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rieure est baissée par l'effet de dièses, de bémols ou de bécarrés, qui n'appartiennent ni au ton, ni au mode du morceau ou du passage. (FÉTIS.)

AUTHENTIQUE ( AUTHENTICUM). - On appelait ainsi un livre ecclésiastique où étaient contenus, dans l'ordre où ils devaient être chantés, les antiennes et les répons. Du Cange cite Cap. 27, Guidonis Discipl. Farfensis, où on lit: Item alleluia, audivit Herodes, et cætera sicuti capitula sunt in auEt au chap. 40: Dicant unam antiphonam per ordinem, sicut insertæ sunt in AUTHENTICO. De même au chap. 41: Responsoria decantent eo ordine, sicuti in festivitate ejus ex AUTHENTICO decantatæ suni. AUTHENTIQUES ou AUTHENTES. Les modes authentiques sont ceux qui sont formulés par les gammes suivantes :

THENTICO.

rien faire qui soit indigne de la sainteté du temps et de la Feste à laquelle on nous convie de nous préparer par ces aubades (42). Vous savez de quelle sorte fut annoncée aux Juifs la naissance du Sauveur du Monde, la joye que les Anges en témoignèrent, et les Cantiques que ces Bien-heureux Esprits firent lors retentir. Ces aubades sont des représentations et des images, quoyque grossières, de cette harmonie angélique, qui nous advertissent de joindre à leurs hymnes et à leurs applaudissemens, les transports de la joye que cette Feste nous donne.-POLIHORE. Vous feriez donc bien mieux de faire cela le matin que le soir, puisque les Anges ne célébrèrent avec cette allégresse la naissance de ce Roy de gloire que depuis le minuit. Autrement vous avez plus de sujet de leur donner le nom de serenades que celuy d'aubades. PHILOPATRIS. Dans le dessein que nous avons non seulement de représenter à nostre peuple l'harmonie des anges lors de cette Feste, mais de l'advertir par là de se preparer à une si grande solemnité, le soir que tout le monde veille encore, est beaucoup plus propre à cela que le matin; auquel temps cet advertissement seroit inutile, à cause que toute la ville se trouve lors ensevelie dans le sommeil. Cette difference pourtant ne nous oblige point, comme vous croyez, à changer le nom d'aubades en celuy de serenades; tant s'en faut pour montrer que cette harmonie est une image et une expression de celle des anges qui fut entendue le inatin et non pas le soir, le nom d'aubades convient beaucoup mieux à ce que nous voulons exprimer que ne feroit celuy de serenades que vous auriez envie de lui donner... etc. (P. 198-200.)

Cette citation d'un livre aussi rare que eurieux nous apprend deux choses: l'une qu'il y avait à Marseille une grand'bande de violons de cour; l'autre la raison pour laquelle les aubades de Calène étaient données le soir plutôt que le matin, sans cesser d'être appelées aubades. Quant à l'origine de Calène, on la trouvera à l'article NOEL, où nous revenons sur ce sujet.

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au nom intervalle, se AUGMENTÉ, ÉE. Adjectif qui se joint périeure est élevée ou lorsque la note infé

B.-Cette lettre indique le second degré de l'échelle dans les notations boétienne et grégorienne. Dans cette dernière, le B majuseule signifie le si grave, le b minuscule, l'octave de ce premier si, et le bb redoublé ou superposé la double octave..

mi fa sol la si ut ré

-

mi fa sol la si ut ré mi sol la si ut ré mi fa

fa

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Rousseau fait aussi remarquer que, dans les modes authentiques, la finale est la corde la plus grave.

AVICINIUM (du latin avis, oiseau, et cano, je chante chant d'oiseau). — C'est un registre que l'on trouve encore dans quelques orgues anciens, mais que le bon goût a fait proscrire des orgues modernes. Ce jeu consiste en une cuvette d'étain que l'on remplit d'eau et dans laquelle on plonge le bout de trois, quatre ou cinq petits tuyaux de doublette, dont le pied recourbé se trouve dans un petit sommier placé tout près de la cuvette. Lorsque l'air souflle dans ces petits tuyaux, l'eau s'agite à sa surface, et il en résulte un son qui imite fort bien le gazouillement des oiseaux. (Fact. d'org. Roret, t. III, p. 509.)

B

Lettre qui, par sa forme arrondie ou carrée, indique que le si doit être altéré par le bémol ou laissé dans son ton naturel, ce que marque le bécarre. Pour comprendre ceci, il faut dire que, chez les Grecs, les tétracordes, c'est-à-dire les systèmes composés

(42) Subito facta est cum Angelo multitudo militiæ cœlestis, laudantium Deum et dicentium: Gloria in

de quatre intervalles consécutifs, devaient être rangés dans l'ordre suivant: un demiton et deux tons consécutifs, comme : si ut ré mi

mi fa sol la.

Ce qui faisait deux tétracordes conjoints, car le mi, dernier degré du premier tétracorde, et le mi, premier degré du second tétracorde, se confondaient dans l'unisson. Le la était appelé la mèse, le milieu, parce qu'elle séparait les deux tétracordes graves altissimis Deo, et in terra pax hominibus bonæ voluxtatis.

des deux tétracordes aigus, c'est-à-dire les deux tétracordes appelés des principales et des moyennes, des deux autres tétracordes appelées des séparées et des aiguës. Comme on le voit ici :

si ̄ut ré mi mi fa sol la-si ̄ut ré mimi fasolla

conjonction séparation conjonction

Il s'ensuivait que lorsque, pour les besoins du chant, on voulait opérer la conjonction là où existait la séparation, il fallait prendre la mèse la pour point de départ d'un nouveau tétracorde conjoint avec le second, de cette manière :

si ut ré mi⇒mi fa sol la la si ut ré conjonction conjonction Mais, dans ce dernier tétracorde, l'ordre essentiel était interverti, c'est-à-dire que le demi-ton devant se trouver entre le premier et le second degré, se trouvait entre le second et le troisième. On fut donc obligé d'altérer le si pour remettre le demi-ton à sa place et donner ce qu'on appelait une bonne suite à ce tétracorde, de sorte que ce tétracorde se présentait ainsi :

la si b ut ré.

Il fut appelé tétracorde synemmenon, c'est à-dire des ajoutées, des appliquées, des conjointes.

Donc, plus tard, suivant que la lettre B s'appliquait au si altéré ou au si naturel, elle prit la forme de b rond ou mol, ou de b carré ou dur . Voilà l'origine du bémol et du bécarre. De là les expressions chanter par bmol, par b carre ou dur, par nature, et hexacorde mol, hexacorde dur, hexacorde de nature.

Les Allemands, qui ont conservé l'usage des lettres grégoriennes, ont substitué l'H au B, lorsque le B doit signifier le si naturel.

-La lettre B est interprétée ainsi dans l'alphabet significatif des ornements de chant de Romacus Secundum litteras quibus adjungitur, ut bene, id est multum extollatur, vel gravetur sive teneatur, belgicat.

-BT, dans le même alphabet, signifiait, selon M. Nisard, qu'il fallait accentuer très lentement la note ou la ligature surmontée de ces deux lettres.

BAGUETTE.-Marque de distinction dont les chantres se servaient pour frapper les causeurs, ceux qui n'avaient pas une posture convenable, et ceux qui chantaient faux ou qui précipitaient le chant. C'est peut-être ici le lieu de faire connaître un usage établi à Tours dans l'église de SaintMartin. « Le 12 de May, jour de la Subvention de Saint Martin, en reconnoissance de ce que la ville de Tours, assiegée au 1x siècle par les Normans et Danois, fut délivrée par les mérites de S. Martin, et de ce que les Chanoines de S. Martin allèrent chercher dans les bois et les cavernes les Moines de Marmoutier qui avoient échappé à la fureur de ces Barbares, les retirèrent dans le Cloitre de S. Martin, et pourvûrent abondamment à tous leurs besoins ; ces religieux viennent tous les ans à pa

reil jour processionnellement à l'Eglise de S. Martin, avant des baguettes blanches à la main (originairement des bâtons pour se soutenir), qu'ils quittent en entrant dans l'Eglise et qu'ils reprennent à la sortie. Après avoir chanté dans la Nef une Antienne de S. Martin, le Verset et l'Oraison, ils vont au travers du Choeur au tombeau de S. Martin, où ils demeurent quelque tems en prières; quatre Commissaires du Chapitre les conduisent dans un lieu préparé pour les recevoir, où on leur sert les raffraichissemens dont ils ont besoin, et ils reçoivent chacun un petit gâteau qu'ils emportent avec eux en marque d'union et de confraternité, et pour conserver la mémoire de l'hospitalité qu'ils reçurent d'eux dans une si pressante nécessité. Ils chantent solennellement Tierces, et ensuite la Messe avec le Clergé de Saint-Martin, qui occupe la droite du Choeur, et les Moines de Marmoutier la gauche avec l'ordre de sept chandeliers. Le Chantre de l'Eglise de S. Martin commence l'Introit, dont l'Orgue et la Musique chantent chacun la moitié. Le Chantre des Religieux chante le Verset et recommence l'Introit, que les Moines continuent; et le Chantre de l'Eglise le Gloria Patri, et reprend l'Introït pour la troisième fois, que la Musique poursuit; et ainsi du reste de la Messe qu'on chante à trois choeurs. Après Sextes, les Religieux s'en retournent à leur Monastère dans le même ordre qu'ils sont venus. » (Voyages liturgiques de France, 1718, p. 131, 132.)

Quoique l'usage de ces baguettes ne se rapporte pas aux fonctions des chantres, nous avons cru devoir le mentionner ici, à cause de son analogie, et de quelques autres détails qui peuvent intéresser le chant d'église.

A Notre-Dame de Chartres on faisait à Vêpres la procession aux fonts pendant toute la semaine de Pâques. « Tous ceux du Clergé de l'Eglise Cathédrale qui ne sont ni Prêtres ni Diacres, fussent-ils Chanoines, y portent une baguette blanche en main, aussi bien que le Seû-chantre qui marche à la tête des jeunes Chanoines. Et cela, dit-on, pour marquer les habits blancs que les nouveaux baptisez portoient pendant l'Octave. En allant et en revenant, on y chante le quat ième et lecinquième Psaume de la Férie. » (Ibid., p. 231 et 232.)

Aux processions qui se faisaient à Rouen, le chantre, précédé des deux curés des églises de Saint-Denis et de Saint-Vigor, marchait selon l'ordinaire au milieu des chantres, ayant en ses mains des baguettes blanches pour guider la marche des chapelains tant en allant qu'en revenant. «< Ces baguettes que ces deux Curés portoient autrefois pour guider la marche de la Procession, n'étoient pas singulières à l'Eglise de Rouen. Nous en avons vu aussi à Lyon, ad defendendam ou custodiendam processionem, pour maintenir la marche de la Procession, pour faire laisser le passage libre, pour empêcher la confusion. » Mais ce ne sont pas seulement les curés qui s'en servent, les autres ecclésiastiques en dignité

en portent également, et jusqu'aux bedeaux qui, à Saint-Agnan d'Orléans, out des baquelles ou bâtons en main pour faire faire place à la procession: habentes virgas vel baculos in manibus ut præparent viam processioni. Toutefois, comme toutes ces choses dégénèrent ou se transforment, on a raccourci ces baguettes, et on les a réduites à une longueur de deux pieds ou deux pieds et demi. Enfin on les a enjolivées et on les a surmontées de fleurs, soit au haut, soit au milieu.

BAHA.-Vocalise, neume ou jubilus qui

se fait sur la dernière lettre de l'Alleluia comme nous l'avons dit dans l'article Alleluia: Baha cantatur a choro alternatim ad modum sequentiæ. (Ordin. vetus ms. eccl. Camerac.: ad missam dominica 1 in Adventu, alleluia sine baha.)

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BALER, BALLER. Danser, se mouvoir de droite à gauche, produire avec le corps des mouvements rhythmés. Que les danses aient été introduites dans les cérémonies de l'Eglise, c'est ce dont ne peuvent douter ceux qui connaissent l'expression proverbiale usitée à Sens: Tel jour le préchantre balle, et les danses auxquelles prenaient part, non-seulement les enfants, les hommes et les femmes du peuple, mais encore les ecclésiastiques et les religieuses mêmes aux jours des Innocents et de la fête des Fous. Mais, sans parler ici des abus criants qui avaient déshonoré les cérémonies les plus augustes du culte chrétien, et provoqué les condamnations les plus rigoureuses des conciles, qui ne sait que les processions qui se font autour du chœur de l'église, dans les nefs latérales avec des thuriféraires marchant en cadence et dont

les mouvements sont réglés par des rites, ne sont en réalité, comme le mot latin l'indique (chorea, d'où chorialis, chorista, choriste), des choeurs ambulants, représentant dans leurs évolutions symboliques des danses mystiques et sacrées (43)? Nous ne saurions dire précisément en quoi consistait l'espèce de danse pratiquée une fois l'an à Sens par le préchantre. Nous nous contenterons de citer le statut du Chapitre de cette ville, relatif à celui qui était revêtu de cette dignité: Sciendum quod die inventionis B. Stephani ad processionem in navi ecclesiæ, apud S. Colombam in die S. Lupi, dum cantatur in choro : O venerandum antistitem, præcentor in his duobus locis, in chirotecis et annulis cum baculo debet ballare, et non plus per annum. Ainsi, c'était pendant la procession que cette espèce de saltation avait lieu. (Ap. Du CANGE.)

α

Ubi omnes consurrexere, duo chori fiunt in medio coenaculo, alter virorum, alter feminarum, cuique suus incentor præficitur, honore præstans et canendi peritia. Deinde cantant hymnos in laudem Dei compositos, variis metrorum carminumque generibus, nunc ore uno, nunc alternis, non

(43) Voir се que Lebrun-Desmarettes dit de la révérence faite à la mode des Dames à certaines cérénonies par les enfants de chœur, les chantres, les

sine decoris et religiosis gestibus, atque aecentibus, modo stantes, modo prorsum retrorsumque gradum moventes, utcumque res postulat. Deinde postquam uterque chorus seorsum explevit se his deliciis, velut amore ebrii, unum chorum faciunt promiscuum ad imitationem olim illius instituti in Rubri sinus littore post mirandum prodigium. ... (PHILO, De vita contemplativa, sub fin.)

BANDE.- Nom que quelques symphoniastes donnent à la portée des quatre lignes apprendre le plain-chant, imprimés à Avidu plain-chant. (Voy. les Principes pour gnon, chez Cl. Delorme, 1742, in-12, p. 2.)

BAPTÊME (BÉNÉDICTION) DES CLOCHES. -On rapporte que le Pape Jean IV, qui occupait le siége apostolique vers le milieu du vi siècle, ordonna le premier qu'on imposerait un nom aux cloches en les bénissant, et commença lui-même, en donnant son nom à la grande cloche de l'église de Saint-Jean-de-Latran; « ce qui, dit un auteur, a toujours été observé depuis, et ne doit pas paroitre nouveau et sans exemple, puisque Jacob après la vision qu'il avait eue de l'échelle mystérieuse, dont il est parlé dans le vingt-huitièmo chapitre de la Genèse, prit la pierre qui lui avoit servi pour reposer sa tête, et en fit une espèce d'autel, répandant de l'huile dessus nom de Bethel, c'est à dire maison de Dieu. comme pour la consacrer, et lui donna lo Eglise; Cologne, 1757, p. 63.) (Recueil curieux et édifiant sur les cloches de

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« L'Eglise a été dirigée par trois motifs dans cette imposition de noms au baptême, ou pour mieux dire à la bénédiction des cloches 1° pour mieux distinguer chaque cloche, par le nom d'un saint donné par le parrain ou la marraine, lesquels autant qu'il est possible doivent être choisis parmi les personnes les plus vertueuses et les plus qualifiées du pays; 2° pour marquer les différentes heures de l'office divin; 3° parce que c'est une très-louable manière d'appeler le peuple à l'église que de le convoquer au nom d'un saint ou d'une sainte. » (Ibid., p. 68 et 69.)

Le nom de baptême appliqué à la cérémonie de la bénédiction des cloches sembla venir de ce qu'autrefois, au rapport d'Yves de Chartres, on baptisait les églises, au lieu de dire qu'on les bénissait. Baronius, l'auteur des Cérémonies religieuses, et M. de la Combe, dans son Dictionnaire canonique, assurent que la cérémonie de bénir les cloches fut introduite sous le pontificat du Pape Jean XIII, soit parce que ce Pape bénit le premier les cloches, et consacra cet usage en donnant son nom à celle de Saint-Jeande-Latran, en l'année 965, ainsi que Baronius le rapporte, soit parce que l'empereur Othon, après son couronnement, donna luimême son nom à la grosse cloche de SaintJean-de-Latran, comme M. de la Combe chanoines, les cardinaux au Pape, les ambassadeurs au roi de France, et de la révérence in ambitu (en rond). (Voyages liturgiques, pp. 49, 50, el 359).

l'affirme. Il est toutefois certain que cet usage est beaucoup plus ancien, puisqu'on trouve la formule de cette bénédiction dans les Rituels antérieurs d'un siècle à Jean XIII, avec ce titre Ad signum ecclesiæ benedicendum: et que Charlemagne, dans son capitulaire de l'an 789, défend de baptiser les cloches ut clocæ non baptizentur. Ce qui, dans le cas où l'on ne devrait pas regarder comme certaine l'institution de cet usage au vi siècle, par le Pape Jean IV, démentirait néanmoins l'allégation de ceux qui se contentent de faire remonter son introduction au Pape Jean XIII, en 972. Il est parlé dans Alcuin, disciple de Bède et précepteur de Charlemagne, de la cérémonie du baptême des cloches comme d'un usage antérieur à l'an 770 (Catalogue raisonné des mss. de M. de Cambis-Velleron, in-4°, p. 195, 196; Avignon, L. Chambaud, 1770); et Létald, moine du x siècle, la signale comme une coutume ancienne, mais qui n'avait pas encore le caractère de l'universalité. La prétendue introduction de cette cérémonie par le Pape Jean XIII doit donc s'entendre dans le sens d'un simple règlement qui prouve seulement que cet usage, d'une origine déjà ancienne, était tombé en désuétude, et que Jean XIII voulut le faire revivre.

En l'an 1029, le roi Robert, faisant faire la dédicace de l'église de Saint-Agnan d'Orléans, la dota, entre autres présents royaux, de cinq cloches qu'il avait fait baptiser, et dont la plus grosse, qui pesait 2,600 1., fut appelée de son nom; d'où l'on peut inférer que le capitulaire de Charlemagne, cité ci-dessus, ou fut de nul effet, ou fut de peu de durée. En faisant connaître ce qui regarde les cloches de Saint-Agnan, le moine Helgaud observe que l'on employait l'huile et le chrême dans la cérémonie de la bénédiction des cloches, ce qui montre qu'elle s'est toujours faite avec beaucoup de solennité.

Au reste, voici de quelle manière s'exprime l'auteur du Recueil curieux et édifiant sur les cloches de l'Eglise (p. 63-65), sur cette expression impropre, mais fort usitée et fort ancienne, ainsi qu'on le voit, du baptême des cloches:

« La bénédiction des cloches ne peut raisonnablement être appelée baptême. Ce qui a donné lieu à cette façon de parler populaire est le rapport qu'il y a entre les cérémonies que l'on observe au baptême et celles qu'on observe en bénissant les cloches. En effet, on lave la cloche, on fait sur elle des onctions avec l'huile des infirmes et avec le saiut-chrême. On la bénit sous le nom d'un saint ou d'une sainte, et dans quelques diocèses, ceux qui ont fait faire la cloche, ou d'autres fidèles députés à cet effet, nomment à l'officiant le saint ou la sainte dont elle doit porter le nom, ce qui fait que le peuple les appelle parrain et marraine. Mais ce ne sont pas les cloches seules; les autels, les temples, les calices et la plupart des autres choses que l'Eglise bénit et consacre, sont lavés avec l'eau bénite, et ensuite oints avec les saintes huiles et portent le nom d'un

saint. La cérémonie de leur bénédiction ne s'appelle pas pour cela un baptême. Le terno de baptême, selon la signification grammaticale, peut, à la vérité, s'appliquer à tout ce qui est lavé, mais par l'usage de l'Eglise il est déterminé à signifier le sacrement de la régénération. Car les cloches par ellesmêmes sont incapables d'aucune grâce justifiante, comme celle qui se donne au baptême, et si on observe à leur bénédiction à peu près les mêmes cérémonies qu'à ce sacrement, ce n'est que pour les rendre propres à la fin pour laquelle elles sont employées par l'Eglise, comme toutes les autres choses dont on vient de parler, et qu'elle bénit et consacre aussi avant que de s'en servir aux fonctions sacrées.

« Au reste, le terme impropre de baptême d'une cloche, au lieu de celui de bénédiction, est d'autant plus excusable dans la bouche du peuple, que le savant Alcuin s'en sert dans son livre des divins offices, et cite pour cela le Rituel romain. Mais cet illustre précepteur du saint roi Charlemagne étoit trop éclairé pour entendre par là autre chose qu'un baptême de consécration, par lequel une chose est dédiée à Dieu, et non pas un baptême de justification, comme celui qui se donne aux hommes. >>

Grimaud, dans sa Liturgie sacrée (p. 175), s'exprime à peu près de la même manière; suivant lui, c'est par un abus de mots que la bénédiction des cloches a été appelée baptéme. Ainsi, il est bien évident que ce nom n'est venu que de l'analogie qui existe entre le baptême des enfants et les diverses aspersions que l'on fait sur la cloche et le nom que l'on donne à celle-ci. Toutes les cloches célèbres portent le nom de leurs parrains ou de leurs marraines. « Quand on les bénit, dit le P. Mersenne, on a coustume de leur imposer un nom en l'honneur de quelque saint, comme l'on voit aux cloches de NotreDame de Paris, dont la plus grosse s'appelle Marie, et sa compagne Jacqueline; à la grosse de Saint-Jean-de-Latran, que Jean XIII nomma Jean-Baptiste, au rapport de Baronius, en l'an 968 ou environ, lorsque cette cérémonie fut instituée; à la grosse de Notre-Dame de Rouen, que l'on appelle George d'Amboise, et à celles qui sont pendues dans les tours et les clochers de toutes les églises. » (De l'Harmonie universelle; des Instruments de percussion, p. 3, in-fol., Ballard, 1636.)

Cette cloche de George d'Amboise était nommée ainsi, parce qu'elle avait été donnée par le cardinal de ce nom, archevêque de Rouen. Les autres cloches de la même église se nommaient Marie, Robin de l'Huys, les Saint-Benoit, etc., etc.

A Saint-Maurice de Vienne, les grosses cloches étaient nommées Baudes, du nom de la plus considérable, qui était appelée Bauda. Dans cette église, les trois mots cantores et baudes, signifiaient que la fête devait être célébrée avec la plus grande solennité.

A Gand, il y avait une cloche qui s'appelait Rolland; ce fut celle que Charles-Quint

fit casser, parce qu'elle servait à convoquer les assemblées populaires.

L'inscription de la cloche de Saint-Jacques de la Boucherie, à Paris, était ainsi conçue : «En 1671, j'ai été nommée MARIE-THÉRÈSE, par MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE, reine de France, et par HENRI-JULES DE BOURBON, duc d'Anguyen, prince du sang.

« Refondue en 1780, et bénite par Messire NICOLAS MOREL, prêtre, docteur de la Faculté de théologie de Paris, vicaire général du diocèse de Montpellier, et curé de cette paroisse; et nommée de nouveau MARIETHÉRÈSE, par M. JEAN-BAPTISTE-NICOLAS LEROY, avocat au parlement, ancien commissaire des pauvres, et ancien marguillier de ladite paroisse, et par demoiselle MARIEHENRIETTE BOURJOT, épouse de M. CLAUDENICOLAS LIAUTAUD, négociant, ancien marguillier de ladite paroisse, qui m'ont conservé ces noms par respect pour mes premiers marraine et parrain.

« JEAN-BAPTISTE WATRIPON, LAURENT FRANÇOIS-AUGUSTIN MOREL, CLAUDE PAULMIER, et ALEXANDRE DE ROUSSY, tous marguilliers en charge de ladite paroisse de SaintJacques de la Boucherie en l'année 1780. »

La question du baptême des cloches a été parfaitement traitée par un autre auteur, dont nous rapporterons encore les paroles

par

« La cérémonie que l'Eglise a instituée pour bénir les cloches ne doit point être comparée au baptême, comme se le persuadent tant de chrétiens superstitieux et peu instruits, et quoique l'Eglise y emploie l'eau, l'huile des infirmes et le saint chrême, ce n'est point un sacrement, mais une simple bénédiction, qui, comme toutes celles qui sont observées dans l'Eglise, a pour objet de séparer de tout usage profane ce qui est consacré au service du Seigneur, et d'attirer la prière, des grâces intérieures, non sur cette matière, incapable d'en recevoir l'impression, mais sur ceux qui, dans la suite, avertis par le son de ces cloches, des instants destinés aux exercices de religion, se rendront assidûment au temple. Les fidèles doivent donc envisager cette bénédiction comme une espèce de dédicace: elle a, en effet, un rapport sensible avec celle de nos temples. C'est par l'onction que les principales colonnes de nos églises ont été consacrées au culte du Seigneur; c'est aussi par des onetions multipliées, et dans l'intérieur et à l'extérieur des cloches, que l'Eglise les destine à rassembler les fidèles qui doivent prendre part à ce culte.

« Cette seule réflexion suffit pour répondre à toutes les questions que peut suggérer l'esprit d'ignorance et de superstition. Pourquoi, par exemple, comme au baptême, impose-t-on des noms aux cloches au moment de leur bénédiction? Parce que le même esprit de religion, qui fait consacrer nos temples sous l'invocation des amis de Dieu, inspire à l'Eglise d'intéresser les saints à

(44) Voir l'Ordre des cérémonies qui doivent être observées pour la bénédiction d'une clocke, dans le

cette nouvelle offrande qu'elle fait au Seigneur. Elle permet donc qu'on grave sur les cloches les noms de quelques saints, et en même temps elle sollicité leur protection, non pour ces instruments matériels, mais pour nous... Mais l'Eglise, en leur imposant des noms, est bien loin de les assimiler aux enfants qu'elle présente à Jésus-Christ dans le sacrement de baptême. C'est aussi trèsimproprement qu'on nomme parrains et marraines les personnes qui sont choisies imposer le nom aux cloches qu'on va bénir. Il n'y a dans cette cérémonie ni promesses à faire, ni engagements à prendre. Dans l'administration du sacrement de baptéme, les parrains et les marraines représentent l'enfant, deviennent sa caution devant Dieu, et en présence de l'Eglise contractent l'obligation étroite de veiller sur sa foi et sur ses mœurs, de pourvoir à son éducation, et souvent à sa subsistance. Mais dans la bénédiction des cloches, les personnes distinguées qu'on choisit pour les nommer sont les représentants de tous les fidèles, pour faire à Dieu, avec l'Eglise et par JésusChrist, l'offrande de ces vases qu'on destine au service de son temple » (44), etc., etc.

Si nous avons cité ce passage tout au long, c'est qu'il exprime parfaitement ce caractère particulier que la religion communique à tout ce qu'elle touche, cette destination en vertu de laquelle elle sépare de tout usage profane ce qui est consacré au service du Seigneur. L'Eglise a des bénédictions pour une foule de choses à l'usage des hommes, les aliments, les vêtements, les édifices, les armes, etc.; mais elle prête plus spécialement à certains objets un caractère en rapport avec cette destination dont nous venons de parler, caractère qui les rehausse ou les avilit, suivant qu'ils se montrent fidèles à cette même destination ou qu'ils la méconnaissent pour prêter un concours sacrilége à des solennités mondaines et profanes, sorte d'apostasie qui ne rejaillit pas seulement ici sur une personne ou une chose isolée, mais sur une institution tout entière. Telle est la destination des chants sacrés, de la liturgie, de l'orgue, de l architecture chrétienne, et enfin des cloches du temple si bien nommées les trompettes de l'Eglise militante. Cette destination, étant le rapport exact entre la chose même et l'usage auquel elle est consacrée, est à elle seule une beauté morale, une poésie qui donne lieu à ces interprétations mystiques, à ces sens spirituels, à ces harmonies sublimes que l'imagination des Pères, des poëtes, des écrivains et des peintres religieux a su tirer de tout temps de l'ensemble des cérémonies du culte. Cette même destination fixe irrévocablement les fonctions de toute chose à l objet auquel elle s'applique ; d'où résulte un cachet et comme un sceau incommunicable

BARRE. — Ligne perpendiculaire qui coupe à angle droit les lignes horizontales de la portée du plain-chant pour la sépara

Traité des cloches de J.-B. THIERS, édition de 1781.

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