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LE CHINOIS.

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Ini-même, et sachant même de toute éternité tout ce qu'il sait devoir arriver, s'il n'avait pas fait la matière, il ne saurait pas seulement les changements qui lui arrivent, ni même si elle existe. Je vous avoue que je ne comprends pas le moindre rapport entre la volonté de votre Dieu et l'existence d'un fétu. LE CHRÉTIEN. — Hé bien, qu'en voulez-vous conclure? que l'ètre infiniment parfait ne peut pas créer un fétu? Niez donc qu'il y ait un être infiniment parfait, ou plutôt avouez qu'il y a bien des choses que ni vous ni moi ne pouvons comprendre. Mais de bonne foi, concevez-vous clairement quelque rapport entre l'action de votre Ly, quelle qu'elle puisse être, ou entre sa volonté (si maintenant vous convenez qu'il ne fait rien sans le savoir et le vouloir faire), et le mouvement d'un fétu? Pour moi, je vous avoue aussi mon ignorance je ne vois nul rapport entre une volonté et le mouvement d'un corps. Le vrai Ly m'a formé deux yeux d'une structure merveilleuse, et proportionnée à l'action de la lumière. Dès que je les ouvre, j'ai malgré moi diverses perceptions de divers objets, chacun d'une certaine grandeur, couleur, figure, et le reste. Qui fait tout cela en moi et dans tous les hommes? C'est un être infiniment intelligent et tout-puissant. Il le fait parce qu'il le veut. Mais quel rapport entre la volonté de l'être souverain et le moindre de ces effets? Je ne le vois pas clairement, ce rapport, mais je le conclus de l'idée que j'ai de cet être. Je sais que les volontés d'un être tout-puissant doivent nécessairement être efficaces, jusqu'à faire tout ce qui ne renferme point de contradiction. Quand je verrai Dieu tel qu'il est, ce que ma religion me fait espérer, je comprendrai clairement en quoi consiste l'efficace de ses volontés. Ce que je conçois maintenant, c'est qu'il y a contradiction que votre Ly puisse mouvoir un fétu par son efficace propre, si l'existence de ce fétu n'est l'effet de la volonté du vrai Ly. Car si Dieu veut et crée par conséquent, ou conserve ce fétu en tel lieu, et il ne peut le créer qu'il ne le crée dans quelque endroit, il sera où il le veut, et jamais autre part. C'est qu'il n'y a que celui dont la volonté toujours efficace donne l'existence aux corps, qui les puisse mouvoir, ou les faire exister successivement en différents lieux.

LE CHINOIS.

Cela est fort bien. Mais que répondez-vous à ma seconde preuve de l'éternité de l'étendue? n'est-elle pas démonstrative? Ne peut-on pas affirmer ce qu'on conçoit clairement? Or, quand nous pensons à l'étendue, nous la concevons éternelle, nécessaire, infinie. Donc l'étendue n'est point faite; elle est éternelle, nécessaire, infinie.

LE CHRÉTIEN.-Oui, sans doute, l'étendue, celle que vous aper

500 ENT. D'UN PIILOS. CHRÉTIEN AVEC UN PHILOS. CHINOIS. cevez immédiatement et directement, l'étendue intelligible, est éternelle, nécessaire, infinie. Car c'est l'idée ou l'archétype de l'étendue créée, que nous apercevons immédiatement; et cette idée est l'essence éternelle de Dieu même, en tant que relative à l'étendue matérielle, ou en tant que représentative de l'étendue dont cet univers est composé. Cette idée n'est point faite, elle est éternelle. Mais l'étendue dont il est question, celle dont cette idée est le modèle, est créée dans le temps par la volonté du tout-puissant. Est-ce que vous confondez encore les idées des corps avec les corps mêmes? De l'existence de l'idée qu'on aperçoit un palais magnifique, en peut-on conclure l'existence de ce palais?

Cette proposition est véritable; on peut affirmer d'une chose ce que l'on conçoit clairement être renfermé dans l'idée de cette chose. La raison en est que les êtres sont nécessairement conformes aux idées de celui qui les a faits, et que l'on voit dans l'essence de celui qui les a créés les mêmes idées sur lesquelles il les a créés. Car si nous les voyions ailleurs, ces idées, si nous les voyions, par exemple, chacun de nous dans les modifications de notre propre substance, comme Dieu n'a pas fait le monde sur mes idées, mais sur les siennes, je ne pourrais pas affirmer d'aucun être ce que je verrais clairement être renfermé dans l'idée que j'en aurais. Mais de l'idée qu'on a des êtres, on ne peut conclure l'existence actuelle de ces êtres. De l'idée éternelle, nécessaire, infinie de l'étendue, on ne peut en conclure qu'il y a une autre étendue nécessaire, éternelle, infinie; on n'en peut pas même conclure qu'il y ait aucun corps. L'être infiniment parfait voit dans son essence une infinité de mondes possibles de différents genres dont nous n'avons nulle idée, parce que nous ne connaissons pas toutes les manières dont son essence peut être participée ou imparfaitement imitée; en peut-on conclure que tous les modèles de ces mondes sont exécutés? Il est donc évident que de l'existence nécessaire des idées, on n'en peut point conclure l'existence nécessaire des êtres dont ces idées sont les modèles; on peut seulement, dans les idées des êtres, en découvrir les propriétés, parce que ces êtres ont été faits par celui-là même en qui nous voyons leurs idées.

FIN.

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