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Ce qu'il faut accorder sans réticence, ce sont les conclusions tirées par Mr. Varese du décret de Fabius en 215. Les grains devaient être, aux termes de ce décret, rentrés dans les places aux kalendes de juin1) et ceci prouve bien que lesdites kalendes tombaient alors en août: aucun artifice ne saurait prévaloir là-contre 2). Quoiqu'il faille penser des explications du même savant relativement aux dates des batailles du Trasimene et de Cannes, il a raison quand il conclut qu'encore en 215 le calendrier flavien retardait d'environ 2 mois 12. On sait d'ailleurs que ce calendrier retardait régulièrement de 4 jours en 4 ans: au bout de la période 215-191, il aurait donc dû retarder de plus de 3 mois. Or, nous venons de constater qu'au contraire, en 190, il avançait d'environ 4 mois. Autrement dit, dans cette période, il avait avancé, par rapport à l'année julienne, de la valeur de plus de 7 mois juliens, soit de près de 10 mois intercalaires (les mois intercalaires romains étant de 22 et 23 jours alternativement). S'il eût fonctionné régulièrement dans le même intervalle de temps, on eût intercalé 12 fois, puisque les actes triomphaux attestent qu'au IIIe siècle c'étaient les années paires du comput chrétien qui étaient embolimiques 3) (soit, dans l'espèce, 214, 212, 210, 208, 206, 204, 200, 198, 196, 194, 192). On n'a donc, dans cette période, maintenu que deux ou trois intercalations: pouvons-nous savoir lesquelles?

Un texte de Macrobe, d'après lequel Fulvius nommait le consul M' Acilius Glabrion (191, inito mox bello Aetolico) comme l'auteur de l'intercalation, permet, je crois, de répondre4). Le renseignement, tel qu'il est donné, est faux, comme presque tous ceux des annalistes romains. Mais il repose sur un fait vrai: sous Glabrion, on a recommencé à intercaler après une longue période où cet usage était tombé en désuétude. Autrement dit, les deux ou trois années que nous cherchons sont, d'une part l'année 191, d'autre part l'année 214 et (probablement) 212. Pas n'est besoin, pour expliquer le fait, d'invoquer la superstition ou les roueries des publicains: les raisons militaires suffisent. Les consuls ayant pour mission principale de commander les armées, on cherchait autant que possible à faire coïncider leur entrée en charge avec le début de la saison militaire. Mais le calendrier flavien, retardant de plus en plus, tendait à reporter cette entrée en charge de plus en plus tard: quand elle avait lieu seulement dans une saison correspondant à notre mois de juin, le fait devenait très gênant, et, comme T. Live le fait dire à Fabius à l'époque même où nous sommes (213), une grande partie de l'année se passait en préparatifs). Il y avait deux remèdes: ou avancer le jour de l'entrée en

1) T.-Live, XXIII, 32: ut frumenta omnes ex agris, ante Kal. jun. primas, in urbes munitas conveherent. Cf. p. 42.

2) Varese, op. laud., p. 13.
4) Macr., Saturn., I, 13.

3) CILI (2e édit., p. 47), a. 260.

5) T.-Live, XXIV, 8 (avec exagération oratoire).

charge dans l'année, ou supprimer des intercalations. Le premier a été employé plusieurs fois, puisque les consuls prirent le pouvoir le 1er Mai au début du IIIe siècle, puis le 15 mars à l'époque qui nous occupe, enfin le 1er janvier à dater de 153. Mais l'autre remède a été employé à partir de 211: l'année ordinaire n'ayant que 355 jours, la suppression des intercalations faisait rétrograder l'entrée en charge assez rapidement, mais il faut remarquer qu'il n'y avait aucun inconvénient à ce qu'elle eût lieu pendant la saison d'hiver, jusqu'à ce qu'elle commençât à empiéter sur la saison précédente ').

Bref, voici, je crois, comment il faut se représenter la marche du calendrier romain dans la période qui nous intéresse (les dates ne sont pas rigoureusement exactes, puisque nous ne savons pas quand le mois intercalaire avait 22 ou 23 jours, mais il ne peut s'agir que d'une différence de très peu de jours):

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1) Les stratèges des peuples grecs entraient en charge en avril (Achéens) ou octobre (Étoliens). Et les Achéens avaient fini par se rallier à cette dernière date.

On ne peut déranger beaucoup la première de ces dates. Si, en effet, on reporte l'entrée en charge, vers 215, jusqu'en juin, ce qui donne un retard de près de 3 mois, les dates des batailles de Cannes (216, 2 août flavien) et du Trasimène (217, 23 juin flavien), que j'hésite à rejeter, sont reportées trop tard 1). Si au contraire, on avance l'entrée en charge jusqu'au début de mai (retard de moins de 2 mois), on n'a plus qu'un retard de 1 mois vingt-six ans auparavant, et la date de la bataille des îles Égates (241, 10 mars flavien)2) tombe trop tôt dans l'année, étant donné surtout qu'une anecdote de Tite Live 3) laise penser que Lutatius s'est mis en mer vers l'époque des Quirinales (17 février flavien), laquelle (l'année 242 étant intercalaire) tombait 43 jours avant la bataille! Il faudrait alors supposer, dans l'intervalle, une correction autre que le report de l'entrée en charge du 1er mai au 15 mars (en 222).

et

Nous avons encore à examiner la période 191–167. Il semble qu'après 191, le calendrier ait repris, dans l'ensemble, sa marche régulière. Nous sommes sûrs déjà que l'année 189 fut bien intercalaire1), l'anomalie relative à 168 nous est expliquée. Le début du consulat de Paul-Emile eût du tomber au début de décembre 169. Or, les données si précises relatives à la bataille de Pydna prouvent qu'il tomba en réalité le 5 janvier 1685). Mais Tite-Live signale comme intercalaire l'année 170, et cette mention spéciale permet de supposer que l'intercalation fut irrégulière). On a donc le tableau suivant (avec les mêmes restrictions que précédemment):

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1) Macr., Sat. I, 16. Ov., Fastes VI, 765. On pouvait connaître ces dates autrement que par des anniversaires religieux (voir la date de la bataille de Myonnėse: T.-Live XL, 54). Cependant la date donnée pour la bataille du Trasimene est, en tout état de cause, suspecte: on comprend difficilement, en présence du récit de Polybe, comment il s'est écoulé trois mois entre l'entrée en charge de Flaminius et la bataille.

2) Eutrope, II, 27. 3) T.-Live, XXXVII, 51. 4) T.-Live, XXXVII, 59. 5) T.-Live, XLIV, 37; XLV, 1. 6) T.-Live, XLIII, 11 (13).

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Un mot seulement de l'époque suivante. Si le calendrier a fonctionné régulièrement, l'entrée en charge des deux consuls est tombée, en 153, vers le 20 janvier. Nous connaissons au moins une intercalation extraordinaire, celle de 1661): les ides de mars tombèrent donc, en 153, au plus tôt vers le 11 février. C'est alors que la date de l'entrée en charge fut reportée au premier janvier flavien, qui coïncidait alors avec la fin de novembre 154, au plus tôt. Par la suite, en supposant une marche régulière du calendrier, nous verrions le 1er janvier flavien coïncider à peu près avec le 1er janvier julien vers 115, puis avoir un retard de deux mois environ au temps de César. Or nous savons qu'alors il avait une avance de près de 3 mois. On aurait donc (en supposant le point de départ de 153 exact) négligé une demi-douzaine d'intercalations, probablement au temps des guerres civiles. Mais, pour préciser, il faudrait suivre toute l'histoire du VIIe siècle de Rome, et ce serait sortir du cadre que nous nous sommes tracé.

Tenons-nous en à la période 216-168, et bornons-nous à indiquer quelques conséquences historiques du tableau chronologique que nous avons donné: elles indiqueront au moins l'intérêt qu'il y a à concilier le ,,cas" de 215 et celui de 190.

Pour les années qui suivent immédiatement la bataille de Cannes, nous sommes à peu près d'accord avec Mr. Varese, et sommes disposés à admettre ses conclusions pour les grands événements. Mais ensuite nous divergeons. Les conséquences ne sont pas très importantes encore pour la campagne de 207, sauf que nous ferions hiverner Asdrubal en Gaule en 208-7. Mais il en est autrement pour la campagne de Scipion: la bataille de Zama se place bien en octobre 202, car la défaite de Vermina, qui en est solidaire, est donnée comme coïncidant avec les saturnales (décembre flavien, donc, selon nous, novembre 202)2). La bataille de Cynoscéphales est bien du 1er juin 197: entre cette bataille et les Isthmies

1) T.-Live XLV, 44. 2) Pareti, Zama, p. 27.

42

E. Cavaignac, La chronologie romaine de 215 à 168.

de 196 se place l'hiver où fut assassiné Brachyllas (qui avait dû être élu béotarque vers le solstice d'hiver 1971). La bataille des Thermopyles est de 191, puisque celle de Magnésie, on l'a vu, se place en novembre 190. Quant à la bataille de Pydna, on est vraiment curieux de voir comment. Mr. Varese s'arrangera avec les témoignages si formels qui la fixent au 22 juin 168 av. J. C. D'après lui, le calendrier flavien avait déjà près de 5 mois de retard en 190, et. si l'on cût continué à intercaler, il aurait eu 5 mois de retard en 168: or, il avait alors 2 mois / d'avance. Il faut donc que Mr. Varese regagne 11 mois intercalaires dans ces 22 ans. Et je me bornerai à faire remarquer que nous connaissons déjà des intercalations en 189 et 170. La situation me paraît donc inextricable.

Ces pages étaient écrites quand j'ai eu connaissance de l'important ouvrage de Mr. Kahrstedt, Geschichte der Karthager, t. III (1913). Mr. K. estime que, de 218 à 201, le calendrier flavien a toujours été en avance sur le calendrier julien. I rejette purement et simplement la notice relative aux moissons de 215 (p. 448), en l'attribuant à un annaliste vivant vers l'an 100. Je ne crois pas que la moisson ait jamais pu être rentrée en Italie le 1er juin julien (surtout dans l'antiquité où elle était plus tardive qu'à présent). Et la difficulté de trouver un moment où un annaliste, par anachronisme, aurait pu la faire rentrer le 1er juin flavien, est précisément ce qui me porte à croire que le décret de Fabius est authentique. Car, au début du IIe siècle, le 1er juin flavien était fort en avance sur la date julienne. Vers 100 (et même au temps de la prise d'Athènes par Sylla), il coïncidait à peu près. Ensuite, il a été de nouveau en avance jusqu'à César. Au reste, si le calendrier flavien retardait, non seulement en 241, mais encore en 228 (Beloch, Griech. Gesch. III, p. 214), et même, comme je le crois, en 224, il est difficile d'expliquer comment il pouvait avancer déjà en 218. Si la bataille du Trasimène est tombée en avril 217, on comprend avec peine comment la nouvelle a pu ne parvenir à Philippe qu'au moment des jeux néméens. La chronologie de Mr. K. pour les années 215 et suivantes prêterait aussi à des remarques. Mais elles m'entraîneraient trop loin. Je voulais seulement ici m'élever contre la tendance de certains historiens modernes à prolonger trop longtemps la marche régulière et le retard progressif du calendrier flavien.

Versailles.

1) Plut. Pélop., c. 24-25.

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