ภาพหน้าหนังสือ
PDF
ePub

bantibus"; l'idée du discours et la formule même qui l'introduit, λéyet dé us ev avioîs, de,,non tamen quisquam in modum contionis aut suggestu locutus", Plutarque ayant cru que Tacite mentionnait un discours tenu et n'ayant pu résister à la tentation d'inventer ce discours; enfin l'accueil fait au discours, ταῦτα τῶν μὲν ἤδη προσιεμένων, τῶν δ ̓ οὐ προσιεμένων, ne serait autre chose que l'épisode des quatre centurions avec sa conclusion quod in seditionibus accidit, unde plures erant, omnes fuere". L'auteur de cette prodigieuse explication prête à Plutarque une dose peu commune d'ignorance, d'incurie et d'ineptie; mais il lui prête aussi, par compensation, le tour de force non moins rare d'avoir, en accumulant contre-sens et sottises, construit une narration en soi parfaitement raisonnable. Reconnaissons tout simplement qu'il a trouvé la matière de cette narration ailleurs que chez Tacite. Mais il ne l'a pas trouvée dans une source secondaire et intercalée dans le récit de la source principale: l'épisode fait corps avec l'ensemble de son récit à lui; c'est au sortir de l'assemblée et à propos de ce qui s'y est passé que les officiers tiennent leur conciliabule; c'est au sortir de ce conciliabule et en partie à cause de ce qui s'y est passé que l'un d'eux, nous y insisterons bientôt, envoie un message à Vitellius. Plutarque est donc indépendant de Tacite, et les ressemblances que nous avons constatées ou que nous constaterons doivent être expliquées par la communauté de source. Ici le biographe a conservé un épisode que l'historien a eu tort de supprimer: car, si les choses essentielles s'étaient passées à l'assemblée, celles qui se passèrent dans le conciliabule ne manquaient pas en soi d'intérêt et ne furent pas sans effet sur la suite des évènements.

Quant au discours de l'officier, Plutarque l'a sans doute, selon la coutume des anciens, composé très librement. Je mettrais volontiers à son compte la première phrase: Τί πάσχομεν, ὦ συστρατιώται, μήτ' ἄλλον ἡγεμόνα ποιούμενοι μήτε τὸν νῦν ὄντα φυλάττοντες, ὥσπερ οὐ Γάλβαν, ἀλλ' ὅλως ἄρχοντα καὶ τὸ ἄρχεσθαι φεύγοντες; car elle me semble de quelqu'un qui n'avait pas bien compris le sens du serment au sénat et au peuple: or cette méprise se conçoit mieux de Plutarque. un Grec. que de la source, un Romain. 1) Le mot dédaigneux par lequel est écartée la candidature de Flaccus, Φλάκκον μὲν οὖν Ορδεώνιον οὐδὲν ἄλλο ἢ σκιὰν örra Pápa xai eidolov satéor, peut très bien être aussi de Plutarque. se souvenant et d'avoir enregistré la substitution de Flaccus à Verginius par Galba.2) et de l'avoir peint impotent, incapable et méprisé de ses subor

1) Il faut croire ou que Plutarque n'avait pas bien saisi le sens du serment, que le précédent de Verginius, raconté par lui-mème (Galb. 6 et 10), aurait dû pourtant lui rendre aisément intelligible; ou qu'il a voulu que son orateur affectât de ne pas l'avoir saisi, artifice tellement grossier que la première supposition me semble préférable de beaucoup.

2) Galb., 10.

donnés. 1) Dans les propos que Valens, chez Tacite, tient en décembre à Vitellius, il y a bien un jugement sur Flaccus: .. instigare Vitellium, ardorem militum ostentans; ipsum celebri ubique fama, nullam in Flacco Hordeonio moram, adfore Britanniam, secutura Germanorum auxilia..." Mais le contexte montre que le sens en est tout autre: l'orateur de Plutarque dit que les insurgés ne peuvent penser à faire de Flaccus un empereur; Valens dit que Flaccus ne résistera pas à l'entreprise de Vitellius, s'y ralliera tout de suite. Ce qui me porte à admettre cependant comme possible une sorte de parenté entre les deux passages, c'est la parenté évidente de la phrase qui suit dans Plutarque avec une autre phrase du discours de Valens. Ayant écarté le nom de Flaccus, l'officier ajoute: ἡμέρας δὲ μιᾶς ὁδὸν ἀφέστηκεν ἡμῶν Οὐιτέλλιος, ὁ τῆς ἑτέρας Γερμανίας ἡγούμενος, πατρός τε τιμητοῦ καὶ τρὶς ὑπάτου γενομένου καὶ Κλαυδίῳ Καίσαρι τρόπον τινὰ συνάρξαντος. Valens énumère de même les titres du père de Vitellius: „Vitellio tres patris consulatus, censuram, collegium Caesaris et imponere iampridem imperatoris dignationem et . . .“ Ces deux titulatures, dont la ressemblance est si frappante à cause surtout de leur troisième terme commun, dérivent d'une seule source. 2) Plutarque nomme seul l'empereur dont Lucins Vitellius a été le collègue; cette légère différence serait déjà un indice de son indépendance par rapport à Tacite; 3) le début de la phrase nous en fournit un autre: Plutarque donne la distance qui sépare le lieu du conciliabule et la résidence de Vitellius.4) Et la fin de la phrase grecque nous fournit une preuve certaine: avro's τε τὴν λοιδορουμένην ὑπ' ἐνίων πενίαν δεῖγμα λαμπρὸν ἔχων χρησιότητος καὶ μεγαλοφροσύνης. Tacite ne parlera que beaucoup plus tard de la

1) Galb., 18, 15 et suiv. Comp. Hist., I, 9.

2) Borenius, p. 28, insiste avec raison sur la ressemblance. La titulature de L. Vitellius est plus courte dans Suét., Vit., 7: „ter consulis“, et dans Tac., Hist.. I, 9: „censoris Vitellii ac ter consulis“. Mais elle est aussi pleine dans Suét., Vit., 2: -pater cum Claudio principe duos insuper ordinarios consulatus censuramque gessit”, et dans Hist., III. 66: cum Vitellius collega Claudio foret. Quin, ut censuram patris, ut tres consulatus. . . deceret . . ." De même que Borenius se trompe en voyant dans cette ressemblance une preuve de la dépendance de Plutarque, de même Groag a tort de n'en faire aucun cas.

3) Quoi qu'en dise Borenius. Lezius, De Plutarchi in Galba et Othone fontibus, Dorpat, 1884, p. 32, et Woelfflin, Zur Composition der Historien des Tacitus, dans Sitzungsb. d. philos.-philol. Klasse der bayer. Akad. d. Wissenschaften, München adt. 1901, p. 39, estiment à bon droit que Plutarque a ajouté тоónov uvè, parcequ'il n'a pas bien compris collegium Caesaris et a cru qu'il s'agissait de quelque autre magistrature. Mais cette erreur n'implique nullement que Plutarque ait eu le texte de Tacite lui-même sous les yeux.

4) Borenius: Hoc ipse facile colligere potuit Plutarchus." On voit, en effet, dans Tacite que le porteur des nouvelles du 1er janvier arrive à Colonia pendant la nuit du 1er au 2. Puisqu'il y avait eatre Mogontiacum et Colonia 167 k., ¿μégas más idò signitie, cela va de soi, une journée de route en poste.

pauvreté de Vitellius 1) et ne parlera jamais du reproche que certains lui en ont pu faire. Ce n'est donc point de Tacite que s'inspire Plutarque, mais il s'inspire des propos que la source commune attribuait à Valens, et il en mêle une partie au discours qu'elle prêtait à l'insurgé de Mogontiacum. La titulature de Lucius Vitellius était, chez l'auteur original de même que chez Tacite, dans le discours de Valens: il est naturel que Valens, pour stimuler l'âme indolente et lâche de Vitellius, lui rappelle avec insistance l'illustration de son père; il est beaucoup moins naturel que l'officier de Plutarque la rappelle en termes aussi précis à des camarades qui sont déjà au courant, qui, pendant les semaines précédentes, ont souvent causé entr'eux de Vitellius et se sont dit tous ses titres. D'une façon générale, cet orateur se donne trop l'air de révéler Vitellius à ses auditeurs, qui le connaissent aussi bien que lui. La conjecture ne me déplairait pas, que le développement sur la pauvreté faisait aussi partie, dans la source, du discours de Valens, où elle était présentée à Vitellius comme un élément de sa bonne renommée universelle. Le discours de l'officier y était sans doute plus bref; il pouvait se réduire à ceci en substance: La solution adoptée dans l'assemblée est mauvaise: elle amènera des complications et du désordre: il vaut bien mieux élire nous-mêmes empereur Vitellius qui réside à une journée d'ici et qui nous est sympathique à tous". La phrase finale de Plutarque: Φέρε, τοῦτον ἑλόμενοι δείξωμεν ἀνθρώποις πᾶσιν, ως Ιβήρων καὶ Λυσιτανῶν ἀμείνους ἐσμὲν αὐτοκράτορα αἱρεῖσθαι, n'en provient pas nécessairement, à part l'idée contenue dans toutov λóuevo, qui est la proposition même du discours: le reste n'est qu'une banalité oratoire, dont l'invention n'aurait pas coûté grand peine à Plutarque et à laquelle on peut comparer, par exemple, dans le Vespasien de Suétone2) cette réflexion des soldats de Mésie songeant à faire eux aussi un empereur: „Neque enim deteriores esse aut Hispaniensi exercitu, qui Galbam, aut praetoriano, qui Othonem, aut Germaniciano, qui Vitellium fecissent“.

Nous arrivons à la démarche du porte-aigle auprès de Vitellius. Tacite est muet sur les circonstances de son départ. On voit dans

1) II, 59: (Vitellius arrive à Lyon) „nullo principali paratu, sed vetere egestate conspicuus“. Comp. Suét., Vit., 7. Borenius reconnait pour ce détail l'indépendance de Plutarque. Il faut la reconnaitre ou supposer contre toute vraisemblance que le biographe a pu trouver l'idée de ce développement dans Hist., 1, 52: „Comitatem bonitatemque faventes vocabant, quod sine modo, sine iudicio donaret sua. ipsa ritia pro virtutibus interpretabantur".

2) Vesp., 6. Borenius compare cette autre réplique du même lieu commun Galb., 16: „displicere imperatorem in Hispania factum", qui se trouve dans le prélendu message des insurgés aux prétoriens. Il émet sans nécessité l'hypothèse que Suétone et Plutarque ont puisé à une source commune secondaire.

Plutarque qu'il partit en cachette, après le conciliabule, 1) quand les avis étaient encore partagés sur la conduite à tenir: Ταῦτα τῶν μὲν ἤδη προσιεμένων, τῶν δ ̓ οὐ προσιεμένων εἷς ὑπεξελθὼν σημαιόφορος απήγγειλε 19 Oviteλλíq... La démarche parait suffisamment motivée dans le récit τῷ Οὐιτελλίῳ de Tacite: tout ami de Vitellius avait sujet de penser que la nouvelle de la grave manifestation qui s'était produite à l'assemblée ne lui serait pas indifférente. Mais elle parait encore bien mieux motivée dans le récit de Plutarque: le messager va lui annoncer, non-seulement que Galba a été déposé, mais encore qu'il est question de l'élire lui-même empereur. Ayant cru devoir omettre l'épisode du conciliabule, Tacite en est venu forcément à supprimer aussi cette partie du message réel, et son porteaigle, Vitellio nuntiat quartam et duetvicensimam legiones, proiectis Galbae imaginibus, in senatus ac populi Romani verba iurasse“. Pour le surplus. sa version ou bien l'emporte en exactitude: le messager est l'aquilifer quartae legionis, il rejoint Vitellius in coloniam Agrippinensem; ou bien ne le cède pas à la version de Plutarque: le messager arrive nocte, quae kalendas Ianuarias secuta est; le Grec dit simplement vuxτós. ce qui revient au même puisque nous sommes avertis qu'il avait une seule étape à parcourir; Vitellius reçoit la nouvelle à table, epulanti Vitellio, 10 Οὐιτελλίῳ . . . ἑστιωμένων πολλῶν παρ' αὐτῷ, deux indications au fond equivalentes, car epulari est proprement banqueter.

Ici Tacite reprend l'avantage et, malgré quelques fautes, il le gardera jusqu'au bout. La nouvelle reçue, Vitellius délibère avec son entourage: il estime qu'il ne doit pas s'inquiéter du serment au sénat et au 'peuple. ,,id sacramentum inane visum"; il se résout à jouer la partie, occupari nutantem fortunam et offerri principem placuit". 2) Même si le message

1) Le porte-aigle, simple sous-officier, n'a pas assisté au conciliabule. Il est chargé de cette mission de confiance par le légat de sa légion ou un autre de ses supérieurs, qui lui procure le moyen d'aller en poste.

2) M. Groag, p. 747, croit apercevoir ici une contradiction entre Tacite et Plutarque: Nach Tacitus' Darstellung ging die Initiative zu Vitellius Erhebung von diesem selbst aus (1, 56), nach Plutarch von den Offizieren des oberrheinischen Heeres (Galb. 22); den Historien zufolge empfing Vitellius nur die Nachricht von dem Schwur, den zwei Legionen dem Senat und Volk geleistet hatten; aus dem Galba dagegen geht hervor, dass ihm auch die Kunde von seiner Nennung zugekommen sein muss“. La seconde affirmation est inexacte: Vitellius a reçu, d'après Plutarque, la nouvelle que sa candidature avait été posée, et non point qu'il avait été élu. La première confond deux choses bien distinctes: d'après Plutarque, un officier de l'armée supérieure a proposé à ses camarades d'élire Vitellius; d'après Tacite, Vitellius, renseigné sur la défection de cette armée, s'est décidé à jouer la partie. Tout cela se concilie le mieux du monde; les deux récits se complètent et ne se contredisent en quoi que ce soit. - Avec offerri il faut suppléer fortunae. Il y a ici une persounification de la fortune analogue à celle du ch. 52: „Panderet modo sinum et venienti fortunae occurreret". Vitellius s'offre comme candidat, au propre et d'abord, à ses légions de l'armée inférieure. Borenius, p. 29, admet la contradiction.

avait été réellement tel que le formule Tacite, nous concevrions sa résolution: il voit, sachant les bonnes dispositions de l'armée supérieure envers sa personne, que toutes les chances sont pour que la révolte contre Galba tourne à son profit, car les dispositions de sa propre armée ne lui sont pas douteuses. Mais nous la comprenons encore mieux, si nous le savons informé que sa candidature a déjà été posée parmi les insurgés. Ensuite il communique la nouvelle aux légions sous ses ordres, l'arrangeant à sa manière, c'est à dire grossissant le nombre des révoltés et taisant le serment au sénat et au peuple: „Missi a Vitellio ad legiones legatosque, qui descivisse a Galba superiorem exercitum nuntiarent"; il grossit les forces actuelles de l'insurrection, pour que les siens soient plus ardents à s'y rallier; il tait la solution officiellement adoptée par les insurgés, pour que les siens n'aient pas l'idée de s'en contenter. La situation, telle qu'il la présente, ne comporte pour eux que deux attitudes entre lesquelles l'hésitation n'est d'ailleurs pas possible: „Proinde aut bellandum adversus desciscentes", comme naguère les légions germaniques ont marché contre Vindex rebelle à Néron; mais alors ce seront ces mêmes légions qui s'entretueront, après avoir vaincu ensemble les Gaules et quoique toutes haïssent également Galba; „aut faciendum imperatorem", adhérer à la révolte contre Galba et, par conséquent, lui donner un successeur. Si cette solution leur agrée, le plus sûr est de ne pas chercher loin et longtemps le nouvel empereur, de prendre tout de suite celui qu'ils ont sous la main:,,Et minore discrimine sumi principem quam quaeri“. Plutarque ne parle pas de la délibération et, quant à la divulgation du message, il se borne à dire très vaguement: Τοῦ δὲ λόγου διαπεσόντος εἰς τὰ στρατεύματα.

Le message du prétendant parvint d'abord au camp de la I légion que commandait Fabius Valens, le principal instigateur de Vitellius'): ,,Proxima legionis primae hiberna erant et promptissimus e legatis Fabius Valens. Is die proximo coloniam Agrippinensem cum equitibus legionis auxiliariorumque ingressus imperatorem Vitellium consalutarit". Ce passage serait d'une précision suffisante, si Tacite avait nommé, ici ou plus haut, la garnison de la I légion, Bonna. Le passage correspondant de Plutarque a l'air d'en être une traduction par à peu près: „,... TOŒTOS Φάβιος Ουάλης, ἡγεμὼν ἑνὸς τάγματος, τῇ ὑστεραίᾳ μετὰ ἱππέων συχνών ἐλάσας αὐτοκράτορα τον Οὐιτέλλιον προσεῖπεν“. Cela revient à dire qu'en cet endroit Tacite suivi de très près la source commune. Ne l'a-t-il pas abrégée ensuite? Il ne dit mot de la façon dont Vitellius se comporta au moment où Valens et ses cavaliers le saluèrent empereur, ni des incidents qui purent marquer le reste de cette journée à Colonia. Plutarque oppose l'attitude de Vitellius ce jour-là à celle qu'il avait eue

1) Comp. I, 52.

« ก่อนหน้าดำเนินการต่อ
 »