ภาพหน้าหนังสือ
PDF
ePub

phètes, et prenez vous-même une chair sensible pour lui parler par ses sens. L'homme naît pécheur. Il a encouru l'indignation de Dieu; il a mérité la mort. Vous payez pour lui; vous faites sa paix à vos dépens;, vous souffrez pour lui le plus cruel et le plus infàme des supplices; et par ce moyen vous le retirez de l'enfer et lui donnez même droit à votre héritage. Vous le purifiez par le baptème ; vous le fortifiez par la confirmation; vous le relevez par la pénitence; vous le nourrissez, vous le consacrez par l'eucharistie; vous l'éclairez de votre lumière; vous l'animez de votre esprit; votre grace conduit tous ses pas et sanctifie toutes ses actions.

Vous êtes donc maintenant, ô mon Jésus, ma sagesse, ma raison, ma lumière, ma rédemption, ma justification. ma sanctification, ma nourriture et ma vie, ma force et ma défense; mais vous serez encore dans l'autre vie ma perfection, ma félicité, ma récompense. Vous êtes et vous serez éternellement mon chef, mon roi, mon souverain prêtre; et la sainte victime en qui mon être sera sacrifié à Dieu, consommé en Dieu et reçu de Dieu comme une victime de bonne odeur. C'est à cause de vous que Dieu habitera en nous comme dans son temple; qu'il nous fera part de sa gloire comme à ses enfants; que nous serons de tous ses plaisirs comme ses bien-aimés et ses élus. Enfin c'est en vous et par vous que Dieu sera tout à tous; et que nous deviendrons comme des Dieux par la communication la plus parfaite de l'Etre divin. Qui peut comprendre la grandeur de ces bienfaits? Qui peut donc comprendre la grandeur de mon ingratitude? Je n'ai pas fait pour vous, objet digne d'un amour infini, d'adorations continuelles, de reconnaissances éternelles, je n'ai pas fait pour vous ce que fait un avare pour de l'or, un ivrogne pour le vin, un ambitieux pour une sotte et vaine gloire. Ah! mon Sauveur! que je ne vous confesse point en détail mes ingratitudes; je ne puis y penser sans horreur. Anathème à celui qui ne vous aime point. Mais, ò Jésus, pardonnez à ceux qui vous aiment présentement, pardonnez à ceux qui désirent sincèrement de connaître vos qualités et de brûler d'amour pour vous. Quelque ingrats, stupides, insensibles, misérables qu'ils aient été jusqu'à présent, Sauveur des pécheurs, oubliez leurs désordres et sauvez-les.

DIX-HUITIEME MÉDITATION.

Autres moyens pour obtenir la grâce. Jésus-Christ s'applique particulièrement à ceux qui travaillent à son ouvrage, au salut des âmes, à l'édification des fidèles.

Souverain prètre des vrais biens, vous répandez sur les hommes cette pluie céleste qui produit des fruits pour l'éternité. Mais je me trouve souvent à vos pieds sec et aride comme une terre sans eau. Qui pourra, Seigneur, supporter ce froid et ces rigueurs extrêmes que la sainteté de Dieu fait sentir aux àmes? O médiateur entre Dieu et les hommes, ô sauveur des pécheurs, ne m'oubliez pas. Faites ma paix avec Dieu, et continuez de m'instruire des moyens par lesquels je pourrai obtenir le secours de votre grâce.

1. Je t'ai déjà dit bien des choses sur cela, mon cher fils; mais tu te lasseras plutôt de m'interroger que moi de te répondre, car certainement j'ai plus d'amour pour toi que tu n'en as pour toimême. Ne juge pas de ces sécheresses qui te désolent, que je t'abandonne. C'est dans ces temps difficiles que j'éprouve la vertu des âmes généreuses. C'est alors que je leur fais mériter la couronne, qui est due à ceux qui souffrent le martyre ou qui sacrifient leur bonheur à l'amour de l'ordre. Le plaisir quel qu'il soit diminue le mérite; bien loin d'en être le principe, il en est la récompense. Tout plaisir actuel rend actuellement heureux; on ne renonce donc pas à soi-même de la manière la plus pure et la plus méritoire, si on y renonce avec plaisir. On sent bien qu'alors on trouve la vie, quelque prétention qu'on ait de s'offrir à la mort. Car le plaisir est la vie de l'âme, et la douleur est plus terrible que la mort même.

2. Néanmoins, mon fils, tu as raison de craindre extrêmement ces états fâcheux où l'âme est comme abandonnée à elle-même, sans force et sans mouvement vers le vrai bien. Car tes sécheresses sont quelquefois l'effet de tes négligences et de ton orgueil. Il vaut mieux pour toi que tu mérites moins, que de courir de grands dangers. Mais cela n'est pas avantageux à la beauté de mon ouvrage. Cette beauté demande que mes enfants se sacrifient de la manière la plus méritoire et la plus pure. Car la gloire et la beauté de l'Église triomphante suppose les travaux et les mérites de l'Église militante. Malheur à ceux qui ne persévèrent pas jusqu'à la fin. Ainsi, mon fils, dans ces états de désolation, aie soin de t'humilier et de m'invoquer ; je ne t'abandonnerai point. Souviens-toi de ces

paroles que j'ai poussées vers le ciel pour ta consolation: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Demeure ferme dans ta foi, et tu finiras comme moi ton sacrifice en paix. Tes dernières paroles seront semblables aux miennes. Tu diras plein de joie, et avec une entière confiance: Mon Père, je remets mon âme entre vos mains.

Je t'ai déjà expliqué les principaux moyens par lesquels tu peux obtenir les secours qui te sont nécessaires; mais puisque tu appréhendes d'en manquer, je vais t'apprendre ce que tu dois faire pour attirer sans cesse sur toi mes regards et mes bienfaits.

3. Le plus ardent de mes désirs est celui de former mon corps 1, de sanctifier mon Église, d'achever le temple que mon Père m'a ordonné de construire en son honneur. Je veux faire ce temple le plus ample et le plus parfait qui se puisse, autant que la perfection et la grandeur se peuvent accommoder l'une avec l'autre, et ayant égard à bien des règles et des circonstances qu'il n'est pas nécessaire que je te dise présentement. Ainsi, mon fils, je m'appliquerai à toi d'une manière particulière, si tu contribues aussi d'une manière particulière à la grandeur et à la perfection de mon ouvrage. Car je ne fais pas toutes choses immédiatement par moi-même ; je me sers des instruments que la nature et la grâce me fournissent. Écoute-moi attentivement, de peur de prendre le change et de tomber dans l'erreur.

4. Sache donc, mon fils, que je fais servir la nature et la grâce à mes desseins, qu'avant que d'agir, je suppose la nature, que j'en considère l'ordre, et que pour l'ordinaire, sans rien changer de ses lois, je m'en sers pour exécuter mon ouvrage. Par exemple, quoique je puisse éclairer les esprits immédiatement par moi-même, comme sagesse éternelle et cause véritable de tout ce qui se produit, et que je le puisse encore comme cause occasionnelle qui détermine infailliblement l'efficace des volontés divines; néanmoins j'ai envoyé des prédicateurs et des apôtres, et j'ai établi dans mon Église des témoins de la foi que tu es obligé de croire. Je pourrais convertir tous les hérétiques en les éclairant intérieurement. Mais la simplicité de mes voies, l'ordre que je dois suivre ne me le permet pas. Ma conduite doit porter le caractère de mes qualités. Je suis Dieu, je dois donc agir en Dieu par des voies simples, générales, uniformes et constantes. Je suis homme je dois donc agir en homme et me servir des moyens humains; je dois respecter la conduite de mon père et la simplicité de ses voies, et ne pas lui de

:

1. Joan. 4, 34. 2. Ephes. 4, 11.-3. Traité de la Nature et de la Grâce, premier discours.

mander sans raison un miracle. Je dois donc faire servir la nature à la grâce, lorsque rien ne m'oblige à en user autrement.

5. Mais, mon fils, si je fais servir la nature à la grâce, je fais bien plus servir la grâce même à la grâce. Ce n'est que par accident que la nature sert à la grâce; mais la grâce sert à la grâce et par accident et par son mérite. La nature ne mérite jamais la grâce intérieure; elle ne peut mériter que des grâces relatives, mais le bon usage de la grâce mérite des gràces intérieures aussi bien que des gràces relatives. Par gràces relatives, entends celles qui ont rapport à l'édification des fidèles, et qui par elles-mêmes ne sanctifient point ceux qui les reçoivent.

6. Par exemple, un particulier qui, par ses dispositions naturelles, est plus propre qu'aucun autre à exécuter quelqu'un de mes desseins, mérite par là que je l'y emploie, et que je lui donne les graces relatives comme le don des langues, des miracles ou d'autres dons qui étaient si fréquents lorsqu'ils étaient nécessaires à l'établissement de mon Église; mais il ne mérite pas de grâces intérieures par ses dispositions naturelles, car, tout homme étant corrompu par le péché, nul homme n'est disposé à recevoir la grâce intérieure. Un homme qui a l'imagination vive et de bons poumons, a quelques dispositions à prêcher l'Évangile; je puis donc le choisir, et l'élever, mème comme Judas, à la gràce relative de l'apostolat en vue de ces dispositions. Mais depuis le péché, il n'y a point dans l'homme de dispositions à la grâce que celles que la grâce même y met. L'homme ne peut donc mériter la grâce intérieure par les dispositions que la nature lui donne, ou par celles qu'il se donne à lui-même par les forces du libre arbitre. Mais le juste, par les dispositions qu'il acquiert avec la gràce, peut se mettre en tel état, que j'aurai pour lui plus d'égards que pour plusieurs autres.

7. J'aime, mon fils, généralement tous les justes. Ce sont les membres de mon corps; ils sont formés de ma chair et de mes os: et personne ne hait sa propre chair 1; il la nourrit au contraire et l'entretient avec soin. Mais j'ai une application particulière à ceux qui entrent dans mes desseins, qui contribuent par leurs travaux à l'édifice que je construis, et qui apportent sur le fondement que j'ai posé 2, de l'or, de l'argent, des pierres précieuses ou du bois mème et de la paille, à proportion de leurs forces 5; je perdrai au contraire ceux qui profanent la sainteté de mon temple ". Celui qui est un sujet de chute et de scandale à quelqu'un de mes enfants, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mit une pierre au cou et qu'on le jetát 1. Ephes. 5, 29, 30.

2. 1 Cor. 3, 12. -3.1 Cor. 17. 4. Matth. 18, 6.

au fond de la mer. Il s'oppose à mes desseins, il détruit ce que j'édifie, il empêche ou retarde l'œuvre de Dieu, et cause la damnation de tous les réprouvés qui naissent pendant ce retardement. L'ardeur qui me presse d'achever et d'embellir mon ouvrage, fait naître en moi mille désirs différents qui te seront extrêmement avantageux, si tu secondes mes intentions et fais servir à mes desseins les talents que la grâce et la nature t'ont donnés. Ainsi observe les règles que je vais te prescrire.

8. Lorsque tu converses parmi le monde, aie soin de l'édifier par tes manières et par ta modestie. La plupart des hommes sont plus touchés des manières qui frappent les sens, que des discours qu'on ne conçoit que par l'attention de l'esprit. On s'instruit avec plaisir par ses sens, mais toute attention de l'esprit est pénible et désagréable. Évite surtout les manières qui ont quelque chose de fier et de cavalier, principalement dans des discours qui ont rapport à la religion. Il faut s'humilier devant les hommes, mais en la présence du Dieu vivant il faut être ventre à terre. Si tu attires les regards et l'estime des autres, que ce soit pour les porter à Dieu; car l'esprit de l'homme n'est pas fait pour s'occuper de toi, ni son cœur pour s'arrêter à toi. Sois donc humble et modeste; prends la posture d'un homme qui adore; n'aie rien de fier, afin que ceux qui sont tournés vers toi se retournent comme toi vers celui que tu adores, qui seul mérite d'être adoré.

9. Avant que de parler, tâche de connaître la force et la capacité de ceux qui t'écoutent. Respecte les consciences faibles et délicates; il y en a un très-grand nombre. Prends garde que, par ton indiscrétion, tu ne sois un sujet de scandale à des personnes que j'ai lavées et purifiées dans mon sang1. Il y a bien des vérités dont tout le monde n'est pas capable. Souvent il n'y a pas grand danger à se taire, mais à parler il y en a beaucoup plus qu'on ne s'imagine.

10. On compte, mon fils, la vérité pour rien. Ainsi, lorsque la nécessité de la défendre t'oblige à rompre le silence, prends garde à toi. Celui qui l'attaque s'imaginera que tu en veux à sa personne. Il ne lui viendra pas seulement dans l'esprit, que c'est l'amour de la religion et de la morale, qui t'anime; car on ne donne point aux autres ce qu'on ne sent point en soi. Tu dois avoir égard à sa faiblesse pour ne pas blesser la charité. Appuie-donc d'abord ce qu'il dit de bon; car afin qu'il reçoive le bien que tu veux lui faire, il faut auparavant que tu dédommages son amour propre. Lorsqu'un malade aime son mal, il faut le tromper pour le guérir. Tout le monde aime ses opinions; mais l'on chérit particulièrement les 1. 1 Cor. 8, 11.

« ก่อนหน้าดำเนินการต่อ
 »