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CHAPITRE IX.

Des langues scandinaves.

Leurs rapports avec

le flamand et l'anglais.

Gentis cunabula nostræ.

Virgile, Enéide, L. III.
Berceau de notre nation.

Une tribu asiatique, sous la conduite d'Odin, envahit, dans des temps reculés, le Danemark, la Suède et la Norvège, et y introduisit une langue de souche teutonique, après avoir détruit ou expulsé la population aborigène, dont les débris paraissent s'être perpétués dans les Lappons, qui, par leur idiome, se rattachent à la race finnoise.

Il est certain qu'autrefois et pendant longtemps dans les trois royaumes de la Scandinavie, on n'a parlé qu'une seule langue, appelée tantôt langue danoise, (danska tunga), tantôt langue du Nord ou norvégienne (norræna tunga, norrænt mal), et qu'on peut désigner, comme on désigne encore globalement les rameaux qui en sont issus, par le nom générique de langue scandinave.

L'histoire de cette langue est celle de toutes les autres langues d'origine germanique : dans son état ancien, elle offre une richesse de flexions et de formes grammaticales que plus tard elle perd successivement, et que la culture littéraire des temps plus modernes ne parvient à lui restituer qu'en partie. Cependant pour le scandinave il y a cette restriction à apporter à notre remarque, que dans l'une de ses branches, l'islandais, il a gardé sa pureté et sa structure primitives.

On sait que cette plus grande conservation de l'idiome antique est due à des circonstances historiques exceptionnelles. L'Islande, longtemps inconnue aux peuples de l'Europe et même aux Scan

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dinaves, fut découverte par hasard en 864, la tempête y jeta un pirate norvégien. C'était le temps où Harold Haarfager (1) avait réuni sous son sceptre de fer toute la Norvège, en subjugant, l'un après l'autre, les petits princes ses voisins. L'usurpation de Harold fit naturellement beaucoup de mécontents parmi les classes élevées. Ils émigrèrent en foule: ils préférèrent au séjour de la terre natale asservie le refuge de l'île des Glaces (Ysland), dont l'existence venait de leur être révélée, et où du moins ils pouvaient vivre libres et indépendants. L'ancienne langue, importée en Islande, y fleurit donc isolée, comme ceux qui la parlaient, du reste du monde, et conservant sa beauté native. «Elle avait été transplantée dans cette nouvelle terre, dit M. Marmier (2), par une colonie de familles nobles qui la parlaient avec une sorte d'élégance, et qui crai-gnaient de l'altérer. C'est ainsi qu'elle rejeta tout alliage étranger, toute locution nouvelle. C'était en Norvège la langue de tout le monde, ce fut en Islande une langue choisie et épurée. »

L'islandais est donc la langue scandinave de l'antiquité. Plus loin nous y reviendrons plus spécialement. Les autres branches issues du vieux tronc sont le danois, le suédois et le norvégien. Ces trois idiomes ont commencé à diverger de la langue ancienne après la mort de Ragnar Lodbrok, alors que le Danemark, la Suède et la Norvège se séparèrent pour former des états indépendants.

Le danois et le suédois ne se sont pas assez éloignés l'un de l'autre pour être considérés comme deux langues différentes; au fond, ce ne sont que deux grands dialectes d'une même langue. Quant au norvégien, il ne se distingue par quelques caractères particuliers que comme dialecte populaire : la langue littéraire de la Norvège est identiquement la même que celle du Danemark. On peut donc dire que le norvégien est au danois comme le flamand est au Hollandais. A cause de cette ressemblance extrême, nous ne traiterons pas du norvégien d'une manière spéciale.

Les langues scandinaves se rapprochent par le fond de leur vocabulaire et surtout par la forme de leurs mots beaucoup plus de la branche du nederduitsch que de celle du haut-allemand. Elles

(4) Haarfager, aux beaux cheveux, de haar, cheveux, et fager, beau, d'où les Anglais ont formé fair et les Flamands, fraei.

(2) Lettres sur le Nord et sur l'Islande. Tome II, lettre X, p. 295. Bruxelles, Gregoir, Wouters et Co, 1844.

se séparent de l'une et de l'autre par quelques-unes de leurs formes grammaticales.

C'est de ces ressemblances et de ces différences que nous allons avoir à nous occuper. Nous parlerons d'abord du danois et du suédois; mais, pour ne pas tomber dans des redites, nous prendrons pour type le dialecte danois, sauf à signaler en note les dissemblances peu nombreuses qui se rencontrent dans l'autre idiome. Les lettres de l'alphabet danois ont en général la même valeur phonique que celle de l'alphabet flamand. Voici les seules différences qui méritent d'être notées :

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OE (o barré), se prononce comme eu dans peu.

ö, comme eu dans peuvent.

Aa (a surmonté d'un petit o), vaut o long. Nous l'indiquerons par ô.

Il n'y a point de diphthongues en danois.

Notre w y est remplacé par v; dans plusieurs mots cette consonne a disparu : ord, mot, woord; ulf, loup, wolf.

Les sons gutturaux sont étrangers au danois: g se prononce ghe (g français dur), ch est inconnu, et sch devient sk: skib, navire, schip.

Souvent, comme on pourra le remarquer, k, et p flamands sont respectivement remplacés par g et b, surtout entre deux voyelles et à la fin des mots (1).

Nous ne formerons pas de listes de mots similaires; si nous voulions les donner tous, nous devrions transcrire les vocabulaires danois et suédois presqu'en entier. Les racines tout-à-fait étrangères au flamand ne dépassent pas la centaine.

Nous nous bornerons à examiner l'analogie qu'offrent avec le flamand les particules qui concourent à la formation des mots dérivés (préfixes et suffixes).

Les principaux préfixes qui offrent de l'analogie dans les deux langues, sont les suivants :

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Begreb, notion, conception, begryp; beklager, plaindre, déplorer, beklagen; ubevist, non prouvé, onbewezen.

(1) Ceci a plus rarement lieu dans le suédois.

Le danois a aussi bi, correspondant à notre by; mais bi en danois est un véritable préfixe, et ne s'emploie isolément que dans quelques phrases empruntées à d'autres langues teutoniques. — Bistand, assistance, bystand; bidrager, contribuer, bydragen.

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Forgiver, empoisonner, vergeven; forgylding, action de dorer, vergulding; forandring, changement, verandering.

For est aussi préposition en danois, dans le sens de voor, devant, avant; dans ce cas il prend l'accent tonique: ainsi dans forklæder tabliers, voorschooten, l'accent tombe sur for, dans forklæder, déguiser, c'est la syllabe klæ qui le reçoit.

Er. Er, her.

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Erkjender, reconnaître, erkennen, herkennen erindring, souvenir, erinnering, herinnering.

An. Aen.

Ansigt, visage, aenzigt; at angribe, attaquer, aengrypen. An, n'est préposition en danois que dans les cas peu fréquents où bi le devient.

Sam. Samen, zamen.

Samklang, harmonie, zamenklank, (zamenstemming); Samvirkning, coopération, zamenwerking (1).

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Udyd, vice, ondeugd; uagtsom, négligent, onachtzaem; ubemidlet, pauvre, onbemiddeld; uovervindelig, invincible, onoverwinnelyk (2).

Und. - Ont.

Undskyldning, excuse, verontschuldiging.

L'emploi de ce préfixe en danois, ainsi qu'en suédois, est moins fréquent qu'en flamand.

(1) Tous les préfixes que nous venons d'énumérer existent aussien suédois, et cela dans la même forme; seulement for s'écrit fær, quand il est préfixe. et fœre quand il est préposition. Ceci offre une parfaite analogie avec l'anglais, for, fore.

(2) Le préfixe négatif u a pour analogue o en suédois.

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At misunde, envier, misgunnen; misgreb, méprise, misgreep; at misbruge, mésuser, misbruiken.

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Vanskabning, monstre, wanschepsel; vantro, méfiant, défiant, wantrouwig (1).

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Vederfaras, arriver, wedervaren; at vederqvæge, contredire, wederspreken.

Parmi les suffixes correspondants nous citerons ceux qui suivent :

Er. Er.

Læser, lecteur, liseur, lezer; viser, aiguille d'une montre, wyser; ridder, chevalier, ridder.

Parfois le danois emploie ner, au lieu de er: p. ex. kunstner, artiste, kunstenaer (2).

Mager.Maker.

Skomager, cordonnier, schoenmaker; urmager, horloger, uerwerkmaker.

Mager, emprunté à l'allemand macher ou au nederduitsch maker, n'est qu'un suffixe en danois, où jamais il n'est employé seul.

Ing.-Ing.

Land, débarquement, landing; handling, action, maniement, handeling; forandring, changement, verandering.

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Lærling, disciple, leerling; yngling, jeune homme, jongeling. Le danois remplace souvent par ning, le ing ou ling du flamand :

(1) En suédois on dit aussi van, et mis s'écrit miss.

(2) A er correspond en suédois are (Isl. ari): læsare, riddare, spelare, joueur, speler (dans ces terminaisons a est bref). Cela se rapproche de la terminaison flamande aer (quelquefois are); cela rappelle aussi la prononciation populaire de la Flandre : lezere, riddere, speeldere, prononciation qui paraît êtreaussi la plus ancienne.

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