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provinces flamandes, il embrasse ainsi l'Ostfrise, le pays de Munster, une partie du territoire de Cologne et du Bas-Rhin, les villes et territoires de Paderborn, Brunswick, Hanovre, Magdebourg, Brême, le Holstein, le Mecklenbourg, la Poméranie, le Brandebourg, etc., etc. En d'autres termes, toute la partie nord des anciens cercles de Westphalie, de la haute et basse Saxe, et de la Prusse occidentale et orientale.

Primitivement les Jutes, les Angles, les Saxons, les Chauques, les Frisons, les Bataves, les Belges, paraissent n'avoir formé qu'une seule nation répandue par peuplades dans diverses contrées et parlant longtemps la même langue, ou du moins des dialectes très légèrement différenciés d'une même langue. Depuis et insensiblement, ces dialectes ont fini par offrir des différences plus prononcées. Mais d'où cette plus grande conservation de l'idiome flamand, ou, si on l'aime mieux, du nederduitsch ? d'où surtout son extension sur des points si éloignés les uns des autres? C'est que ce flux de peuples se suivant et se poussant les uns les autres de la Scandinavie jusque dans les Pays-Bas, a eu son reflux; c'est qu'au douzième siècle les populations belges et bataves sont retournées habiter en partie les contrées dont elles étaient anciennement sorties.

Nos vieux chroniqueurs et même nos historiens modernes ont gardé sur cette émigration un silence qui a lieu de surprendre, vu l'incontestable importance qu'elle a eue (1). C'est un mouvement d'expatriation qui s'est renouvelé à plusieurs reprises pen

(1) L'annaliste Meyer, si exact d'ordinaire, en dit à peine quelques lignes; encore renferment-elle des erreurs. Parmi les modernes, M. le chanoine de Smet est le seul, à ce que nous croyons, qui en fasse mention. Il le fait laconiquement, mais en connaissance de cause. Il paraît avoir consulté Eelking, qui, le premier, a fait connaître, en Allemagne, cet épisode historique, si intéressant pour nous. L'ouvrage d'Eelking n'est qu'une thèse académique, mais écrite avec soin et sur la foi de documents anciens attentivement explorés. Cet opuscule a pour titre : Dissertatio de Belgis sæculo XII in Germaniam advenis, variisque institutis atque juribus ex eorum adventu ortis, auctore Joanne Eelking. Gottingue, 1774.

Deux autres auteurs allemands, Hoche et Wersebe, ont traité le même sujet. Le premier ne fait guère que reproduire et développer les données d'Eelking; le second prend à tâche de démontrer que celui-ci a accordé à l'émigration des Belges une importance qu'elle ne mérite pas. Cependant le témoignage formel d'un écrivain contemporain (Helmoldus, chronicon Slavorum) est tout-à-fait en faveur de l'opinion d'Eelking.

dant le 12me siècle, dont il embrasse le cours presque tout entier; il commence en 1106 et ne finit qu'en 1181. L'énumération seule des pays occupés par les émigrants, et qui en très grande partie étaient déserts par suite de l'expulsion des Slaves, donne déjà une haute idée de ces expéditions de colons belges. Ainsi, ils sont appelés et vont se fixer successivement dans les environs de Brême, dans la Wagrie et d'autres parties du Holstein, dans la marche de Brandebourg, dans la Saxe électorale, le pays d'Anhalt et le duché de Magdebourg, dans la Luzace et la Misnie, dans le duché de Mecklenbourg.

Les Belges émigrent par familles ; ce n'est pas un ramassis de gens sans aveu: la plupart sont des cultivateurs, des bourgeois, des nobles mêmes. Eelking cite, entre autres, les familles patriciennes de Slussenburg et d'Arnim. Helmoldus représente comme très nombreuses toutes les émigrations dont il fait mention.

Tous les témoignages contemporains font l'éloge de l'activité et du courage des nouveaux arrivants. En peu d'années, disent-ils, ils ramènent l'abondance et le bonheur dans des contrées naguère désolées; populi fortes, dit Helmoldus; viri strenui ex flandrensi provincia advence, dit un évêque de Misnie, dans la charte qu'il leur octroie; ein fromet volk, ajoute une chronique saxonne. Surpris, dans le bourg mal fortifié d'Eutin, (dans le Holstein) par des milliers de Slaves, une poignée de Belges leur opposent une résistance désespérée et finissent par mettre en fuite cette nuée de barbares.

Selon Eelking, l'influence exercée par les émigrés des Pays-Bas a été grande; elle s'est étendue à tout et a laissé de longues traces. Partout où ils se fixent, la face du pays se renouvelle, des terres marécageuses se transforment en champs fertiles; les villes inhabitées se repeuplent, des villes nouvelles s'élèvent. Peut-être, ditil, les Belges ont-ils jeté les fondements de Berlin. Entre autres bourgs qu'ils bâtissent et auxquels ils donnent des noms qui rappellent ceux de leur pays, l'auteur cite les suivants, rien que pour la principauté d'Anhalt et le cercle de la saxe électorale : Ypern (Ypres), Brück (Bruges), Niemeck (Nimègue), Aken (Aix-la-Chapelle), Dama (Damme), Tornac (Tournai), Mucheln (Malines), Gentin (Gand). Ces noms subsistent encore de nos jours.

Les colons importent sur le sol qu'ils fécondent les usages et les lois de leur patrie; dans tous les lieux où ils s'établissent se parle

longtemps leur dialecte particulier, et les traces de l'introduction de l'idiome flamand ne sont pas encore toutes effacées aujourd'hui.

Il ne nous semble donc pas douteux qu'une émigration qui s'est faite dans d'aussi grandes proportions et a produit des effets aussi durables, ne rende compte de la diffusion du nederduitsch sur un territoire d'une très vaste étendue. Le bas-allemand, il est vrai, n'est pas, comme le pensent quelques-uns, dérivé du flamand, mais celui-ci a grandement contribué à conserver et à étendre l'usage de celui-là.

Après avoir ainsi esquissé rapidement la circonscription territoriale et les migrations du nederduitsch, il nous reste à citer quelques fragments qui le montrent dans sa forme ancienne.

Le plus ancien monument connu de cet idiome est une formule d'abjuration rédigée au concile de Liptines, dans le Hainaut, en 742 ou 743. Des auteurs le citent comme appartenant particulièrement au dialecte des Francs; mais les Belges et les Bataves avaient formé une notable partie de la ligue franque, et d'ailleurs ce morceau offre avec le flamand plus moderne une si frappante analogie, qu'on ne doit pas hésiter à le regarder comme empreint du type primitif de notre langue. Nous en reproduisons les premières lignes:

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Voyez comme notre traduction se rapproche de l'original : nous n'avons guère eu qu'à modifier les terminaisons de quelques-uns des mots du texte ancien. C'est un langage qui en Flandre se comprend encore très aisément de nos jours.

Voici un spécimen plus étendu et beaucoup plus remarquable. Il fait partie d'une œuvre thioise contemporaine de Charlemagne. C'est une traduction des psaumes faite vers 800. Une partie seulement de cette relique littéraire, si précieuse pour les Pays-Bas,

est parvenue jusqu'à nous. Juste-Lipse en a eu connaissance, et il en fait mention dans une lettre du 14 janvier 1599, adressée à son ami Schott, à Anvers ; mais ce n'est que dans ces derniers temps que l'intéressant ouvrage a été publié en Allemagne (4). L'échantillon que nous citons fait partie du psaume 56:

Ginathi mi, Got, ginathi mi. Wanda an thi gitruot sila min.

In an scado fitheraco (thinro sal ik gitruon untis farliet (2) unreht.

Ruopan sal ic te Gode hoista, Got thia wala dida mi.

Sanda fan himele in genereda (3) mi. Gaf an bismere (4) te tradon mi.

Sanda Got ginatha sina in warheit sina. In genereda sila mina fan mitton welpo leono.

Slip ik gedruövit. Kint manno tende iro gewepene in sceifte. In tunga iro suert scarp.

Begenadig my, God, begenadig my; want op u vertrouwt myne ziel.

En in de schaduw uwer vederen zal ik vertrouwen tot dat het onrecht voorbygaet.

Roepen zal ik tot God den hoogsten, God die my wel deed.

Hy zond van den hemel, en verloste my. Hy gaf aen den smaed over, die my vertraden.

God zond zyne genade en zyne waerheid, en hy verloste myne ziel van het midden der leeuwen welpen.

Ik sliep ongerust. Kinderen der menschen, hunne tanden (waren) wapenen en schichten, en hunne tong een scherp swaerd.

Au jugement des auteurs les plus compétents, les nederd. psalmen portent un caractère tout particulier de nederlandsch, et cette opinion serait difficilement contestable. En effet, dans le fragment que nous reproduisons, tous les mots s'expliquent et se rendent par autant de mots du vocabulaire flamand moderne. Ik, gaf, slip, et

(1) Niederdeutsche Psalmen aus der Karolinger Zeit, herausgegeben durch von der Hagen. Breslau, 1816, in-4o.

(2) Farliet, imparfait du vieux verbe lidan, lyden, passer, dont nous avons conservé overlyden, trépasser, et verleden, voorleden, passé, écoulé. (3) Genereda, imparfait de generan, paraît appartenir à la même famille que notre generen (zich), s'aider, vivre de, et que nering, trafic, chalandise. Dans le haut-allemand on a nähren et dans l'islandais nära, nourrir, (4) Bismere est très probablement la même racine que besmeuren, tacher, salir. Le mot ici est employé dans le sens figuré.

beaucoup d'autres vocables sont non-seulement flamands pour le sens, mais ils ont en outre une forme foncièrement flamande. Pour traduire tout littéralement, il ne nous a fallu que transposer quelques adjectifs et quelques pronoms. Puis, il y a là des tournures qu'on retrouve encore aujourd'hui dans notre langage familier: kint manno tende iro, de kinderen der menschen hunne tanden, au lieu de: de tanden van de kinderen der menschen.

Cette langue flamande du huitième siècle est remarquablement belle. Nous avons à lui envier surtout son harmonieuse douceur, puis la richesse de ses inflexions et de ses formes grammaticales. Sous ce double rapport, elle excite l'étonnement et l'admiration. Sa grammaire paraît approcher de la perfection des langues classiques. Ensuite, quelle abondance et quel heureux emploi de voyelles les plus agréables, les plus pures résonnent à la fin de presque tous les mots, a, o, i. Got thia wala dida mi; in genereda sila mina fan mitton welpo leono, n'est-ce pas là une délicieuse musique?

Vraiment, si le flamand, dans sa culture ultérieure, avait conservé ces précieuses qualités; si, aux riches développements de dérivation qu'il a reçus depuis, il avait uni le trésor de son ancienne harmonie et les avantages de ses premières ressources grammaticales, nous serions aujourd'hui en possession de la langue la plus belle et la plus parfaite de l'Europe et peut-être du monde.

Malheureusement il n'en fut pas ainsi. Cependant les pertes que fit la langue sous le rapport de la douceur et de la perfection grammaticale ne furent sensibles que beaucoup plus tard. Au treizième siècle, époque de sa première illustration littéraire, elle gardait une grande partie de ses beautés originelles. Elle était surtout bien harmonieuse encore.

On en jugera par les morceaux que nous allons faire suivre.
Voici d'abord un passage de l'Ysopet (fables d'Esope):

(Juno aen den pauw).

Du best scone, die swaluwe snel,
Die nachtegale singet wel,

Die duve es sempel, die aren sterc,
Die vledermuus en doet geen werc,
Sonder (uitgenomen) dat și vlieget uut

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