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presser les uns après les autres; et ils donnent quelque aumône chétive, foible et inutile secours : et encore ils s'estiment heureux d'échapper; au lieu qu'ils devroient courir d'eux-mêmes pour apporter du moins quelque petit soulagement à une nécessité si pressante. O dureté des cœurs! ô inhumanité sans exemple! mes chers Frères, Dieu vous en préserve! Ah! si vous aimez cette Eglise dont je vous ai dit de si grandes choses, laissez aujourd'hui, en ce lieu où elle rappelle ses enfans dévoyés, quelque charité considérable. Ainsi soit-il.

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I.E SERMON

POUR

LE I.ER DIMANCHE DE CARÊME.

SUR LES DÉMONS.

Leur existence, la dignité de leur nature et leurs forces. Principe de leur chute et ses suites. Leur haine contre nous: quels en sont la cause et les effets: comment nous devons leur résister et les combattre.

Ductus est Jesus in desertum à Spiritu, ut tentaretur à diabolo.

Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert, pour y étre tenté par le diable. Matt. IV. I.

Si la mort de Jésus est notre vie, si son infirmité est notre force, si ses blessures sont notre guérison, aussi pouvons-nous assurer que sa tentation est notre victoire. Ne nous persuadons pas, chrétiens, qu'il eût été permis à Satan de tenter aujourd'hui le Sauveur sans quelque haut conseil de la Providence divine. Jésus-Christ étant le Verbe, et la raison, et la sapience du Père, comme toutes ses paroles sont esprit et vie, ainsi toutes ses actions sont spirituelles et mystérieuses; tout y est intelligence,

tout y est raison. Mais parce qu'il est la sagesse incarnée, qui est venue accomplir dans le monde l'ouvrage de notre salut, toute cette raison est pour notre instruction, et tous ces mystères sont pour nous sauver. Selon cette maxime, je ne doute pas que comme on vous aura exposé aujourd'hui le sens profond de cet évangile, vous n'ayez bien compris les renseignemens que nous donne la tentation de Jésus. C'est pourquoi il n'est pas nécessaire que je vous entretienne par un long discours. Seulement pour satisfaire votre piété, autant qu'il plaira à notre grand Dieu m'enseigner par son Saint-Esprit, je tâcherai de vous exposer quel est cet esprit tentateur qui ose attaquer le Sauveur Jésus. Implorons les lumières célestes pour découvrir les fraudes du diable, et contre la malice des démons demandons l'assistance de la sainte Vierge, que les anges ont toujours honorée, mais particulièrement depuis qu'un des premiers de leur hiérarchie, envoyé de la part de Dieu, la salua par ces belles paroles: Ave, Maria.

QU'IL y ait dans le monde un certain genre d'esprits malfaisans, que nous appelons des démons, outre le témoignage évident des Ecritures divines, c'est une chose qui a été reconnue par le consentement commun de toutes les nations et de tous les peuples. Ce qui les a portés à cette créance, ce sont certains effets extraordinaires et prodigieux, qui ne pouvoient être rapportés qu'à quelque mauvais prin cipe et à quelque secrète vertu, dont l'opération fût maligne et pernicieuse. Les histoires grecques et romaines nous parlent en divers endroits de voix

inopinément entendues, et de plusieurs apparitions funèbres arrivées à des personnes très-graves, et dans des circonstances qui les rendent très-assurées; et cela se confirme encore par cette noire science de la magie, à laquelle plusieurs personnes trop curieuses se sont adonnées dans toutes les parties de la terre. Les Chaldéens et les sages d'Egypte, et surtout cette secte de philosophes indiens que les Grecs appellent gymnosophistes, étonnoient les peuples par diverses illusions, et par des prédictions trop précises pour venir purement par la connoissance des astres. Ajoutons-y encore certaines agitations et des esprits et des corps, que les païens mêmes attribuoient à la vertu des démons, comme vous le verrez par une observation que nous en ferons en la dernière partie de cet entretien. Ces oracles trompeurs, et ces mouvemens terribles des idoles, et les prodiges qui arrivoient dans les entrailles des animaux, et tant d'autres accidens monstrueux des sacrifices des idolâtres, si célèbres dans les auteurs profanes; à quoi les attribuerons-nous, chrétiens, sinon à quelque cause occulte, qui se plaisant d'entretenir les hommes dans une religion sacrilège par des miracles pleins d'illusion, ne pouvoit être que malicieuse? Si bien que les sectateurs de Platon et de Pythagore, qui, du commun consentement de tout le monde, sont ceux qui de tous les philosophes ont eu les connoissances les plus relevées, et qui ont recherché plus curieusement les choses surnaturelles, ont assuré comme une vérité très-constante qu'il y avoit des démons, des esprits d'un naturel obscur et malicieux: jusque-là qu'ils ordonnoient

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certains sacrifices pour les appaiser et pour nous les rendre favorables. Ignorans et aveugles qu'ils étoient, qui pensoient éteindre par leurs victimes cette haine furieuse et implacable que les démons ont conçue contre le genre humain, comme je vous le ferai voir en son temps. Et l'empereur Julien l'Apostat, lorsqu'en haine de la religion chrétienne, il voulut rendre le paganisme vénérable, voyant que nos pères en avoient découvert trop manifestement la folie, il s'avisa d'enrichir de mystères son impie et ridicule religion il observoit exactement les abstinences et les sacrifices que ces philosophes avoient enseignés; il les vouloit faire passer pour de saintes et mystérieuses institutions tirées des vieux livres de l'Empire et de la secrète doctrine des platoniciens. Or ce que je vous dis ici de leurs sentimens, ne vous persuadez pas que ce soit pour appuyer ce que nous croyons, par l'autorité des païens. A Dieu ne plaise que j'oublie si fort la dignité de cette chaire et la piété de cet auditoire, que de vouloir établir par des raisons et des autorités étrangères, ce qui nous est si manifestement enseigné par la sainte parole de Dieu et par la tradition ecclésiastique; mais j'ai cru qu'il ne seroit pas inutile de vous faire observer en ce lieu que la malignité des démons est si grande, qu'ils n'ont pu la dissimuler, et qu'elle a même été découverte par les idolâtres, qui étoient leurs esclaves, et dont ils étoient les divinités.

D'entreprendre maintenant de prouver qu'il y a des démons par le témoignage des saintes Lettres, ne seroit-ce pas se donner une peine inutile; puisque c'est une vérité si bien reconnue, et qui nous est at

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