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sons particulièrement à des gens qui ne veulent ou ne savent pas lire le flamand.

Nous nous adressons d'abord et surtout à ceux des Belges flamands, qui, encore esclaves d'anciens préjugés, s'obstinent à méconnaître la langue de leurs pères, et qui, à coup sûr, n'ouvriraient jamais un livre écrit dans l'idiome dédaigné.

Nous nous adressons ensuite aux Belges wallons qui s'imaginent faussement que la connaissance de la langue de leurs compatriotes ne pourrait leur servir qu'à converser avec les prolétaires et les paysans de trois ou quatre provinces du royaume.

Nous nous adressons enfin aux Français euxmêmes et aux habitants de l'Europe méridionale en général. S'il arrive que quelques-uns d'entre eux lisent notre travail, ils auront l'occasion de se convaincre que dès qu'on s'est donné la peine d'apprendre une seule langue d'origine teutonique, on peut en fort peu de temps acquérir l'intelligence de toutes les autres; vérité bien simple, mais dont on n'est pas assez pénétré en France, où les idiomes du Nord, quoique moins négligés qu'autrefois, ne sont cependant encore que l'objet d'une étude superficielle.

Voilà pourquoi nous avons cru devoir préférer l'emploi d'une langue qui, en dépit de ce qu'on dit à Paris et de ce qu'on répète à Bruxelles, n'a pas cessé d'être une langue étrangère pour tous tant que nous sommes de Belges flamands.

La tâche que nous entreprenons est vaste, trop vaste même pour une érudition philologique aussi bornée que la nôtre. Bien des détails nécessaires manqueront à notre ouvrage; nous faillirons, nous le craignons sérieusement, dans le développement de beaucoup d'autres; toutefois, nous espérons réussir à faire entrevoir du moins l'importance et l'utilité de l'idée pratique que nous cherchons à populariser. Le premier parmi les Belges nous serons entré dans une route ardue: nous n'y aurons pas marché bien loin, mais un jour peut-être des compatriotes plus savants et plus habiles, attirés par notre exemple, y descendront à leur tour et la parcourront et l'exploreront toute entière. Alors l'essai que nous avons tenté pourra être dans ses résultats ce qu'il n'est encore que dans son but, une œuvre éminemment nationale et toute civilisatrice.

CHAPITRE I".

But et division de l'ouvrage.

Belgicam è Belgica tollunt.

On veut faire disparaître la

Belgique de la Belgique.

JUSTE-LIPSE, lettre de 1597, à Kilian.

Depuis trente ans, dans notre Belgique partagée en deux idiomes, de rudes assauts ont été livrés à la langue flamande: bien des bouches, bien des plumes ont demandé, ont prédit, ont proclamé sa mort. Mais aussi des voix courageuses et inspirées par un patriotisme plus sage, se sont élevées contre ces vœux imprudents, contre ces sinistres prophéties. Dans ce long débat, on a apporté, d'un côté, tout ce que les préventions et les préjugés, joints à une sigulière ignorance de la matière en litige, peuvent suggérer de mauvaises raisons; de l'autre, on a fait valoir toutes les solides considérations que fournissent en abondance une connaissance approfondie du sujet et la conviction que lon s'arme pour la défense d'un droit sacré. Des deux parts même véhémence, car à cette discussion les passions politiques se sont mêlées plus qu'il ne convenait. De nos jours, la lutte dure encore, mais poursuivie avec moins d'emportement, et constatant de plus en plus la force et les progrès de la cause naguère opprimée et l'affaiblissement de la ligue qui s'était formée contre elle.

A cette lutte, à laquelle, d'ailleurs, nous n'étions pas restés complètement étrangers, nous venons prendre aujourd'hui une part plus directe, mais en plaçant la question, comme doit être placée toute question intellectuelle et sociale, en dehors et au-dessus des intérêts éphémères des partis. Belge flamand, admirateur sincère de notre langue maternelle, ayant longtemps parcouru le facile chemin qu'elle fraie vers les langues et les littératures du Nord, nous croyons de notre devoir d'offrir à nos compatriotes le fruit de nos études particulières et de notre expérience personnelle. Ce n'est pas que nous songions à reprendre en sous-œuvre ni même a résumer le procès ancien: nous regardons comme épuisés presque tous les points du débat, et n'avons pas la présomption de refaire

les savants plaidoyers écrits par M. Willems et par d'autres habiles défenseurs de la langue flamande. Mais dans la question si longuement et si orageusement discutée, il est une face que ces hommes instruits n'ont pas traitée ou qu'ils se sont contentés de signaler en passant: c'est celle-là que nous nous proposons d'examiner avec les développements qu'elle comporte.

Il fleurit en Europe une dizaine de langues qui ont avec la nôtre des rapports tels qu'à l'aide du flamand bien su, on peut acquérir l'intelligence de toutes au bout de quelques jours ou de quelques semaines ou de quelques mois, au plus, suivant le degré d'affinité de chacune d'elles avec notre idiome : voilà la thèse que nous entreprenons de défendre et de prouver dans ce livre.

Ces langues similaires au flamand sont le hollandais, le basallemand (plattdeutsch) le haut-allemand, l'anglais, l'écossais, le frison, le danois, le norvégien, le suédois et l'islandais. Disons néanmoins que notre assertion ne s'applique à l'anglais que pour autant que l'on joigne à la connaissance du flamand quelques notions de la langue française; disons aussi que nous n'entendons pas soutenir qu'il suffit de bien posséder le flamand pour acquérir en peu de jours la prononciation de l'idiome de la Grande-Bretagne.

Hâtons-nous d'ajouter, car nous ne voulons compromettre la cause de la vérité et de la justice par aucune exagération, que nous bornons l'avantage de la connaissance approfondie du flamand à la possibilité de se donner la prompte intelligence, et non pas la connaissance instantanée, intime, complète, de toutes les langues congénères. Autre chose est de comprendre seulement un idiome étranger, autre chose de le posséder de manière à le parler et à l'écrire comme une seconde langue maternelle. Et toutefois l'avantage que nous préconisons est immense encore: la plupart des langues septentrionales ont produit des littératures magnifiques, et certes, il est éminemment avantageux pour un peuple de pouvoir, presque sans efforts, participer aux richesses littéraires de plusieurs autres nations. C'est là une de ces vérités que l'on prouve en les énonçant.

D'un autre côté, ceux qui, ayant déjà l'intelligence d'une langue étrangère, éprouveraient le désir ou le besoin de se l'approprier entièrement, seraient placés bien avant sur la bonne voie et ils pourraient en très peu de temps atteindre le but désiré.

Ceux de nos compatriotes flamands qui s'opiniâtrent à repousser ou à négliger la langue de leur enfance, oublient ou igno

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