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d'élection.) C'est ce que ni le récit ni la lettre n'indiquent assez nettement. Notons en outre que l'accusation d'hypocrisie est plus explicite dans le récit que dans la lettre. Mais, en somme. sur ce point aussi nous les trouvons d'accord.

II.

Je n'ai considéré jusqu'ici le passage où Tacite raconte en détail l'avènement de Vitellius que dans ses rapports avec celui où il résume la lettre de Pompeius Propinquus. Mais, ce faisant. je me suis déjà trop occupé du premier pour ne pas concevoir le désir d'en reprendre et parachever l'étude. L'élément essentiel de cet examen critique sera une comparaison suivie avec les passages correspondants. qui m'ont fourni plus haut quelques rapprochements, de nos autres témoins. 2) et surtout de Plutarque. Il en ressortira d'abord avec évidence que, si la narration de Tacite a parfois besoin d'être rectifiée ou complétée, elle est pourtant bien supérieure aux autres, et ensuite, je crois, que Tacite et Plutarque ont puisé à la même source. 3)

Tacite raconte seul ce qui se passa le 1er janvier 69 dans les camps de la province inférieure, la prestation du serment: ,,Inferioris tamen Germaniae legiones sollemni kalendarum Ianuariarum sacramento pro

1) M. G. Boissier (our. cité, p. 152), faisant allusion à ce serment, prête aux insurgés une arrière pensée tout autre: „C'est à peine si, quelquefois, quand une émeute subite éclate dans les légions, les révoltés, qui n'ont pas pris le temps de se concerter ensemble, se couvrent du nom du peuple et du sénat et prétendent travailler pour eux, en attendant qu'ils trouvent un empereur. L'empereur choisi il n'est plus question du sénat et du peuple". Mais s'agit-il ici d'une émeute subite et les révoltés n'ont-ils pas eu le temps de se concerter?

2) Plut., Galb., 22; Suét., Galb., 16 et Vit., 8. Il n'y a rien à tirer de Dion, 64, 4 (Xiphilin): cette narration brève et confuse attribue à l'armée supérieure (οἱ ἐν ταῖς Γερμανίαις, οὓς εἶχε Ρούφος ... τῆς ἐπιθυμίας σφῶν ἁμαρτόντες ἐπὶ τοῦ Povyov... Eroinsar tovto), au lieu de son rôle réel, celui de l'armée inferieure: προστησάμενοι γὰρ Αὖλον. Οὐιτέλλιον τῆς κάτω Γερμανίας ἄρχοντα ἐπανέστησαν . . .; Ou, pour mieux dire, elle prête aux deux armées confondues le rôle de la seconde. 3) Si j'avais à refaire en son entier le parallèle de Plutarque et de Tacite, que j'ai fait, il y a onze ans (Les sources de Tacite, p. 1–129), je modifierais beaucoup de détails, surtout je serrerais de plus près la comparaison. Mais je ne changerais rien à la conclusion. Ayant pris connaissance de tous les travaux postérieurs au mien et longuement réfléchi sur cette question essentielle, je reste convaincu que le Galba et l'Othon de Plutarque, le 1er livre des Histoires de Tacite et la fere moitié du 2o sont deux dérivations indépendantes d'une même source. Voir la bibliographie de ces travaux dans Borenius, p. III et suiv. En ce qui concerne spécialement les deux narrations dont nous nous occupons ici, Borenius, p. 25 et suiv., soutient que Tacite a été la source principale de Plutarque, Ed. Groag (Zur Kritik von Tacitus Quellen in den Historien, dans Jahrb. f. Philol., 23ter Suppl., p. 746 et suiv.) qu'il y a une source commune, source principale de Plutarque et secondaire de Tacite.

Galba adactae", l'attitude et les sentiments des officiers:,,multa cunctatione et raris primorum ordinum1) vocibus, ceteri silentio proximi cuiusque audaciam exspectantes . .", l'attitude et les sentiments des troupes: Sed ipsis legionibus inerat diversitas animorum: primani quintanique turbidi adeo, ut quidam saxa in Galbae imagines iecerint; ̄quinta decima ac sexta decima legiones nihil ultra fremitum et minas ausae initium erumpendi circumspectabant". La scène est décrite avec toute l'abondance désirable. On souhaiterait que le lieu en fût précisé ou, pour mieux dire, qu'avec les numéros des légions fussent indiquées leurs garnisons, Bonna, Vetera, Novaesium; 2) nous verrions ainsi qu'en réalité il y eut, non pas une scène unique, mais plusieurs scènes. On regrette surtout que, par la faute de la construction grammaticale, la distinction faite entre les officiers et les troupes n'apparaisse pas de prime-abord assez nettement, 3) le premier terme, sous la forme de l'ablatif absolu multa cunctatione et raris primorum ordinum vocibus et de l'apposition ceteri... exspectantes, se rattachant à la proposition legiones . . . adactae, tandis qu'une phrase indépendante devrait lui être consacrée comme au second. Au surplus, Tacite a eu grandement raison de ne pas omettre un épisode fort intéressant au point de vue psychologique, car nous y voyons les dernières hésitations des rebelles à faire le pas décisif, chacun attendant qu'un autre prenne l'initiative,,,insita mortalibus natura, propere sequi, quae piget incohare; ... initium erumpendi circumspectabant“. Mais on conçoit que même Plutarque, dont la narration est de beaucoup la plus détaillée après celle de Tacite, ait négligé cet épisode: au prix de ce qui se passa le même jour dans la province supérieure, la prestation du serment par les légions de la province inférieure n'avait qu'un faible intérêt historique; elle n'eut aucune influence sur le cours des évènements.

Le signal de la rébellion ouverte contre Galba vint en effet de l'autre. armée. Primi obsequium rumpere ausi kalendis Ianuariis adigi sacramento nisi in nomen senatus recusarunt", dit Suétone.) Mais la scène n'est racontée en détail que par Tacite et Plutarque, dont les versions demandent à être comparées de très près. Dans Plutarque, avons-nous

1) Primi ordines signifie ici, non pas, comme souvent chez César, centuriones primorum ordinum (Heraeus, Gantrelle, Goelzer, Valmaggi), mais les premiers rangs de l'assemblée (Prammer, Wolff), c'est à dire les officiers. Comp. I, 18 (accueil fait par les prétoriens à la harangue de Galba): „Tribuni tamen centurionesque et proximi militum grata auditu respondent; per ceteros maestitia ac silentium". - Person paraphrase très bien: „Il y avait eu toutefois beaucoup d'hésitation et les premiers rangs seuls . . . avaient poussé quelques acclamations isolées". J'aime mieux pourtant rattacher multa cunctatione à primorum ordinum.

2) Voir IV, 25, 26, 35.

3) Nul commentateur, à ma connaissance, ne l'a vue ou signalée.
4) Galb., 16.

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déjà vu, la désignation des révoltés est inexacte, comme dans le résumé de la lettre de Pompeius: il met en cause les soldats de Flaccus, c'est à dire toute l'armée supérieure. Tacite dit ici, avec plus de précision: ,,At in superiore exercitu quarta et duetvicensima legiones . . ."; il ajoute qu'elles tenaient garnison ensemble, „isdem hibernis tendentes“, mais sans nommer le lieu de leur garnison, Mogontiacum, détail qui n'était pourtant pas insignifiant. Plutarque dira plus loin que le théâtre de cette révolte. se trouvait à une journée du quartier-général de Vitellius, c'est à dire, d'après Tacite. de Colonia Agrippinensis. La date de la révolte est donnée par les trois témoins, kalendis Ianuariis (Suétone). ipso kalendarum Ianuariarum die (Tacite), ἐπῆλθεν ἡ νουμηνία τοῦ πρώτου μηνός, ἣν καλάνδας Ιανουαρίας καλοῦσι (Plutarque). Celui-ci dit seul formellement qu'elle éclata dans l'assemblée convoquée par Flaccus pour la prestation normale du serment: τοῦ δὲ Φλάκκου συναγαγόντος αὐτοὺς ἐπὶ τὸν ὅρκον, ὃν ἔθος ἐστὶν ὀμνύειν ὑπὲρ τοῦ αὐτοκράτορος. Tacite se borne à constater la présence du légat, spectator flagitii Hordeonius Flaccus consularis legatus aderat Quant au motif de l'assemblée, il n'avait pas besoin de l'indiquer ici, l'ayant indiqué un peu plus haut pour l'armée inférieure par les mots sollemni kalendarum Ianuariarum sacramento. Comme il allait de soi que la convocation de l'assemblée militaire ressortissait à Flaccus, dans cette partie du récit de Plutarque rien ne dénote son indépendance par rapport à Tacite; la ressemblance littérale de tov boxov, ov Jos éouv óμvýsuv avec sollemni . . . sacramento ferait plutôt croire à sa dépendance. Il allait de soi également que les rebelles s'étaient approchés du tribunal pour commettre leurs violences contre les images impériales: le détail oσóvies n'a donc aucune valeur significative dans τὰς μὲν εἰκόνας τοῦ Γάλβα προσελθόντες ἀνέτρεψαν καὶ κατέσπασαν, ensemble qui correspond à „dirumpunt imagines Galbae". L'acte de violence est exprimé par deux verbes dans le texte grec. dans le texte latin par un seul qui équivaut au second. Mais Plutarque aurait pu aisément ajouter le premier de lui-même, s'il avait eu Tacite pour source: il aurait pu aussi en trouver l'équivalent dans l'autre endroit du texte. latin où le fait est mentionné, dans le message du porte-aigle, où on lit "proiectis Galbae imaginibus". Tacite note seul qu'au moment de la destruction des images l'attitude de tous les mutins ne fut pas d'abord exactement la même: .. dirumpunt imagines Galbae, quarta legio promptius, duetvicensima cunctanter, mox consensu“. Puis vient la prestation du nouveau serment, in nomen senatus (Suétone), væèo̟ ovyzkítov xaì δήμου ̔Ρωμαίων (Plutarque). La formule grecque se retrouve en latin dans le message du porte-aigle: „in senatus ac populi Romani verba“; la ressemblance est moins grande avec la partie correspondante du récit. parceque Tacite a voulu, non y transcrire, mais y commenter le serment: „Ac ne reverentiam imperii exuere viderentur, senatus populique Romani

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oblitterata iam nomina sacramento advocabant". Nous avons déjà dit tout ce qu'il y avait à dire sur ce commentaire.1) Plutarque, ayant raconté de la sédition l'essentiel, la destruction des images de Galba et la prestation du nouveau serment, s'arrête et annonce la fin de l'assemblée : ὀμόσαντες . . . διελύθησαν. Dans la narration correspondante de Tacite, dont l'ordonnance n'est pas chronologique, il y a d'abord tout cet essentiel, mais on y trouve ensuite des renseignements abondants et précis sur le rôle des officiers supérieurs, „nullo legatorum tribunorumve pro Galba nitente, quibusdam, ut in tumultu, notabilius2) turbantibus. Non tamen quisquam in modum contionis aut suggestu locutus. . ."; en particulier sur celui du légat consulaire: „Spectator flagitii Hordeonius Flaccus consularis legatus aderat, non compescere ruentes, non retinere dubios, non cohortari bonos ausus, sed segnis, pavidus et socordia innocens"; enfin sur l'exemple de fidélité que donnèrent quatre centurions et qui n'eut pas d'imitateurs: Quattuor centuriones duetvicensimae legionis, Nonius Receptus, Donatius Valens, Romilius Marcellus, Calpurnius Repentinus, cum protegerent Galbae imagines, impetu militum abrepti vinctique. Nec cuiquam ultra fides aut memoria prioris sacramenti..." La tentative des quatre centurions eut lieu au début de la scène, au moment où leur légion hésitait encore. Tacite en a réservé la mention pour la fin, voulant et dégager les faits essentiels de cette circonstance comme des autres, et par la mention préalable de la conduite coupable ou lâche des supérieurs mieux faire valoir le noble dévouement de ces subalternes.")

Entre l'assemblée où éclata la sédition et la démarche du porte-aigle auprès de Vitellius il n'y a rien dans le récit de Tacite. Dans celui de Plutarque il y a un épisode important. L'assemblée terminée, les officiers tiennent un conciliabule. Les suites possibles de la défection les préoccupent: ils craignent qu'elle ne tourne à l'anarchie: Eira rois yεμorixois

1) En particulier, nous avons examiné alors la suite du texte de Suétone cité au début de cet alinéa: „. . . statimque legationem ad praetorianos cum mandatis destinarerunt, displicere imperatorem in Hispania factum; eligerent ipsi, quem cuncti exercitus comprobarent".

2) Après ce qui a été dit de Caecina (1, 52 et suiv.) on s'étonne de ne pas le voir jouer en cette scène le rôle prédominant. Mais peut-être la légion qu'il commandait était-elle justement celle qui ne tenait pas garnison à Mogontiacum, la XXIe.

3) La sympathie et l'admiration de Tacite se manifestent aussi en ce que, contrairement à sa coutume, il désigne par deux noms de simples centurions: „Der Historiker hält sich verpflichtet, angesichts der seltenen Beispiele von Mannszucht und Treue gegen den Kriegsherrn, die vier Hauptleute mit Familien- und Beinamen zu verewigen“ (Wolff). Il n'aura garde d'oublier leur supplice ordonné bientôt par Vitellius: occidi iussit damnatos fidei crimine, grarissimo inter desciscentes“

(I, 59).

Λέγει δέ τις ἐν αὐτοῖς . . .

παρίστατο δεδοικέναι τὴν ἀπόστασιν ὡς ἀναρχίαν. L'un d'eux. prenant la parole, montre ce que la situation a de bizarre et propose de donner un successeur à l'empereur dont ils ne veulent plus en la personne de Vitellius. Cette proposition ne rallie pas tous les suffrages. Aucun des faits racontés ici par Plutarque n'est invraisemblable. Il n'est invraisemblable ni qu'à la réflexion les officiers ou certains d'entr eux aient conçu des inquiétudes sur le sort de la singulière démarche qui allait être essayée auprès du sénat et du peuple, aient redouté des troubles anarchiques pour le cas où se prolongerait la période pendant laquelle leurs troupes se regarderaient comme étant sans imperator; ni qu'ils aient causé de ces inquiétudes en une sorte de conseil secret: 2) ni que l'idée soit venue aux uns de résoudre immédiatement la crise par l'élection directe de Vitellius, le candidat dont tous souhaitaient et espéraient l'avènement; ni que les autres aient préféré s'en tenir à la procédure plus spécieuse adoptée dans l'assemblée et ne recourir qu'en cas de besoin absolu aux moyens pleinement révolutionnaires. Nous devons donc estimer ces faits vrais, si nous ne pouvons démontrer qu'il y a eu erreur ou fiction de Plutarque. J'ai eu tort autrefois3) de prétendre qu'il y avait fiction à cause d'une phrase du discours de l'officier: l'authenticité du discours, dont nous reparlerons tout à l'heure, et la réalité des faits sont choses bien distinctes. On a prétendu récemment1) qu'il y avait ensemble erreur et fiction, qu'une interprétation erronée et fantaisiste du passage de Tacite sur la conduite des officiers à l'assemblée. avait donné naissance à tout répisode: ainsi τοῖς ἡγεμονικοῖς παρίστατο δεδοικέναι τὴν ἀναρχίαν ὡς ἀπόστασιν serait sorti de nullo legatorum tribunorumve pro Galba nitente, quibusdam, ut in tumultu, notabilius tur

1) Je corrige par une simple transposition (on pourrait songer aussi à écrire: ὡς ἀναρχίαν τὴν ἀπόστασιν le texte vulgaire: τὴν ἀναρχίαν ὡς απόστασιν, qui n'offre pas de sens raisonnable. Borenius: Hune tumultum non solitam immodestiam, sed apertam defectionem ductoribus videri frigide scripsit Plutarchus". Frigide est indulgent! La défection n'était plus à craindre, c'était chose faite; ce qu'il fallait craindre, c'étaient les suites de la défection.

2) J'ai dit (Les sources de Tacite, p. 17) et je persiste à dire conseil secret. Dans la phrase de Plutarque, & aurois ne peut se rapporter grammaticalement qu'à Tois hytμovizois. Les raisons que m'oppose M. Groag, p. 748, sont de nulle valeur: τοῖς ἡγεμονικοῖς. rien dans le contenu du discours, que j'analyserai tout à l'heure, n'oblige à admettre la présence des soldats; et quant à l'argument tiré de non tamen quisquam in modum contionis . . . locutus“, mots que M. Groag considère comme un démenti donné par Tacite, mieux renseigné, à la source commune, qui aurait done rapporté une contio, l'original justement du discours de Plutarque, cet argument tombe avec tout le système de mon contradicteur.

3) Ibid., p. 17 et suiv. M. Groag. ibid., a raison d'affirmer contre moi que l'épisode n'est pas une fiction de Plutarque, qu'il l'avait trouvé (en substance) dans la source commune.

4) Borenius, p. 27 et suiv.

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