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II.E

ILE SERMON

POUR

LE II. DIMANCHE DE CARÊME.

SUR LA PAROLE DE DIEU.

Rapport admirable entre le mystère de l'Eucharistie et le ministère de la parole. Dispositions nécessaires pour l'entendre avec fruit: comment les prédicateurs doivent l'annoncer: où il faut qu'elle soit entendue des auditeurs. Obéissance fidèle à ce qu'elle prescrit, preuve certaine et essentielle qu'on est enseigné de Dieu.

Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi bene complacui: ipsum audite.

Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dans lequel je me suis plu: écoutez-le. Matt. xvII. 51.

Je n'entreprends pas de vous raconter toute la gloire du Thabor, ni toute la magnificence de la transsiguration de notre Sauveur : je ne m'arrêterai pas à cette lumière, à cette majesté, à cet éclat qui éblouit les yeux des apôtres je ne vous dirai pas, avec saint Basile de Séleucie (1), que le soleil, plus surpris qu'au jour qu'il fut arrêté par Josué, fut étonné d'apercevoir un autre soleil plus resplendissant que lui, (1) Orat. in Transfigur. Domin.

et ce qu'il n'avoit jamais vu jusqu'à ce temps, de se voir obscurci lui-même par une lumière étrangère, lui devant qui toute autre lumière cède et disparoît.

Je m'arrête à écouter cette voix du Père céleste: C'est ici mon Fils bien-aimé, dans lequel je me suis plu : écoutez-le. Mais je ferai une remarque qui me semble très-importante. Moïse et Elie avoient paru auprès du Sauveur en grande majesté : Visi in majestate(1): la loi et les prophètes viennent lui rendre témoignage et le reconnoître. Mais ce qui nous doit faire entendre l'autorité du Seigneur Jésus, c'est que saint Marc et saint Luc ont observé qu'en même temps que fut entendue cette voix du Père céleste qui nous commande d'écouter son Fils, Moïse et Elie disparurent; ils entrèrent dans une nuée, et Jésus se trouva tout seul; Et dum fieret vox, inventus est Jesus solus (2). Que si vous me demandez d'où vient que Moïse et Elie se cachent à cette parole, je vous en expliquerai le mystérieux secret, tel qu'il nous est exposé par le docteur des Gentils dans la divine Epître aux Hébreux. « Dieu, dit le

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grand apôtre (3), ayant parlé autrefois à nos pères » en différentes manières par la bouche des pro» phètes; remarquez ces mots, autrefois, mainte» nant, dans les derniers temps, il nous a parlé par » son propre Fils ». C'est pourquoi dans le même temps Jésus-Christ paroît comme maître, Moïse et Elie se retirent; la loi, toute impérieuse qu'elle est, tient à gloire de lui céder; les prophètes, tout clairvoyans qu'ils sont, se vont néanmoins cacher dans la nuée, comme s'ils disoient au divin Jésus par (1) Luc. 1x. 31. — (2) Ibid. 36. Marc. 1x. 7. — (3) Heb. 1. 1.

cette action: Nous avons parlé autrefois au nom et par l'ordre de votre Père; Olim Deus; maintenant que vous ouvrez votre bouche, et que « l'Unique qui » étoit dans le sein du Père (1)» vient lui-même expliquer les secrets du ciel, notre commission est expirée, notre autorité se confond dans l'autorité supérieure; et n'étant que les serviteurs, nous cédons humblement la parole au Fils.

Chrétiens, c'est cette parole du Fils qui résonne de tous côtés dans les chaires évangéliques. Ce n'est plus sur la chaire de Moïse que nous sommes assis, mais sur la chaire de Jésus-Christ, d'où nous faisons retentir sa voix et son Evangile. [Venez] apprendre dans quel esprit on doit écouter notre parole, ou plutôt la parole du Fils de Dieu même; [et demandons] les prières de celle qui le conçut, dit saint Augustin, premièrement par l'ouïe; et qui, par l'obéissance qu'elle rendit à la parole éternelle, se rendit digne de la concevoir dans ses bénites entrailles. Ave, Maria.

Le temple de Dieu, chrétiens, a deux places augustes et vénérables, je veux dire l'autel et la chaire. Là se présentent les requêtes, ici se publient les ordonnances: là les ministres des choses sacrées parlent à Dieu de la part du peuple; ici ils parlent au peuple de la part de Dieu : là Jésus-Christ se fait adorer dans la vérité de son corps; il se fait reconnoître ici dans la vérité de sa doctrine. Il y a une très-étroite alliance entre ces deux places sacrées, et les œuvres qui s'y accomplissent ont un rapport

(1. Joan. 1. 18.

admirable. De l'un et de l'autre de ces deux endroits est distribuée aux enfans de Dieu une nourriture céleste : Jésus-Christ prêche dans l'un et dans l'autre. Là rappelant en notre pensée la mémoire de sa passion, et nous apprenant par même moyen à nous sacrifier avec lui, il nous prêche d'une manière muette; ici il nous donne des instructions animées par la vive voix. Et si vous voulez encore un plus grand rapport, là par l'efficace du Saint-Esprit et par des paroles mystiques, auxquelles on ne doit point penser sans tremblement, se transforment les dons proposés au corps de notre Seigneur JésusChrist; ici par le même esprit et encore par la puissance de la parole divine, doivent être secrètement transformés les fidèles de Jésus-Christ pour être faits son corps et ses membres.

C'est à cause de ce rapport admirable entre l'autel et la chaire, que quelques docteurs anciens n'ont pas craint de prêcher aux fidèles qu'ils doivent approcher de l'un et de l'autre avec une vénération semblable: et sur ce sujet, chrétiens, vous serez bien aises d'entendre des paroles remarquables de saint Augustin, qui sont renommées parmi les savans, et que je rapporterai en leur entier dès le commencement de ce discours, auquel elles doivent servir de fondement. Voici comme parle ce grand évêque : Interrogo vos, Fratres, dicite mihi, quid vobis plus videtur, verbum Dei, an corpus Christi? Si verum vultis respondere, hoc utique dicere debetis, quod non sit minus verbum Dei, quàm corpus Christi; et ideo quantá sollicitudine observamus, quando nobis corpus Christi ministratur, ut nihil ex

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ipso de nostris manibus in terram cadat, tanta sollicitudine observemus ne verbum Dei quod nobis erogatur, dum aliquid aut cogitamus aut loquimur, de nostro corde cadat : quia non minus reus erit qui verbum Dei negligenter audierit, quàm ille qui corpus Christi in terram cadere negligentia sud permiserit (1). « Je vous demande, mes Frères, laquelle de ces deux choses vous semble de plus » grande dignité, la parole de Dieu, ou le corps de » Jésus-Christ? Si vous voulez dire la vérité, vous » répondrez sans doute que la parole de Jésus» Christ ne vous semble pas moins estimable que » son corps; ainsi donc, autant que nous appor» tons de précaution pour ne pas laisser tomber à » terre le corps de Jésus-Christ qu'on nous présente, >> autant en devons-nous apporter pour ne pas lais» ser tomber de notre cœur la parole de Jésus» Christ qu'on nous annonce; parce que celui-là » n'est pas moins coupable, qui écoute négligem» ment la sainte parole, que celui qui laisse tomber » par sa faute le corps même de Jésus-Christ ». Voilà les propres termes de saint Augustin (*), qui me donnent lieu, chrétiens, d'approfondir aujourd'hui ce secret rapport entre le mystère de l'eucharistie et le ministère de la parole; parce que je ne trouve rien de plus efficace pour attirer le respect à

(1) Append. Serm. CCC, n. 2, tom. v, col. 504.

(*) Le sermon d'où ce passage est tiré, avoit été mal à propos attribué à saint Augustin dans quelques anciennes éditions de ses œuvres. Les bénédictins l'ont rejeté dans l'Appendix, comme n'appartenant à ce saint docteur, mais plutôt à saint Césaire d'Arles, mort en 542. (Edit. de Versailles.)

pas

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