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Les limites de l'Afrique Proconsulaire et de la

Byzacène.

Par René Cagnat.

Tous ceux qui se sont occupés de la géographie de l'Afrique ancienne ou de ses divisions religieuses après Dioclétien ont été amenés à étudier la ligne de démarcation qui séparait l'Afrique Proconsulaire, autrement dit la Zeugitane, de la Byzacène. Tous ont été obligés de procéder de même: ils ont recueilli dans les ouvrages ecclésiastiques les noms des évêchés relevant de chacune de ces deux provinces et ont essayé ensuite, en se servant des identifications connues, de se faire une idée exacte du tracé de la frontière. Or, si les listes d'ethniques, fournies par les conciles ou les documents analogues n'ont pas changé depuis HARDOUIN, le nombre des identifications s'est considérablement accru, grâce aux inscriptions que le sol de la Tunisie nous a rendues depuis vingt ans. Sur la carte qui accompagne le VIII volume du Corpus, la ligne séparative de la Byzacène et de la Proconsulaire, partant d'Horrea Caelia, gagne en ligne droite Mactaris. SCHMIDT en classant les inscriptions pour le supplément de ce volume, s'est aperçu qu'il fallait en modifier la direction et l'a remontée sensiblement vers le nord.1) A la même époque Tissor écrivait dans sa Géographie comparée: »la frontière suivait à peu près, entre Assuras et le littoral l'Hamada des Oulad-Aoun, le Djebel-Barkou, et la série des hauteurs qui marquent, au nord de la plaine de Kairouan, la limite des hauts plateaux et des basses-terres. «2) Enfin M. DESSAU, le dernier, au cours de l'article qu'il a consacré à la Byzacène dans la nouvelle édition de PAULY) a fixé, en ses points essentiels, le tracé de la frontière, mais sans entrer dans le détail, sans examiner les petites difficultés de la question.*) Il

1) CIL., VIII, Suppl., p. 1164.

2) Géogr. comp. de la Province d'Afrique, II, p. 46.

3) Realencyclopädie, III, col. 1115, 56 et suiv.

4) Je ne parle pas ici des livres de Mgr ToULOTTE. La carte qu'il a jointe à son premier volume: Géographie de l'Afrique Chrétienne, Proconsulaire, montre clairement qu'il ne s'est pas occupé de résoudre la question par des recherches personnelles: ce n'était pas là le but de son travail.

est pourtant nécessaire que l'état actuel de nos connaissances à cet égard soit nettement indiqué, sans attendre que l'avenir vienne préciser les points douteux en nous fournissant de nouveaux documents épigraphiques. La base de toute étude sur l'étendue de la Proconsulaire et de la Byzacène après Dioclétien et surtout pendant les siècles suivants est la suite des Actes des Conciles. On y trouve l'énumération des évêques qui ont pris part aux différentes assemblées avec le nom de l'évêché dont chacun d'eux était titulaire. Mais, dans la plupart de ces actes, on n'a pas pris la peine d'indiquer à quelle province chaque évêché appartenait; ceux qui ont voulu s'en servir néanmoins, ont dû, pour opérer eux-mêmes cette distinction, procéder par conjecture, réunissant dans la même province des évêchés qui étaient cités l'un à côté de l'autre dans le procès-verbal des séances: méthode extrêmement téméraire et qui ne peut conduire à aucun résultat précis, l'ordre dans lequel les évêques étaient appelés pouvant être établi en dehors des préoccupations géographiques, par exemple en tenant compte de la hiérarchie ecclésiastique. Il suffit, d'ailleurs, de jeter les yeux sur les listes dressées de la sorte pour s'en apercevoir.') Le résultat de cette méthode a été ce qu'il devait être: on a attribué à la Proconsulaire des évêchés de Byzacène et réciproquement.2) Il faut se résoudre a faire une sélection: les actes des Conciles de 255, 314, 348, 411, 416) n'établissent aucune distinction entre les deux provinces; il convient de les négliger de parti pris et de ne retenir que les actes de 419, ceux de 525, la Notitia provinciarum et civitatum Africae (liste des évêques exilés en 482 par ordre du roi Huneric) et la liste des évêques de Proconsulaire et de Byzacène qui prirent part au Concile de Latran de 649. Si l'on ajoute à ces renseignements quelques données fournies par les inscriptions, on arrivera aux résultats que je vais exposer.

La liste de 4194) est très courte; elle contient dix noms pour la Proconsulaire parmi lesquels nous en avons identifié cinq: Neapolis, Carpi, Sicilibba, Abbir (peut-être Abbir Cellae) et Utica.

Les quatre villes de Byzacène mentionnées nous sont connues:
Aquae regiae, Sufetula, Sufes, Horrea Caelia.

1) Ainsi, dans les Gesta collationis Carthaginiensis de 411, les évêques appelés per ordinem sont ceux des villes suivantes: Maxulensis (Proc.), Zummensis?, Taborensis?, Macomadiensis (Num.), Libertinensis?, Vesceritanae (Num.), Tunusudensis (Proc.), Assuritanae (id.), Tenitanae (Byz.), Tigiensis (id.), Tusuritanae (id.), Germaniensis (Num.?), Matharensis (id.), Bositanae?, Ruspitensis (Byz.) . . . . Tubiniensis (Num.), Novasinensis (id.), Cuiculitanae (id.) .. Teleptensis (Byz.) . . . . Bladiensis (Num.?) etc.

(HARDOUIN, Act. concil., I, p. 1043).

2) Voir par exemple la liste des évêchés dans la Patrologie de MIGNE (XI, p 843). Parmi les villes de la Proconsulaire figure Abthugni (= Aptungi) qui était assurément

en Byzacène.

3) HARDOUIN, Acta conciliorum, I, p. 169, 260, 685, 1043, 2013.
4) HARDOUIN, Acta conciliorum, I, p. 1241.

Il n'y a rien de plus à tirer des actes du synode de 525.1) Les évêchés cités par la Notitia de 4822) sont beaucoup plus nombreux; je ne rapporterai ici que les villes dont nous pouvons établir la situation sur le terrain:

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J'ai indiqué sur la carte jointe à cet article la position d'un certain nombre de ces ethniques, surtout ceux qui sont situés dans la région frontière. Enfin, dans les actes du Concile de Latran,5) on trouve à côté de certaines églises qui figurent déjà dans les listes précédentes,") un certain nombre de noms nouveaux:

1) HARDOUIN, Acta conciliorum, II, p. 1072.

2) Monum. Germaniae historica; auctores antiquissimi, t. III, p. 63 et suiv. 3) 25 Uzitensis. Il ne peut pas s'agir de la ville voisine de Monastir nommée Uzita (TISSOT, Géogr., II, p. 564). Celle-ci est évidemment en Byzacène.

4) Var. Tagarensis (Thagari?, Aïn-Tlit).

5) HARDOUIN, Act. conc., III, p. 749 (Proconsulaire) et 738 (Byzacène).

6) Proconsulaire: Hippo Diarrhytus, Carpi, Abbir, Neapolis, Althiburus, Clupea, Utica, Curubi. Byzacène: Thiges, Leptis, Thelepte, Vicus Haterianus, Ruspae, Achulla.

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Parmi ces différents noms il suffit de choisir ceux dont la situation peut aider à déterminer la ligne de partage des deux provinces. Ce sont, pour la Proconsulaire, Puppu, Semta, Aradi, Assuras, Althiburus, Tituli; pour la Byzacène Segermes, Vicus Haterianus, Limisa, Mactaris, Mididi, Cillium et Thelepte.

Puppu est représenté par les ruines de Souk-el-Abiod, un peu au dessous de la ville d'Hamamet.") Trois inscriptions nouvellement découvertes en font foi:

Ann. épigr., 1894, 115: Caelio Severo.... patrono colonia) Puppit(anorum).

Ibid., 1899, 123. . Imp. Caes. Liciniano Licinio col(onia) Aurelia Commoda P. F. Aug(usta) Pupput(anorum).

Ibid., 1900, 36.... maxi[mo . . .] principi co[l(onia) Aurelia Commoda Pia Felix [Augusta Pupput(anorum).

Semta3) se retrouve encore sous la forme Dzemda dans le nom d'une ruine voisine de l'Oued-Melian; on y a trouvé deux pierres où se lit le nom ancien.

p[u]b.

Ann. épigr., 1894, 58: [M.] Flavio Valerio Constantio... Semte[nses]

Ibid., 59: Ulpiae Severinae.... m[unicip. Alug. Sem[ta]. Aradus ou Aradi s'est conservé dans le nom moderne Bou-Arada.') Assuras est connu depuis longtemps; c'est la ruine nommée Zanfour.")

Althiburus correspond aux ruines de Medeina.)

1) Var. Trisipensis.

2) Carte arch. de la Tunisie, Hamamet, no 11.

3) Carte arch. de la Tunisie, Djebel Fkirine, no 9.

4) TISSOT, Géogr. comp., II, p. 596; PAULY-WISSOWA, Realencyclopädie, II, p. 372, 54.

5) Tissoт, op. cit., p. 568, 619.

6) Tissoт, op. cit., p. 455, 567.

Quant à Tituli, l'ethnique figure sur une inscription recueillie à Henchir-Mahdjouba, entre la Kalaât-es-Senam et le Djebel-Slâta, non loin de la frontière algérienne:

Ann. épigr., 1898, 47: Neptuno Aug. sacr. seniores et plebs Titulan(i).

Pour la Byzacène, Segermes est Henchir-Harat,1) ainsi que le prouvent plusieurs inscriptions découvertes dans cette ruine.

Vicus Haterianus se nomme de nos jours Henchir-Zenngrou. C'est là qu'a été copiée la dédicace suivante:

Ann. épigr., 1894, 63: Imp. Caes... Trajano Hadriano Aug. . . . cives romani qui Vico Hateriano morantur.2)

Limisa subsiste dans l'ethnique Lemsa donné à une source qui jaillit près d'un beau fort byzantin, dans la vallée de l'Oued-Mergel-Lil.3)

Mactaris est Maktar,') et Mididi se place à Henchir-Midid.5)

On peut encore compléter ces quelques renseignements par certains documents épigraphiques ou littéraires.

Il est évident que les villes où l'on trouve la mention du proconsul, soit pour dater l'inscription (proconsulatu illius), soit pour indiquer qu'il a autorisé une construction, faisaient partie de sa province administrative après Dioclétien, tandis que celles où l'on rencontre la mention du praeses de Byzacène appartiennent à cette dernière province. Or ce magistrat est nommé sur une inscription de Henchir-Battaria") (Bija)7) et sur une inscription de Ksour-Abd-el Melek (Uzappa).")

Remarquons aussi que des tables de patronat célèbres placent Zama

1) Ibid., p. 558; Carte arch. de la Tunisie, Bou-Ficha, no 105.

2) Dans les courtes réflexions dont j'ai fait suivre le texte de l'inscription (Bull. arch. du Comité, 1894, p. 236) j'ai avancé que le Vicus Haterianus, malgré le témoignage des listes épiscopales appartenait sans doute à la Proconsulaire et non à la Byzacène ; il semble, en effet, sur la carte, placé en dehors des limites de cette dernière province, en supposant que celles-ci aient suivi une ligne quelque peu régulière. Je pense aujourd'hui que, à raisonner sainement, il vaut mieux ne pas révoquer en doute l'autorité des documents ecclésiastiques sur ce point, d'autant plus que deux fois ils affirment la chose, et admettre une irréguralité apparente et assez singulière dans le tracé de la ligne séparative.

3) TISSOT, Géogr. comp., II, p. 580.

4) Ibid., p. 620.

5) Ibid., p. 619.

6) CIL., VIII, 11184. . . . . dedicavit] Victorinus vir clarissimus consularis provinciae Valeriae Byzacenae). Ces derniers mots sont une restitution, mais une restitution certaine; il ne peut être question d'un proconsul.

7) Carte arch. de la Tunisie, Enfida, no 12.

8) CIL., VIII, 11932 .... judicanteque] Q. Avidio Felicio consulari provinc. Biz.

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