de s'inscrire en faux contre Pausanias. On calomnie souvent ce pauvre Pausanias. Fougères écrit (Mantinée, p. 420): „Pausanias, toujours soucieux d'étaler son érudition, démontre que la manoeuvre d'Agésipolis avait un précédent, le stratagème célèbre de Cimon au siège d'Eïone (sic). A vrai dire, Pausanias ne démontre rien, il rappelle un fait, très simplement. Si le stratagème de Cimon était célèbre, Pausanias, lorsqu'il en a touché un mot, n'a pas étalé son érudition. Est-on sûr, d'ailleurs, que ce stratagème fût si célèbre? Nous ne le connaissons que par un témoignage, celui de Pausanias.

3) On trouvait l'or en paillettes dans les sables du Haut-Strymon: ef. la monnaie de Pautalia (Beschr. der antiken Münzen zu Berlin, t. I, p. 202; Babelon. Traitė. t. I, col. 782), où l'on voit, autour du dieu Strymon, quatre petits génies, CTAXYC, BOTPYC, APгYPOC, XPYCOC. Encore aujourd'hui, le Haut-Strymon aurait ses orpailleurs (Erdic, En Bulgarie et en Roumélie, Paris, 1885, p. 312).

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