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par M. Louis Dindorf dans la nouvelle édition du Thesaurus1. Sophroniscus, père de Socrate, était en effet sculpteur, épuoyλúços, mot qui, comme on sait, ne se prend pas seulement dans la signification restreinte de fabricant d'hermès 2, mais, en général, dans celle de statuaire3, et la legon proposée par M. Louis Dindorf, ὁ τοῦ ἑρμογλύφου Σωφρονίσκου, nous paraît indubitable.

On a relevé dans les écrits de saint Épiphanc des passages d'où on a voulu inférer que l'auteur du Panarion était plus versé dans l'histoire ecclésiastique que dans l'ethnographie et dans les traditions fabuleuses du polythéisme hellénique. Mais très-souvent ce qu'on a pris pour des erreurs de ce Père n'était que des altérations de son texte; il n'a, je crois, jamais prétendu que, dans l'Occident romain, il existât un peuple nommé Gaufois céceltiens, Faλλ01 Exéτio. Pétau (tome II, p. 117, D) conjecturait, Γάλλοι, Κέλτιοι ; nous préférerions Γάλλοι οἱ καὶ Κελτοί, correction proposée jadis par Joseph Scaliger dans ses notes écrites à la marge de l'édition de Bâle. La locution oi xai est très-familière à Épiphane; à la ligne qui précède immédiatement le passage cité (vol. I, p. 217, l. 2), on hit : Λατῖνοι οἱ καὶ Ῥωμαῖοι.

Tome II, p. 9o, Β: Πέλοπα τε τὸν Ταντάλου μετὰ τὸ κρεωνομηθῆναι ὑπὸ τοῦ ἰδίου πατρὸς ἀμφιάραω τοῖς ψευδωνύμοις αὐτῶν Θεοῖς. Pour donner un sens à cette phrase de l'Ancorat, on supposait qu'Epiphane, confondant les mythes d'Amphiaraüs et de Pélops, avait écrit, vπò Tоu ¡díov πατρὸς Αμφιάρεω. Pétau n' adopte point cette conjecture; il dit dans une note marginale, vitium subest huic loco, mais il n'ose pas proposer une correction. Tout devient clair cependant quand on lit avec M. Guillaume Dindorf, Qiepwuévov: «Pélops, fils de Tantale, offert à leurs divinités « mensongères, après que sa chair leur eut été distribuée par son propre père. » C'est ainsi que saint Épiphane dit ailleurs, tome II, p. 62, D, en parlant également d'enfants offerts, non comme victimes, aux faux dieux, mais au temple pour y être consacrés: Διὰ τὸ ἀφιερωθῆναι ἐν τῷ ναῷ τοὺς πρωτοτόκους παῖδας.

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Les passages que j'ai rapportés, et que l'on pourrait multiplier à l'infini, me semblent plus que suffisants pour faire connaître, autant que le comportent la nature et les bornes de ce journal, le mérite de la nouvelle édition des œuvres de saint Épiphane. Par la sagacité du phi

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1 Vol. II, col. 137, D. Comme dans Jamblique, Vie des Pythagoriciens, ch. 34 : Ερμογλύφων καὶ ἐπιδιβρίων τεχνιτῶν. — * Porphyre, dans un fragment conservé par Théodoret, Græc. aff. cur. p. 20, ligne 20 Gaisf.: Ei de dn (Socrate) puoyλugos v. Théon Progymn. vol. I, p. 230, l. 11 Walz.: Zwxpáτns ò Þaivaρέτου (sic) τῆς μαίας υἱὸς καὶ Σωφρονίσκου τοῦ ἑρμογλύφου.

lologue éminent qui en a enrichi la littérature grecque, par ce savoir si varié, si prompt, si préparé et si exact, un ensemble d'ouvrages importants, négligés depuis deux siècles, se trouve aujourd'hui dégagé des fausses leçons et des erreurs qui déparaient chaque page, pour ainsi dire, de l'ancienne édition, et que M. Dindorf relève toujours avec les ménagements d'une critique bienveillante. Mais, par cette refonte même du texte grec, celui-ci, en beaucoup d'endroits, ne se trouve plus d'accord avec la version latine que Pétau en a faite, version qui, quoique fort bien écrite, cesse aujourd'hui d'être fidèle, et que cependant beaucoup de personnes continueront sans doute à consulter. On rendrait donc, ce nous semble, un service réel à ceux qui, sans être hellénistes de profession, s'occuperont de l'histoire des premiers siècles du christianisme, si l'on tâchait de mettre dans un accord parfait l'ancienne version et le texte grec tel qu'on le lit aujourd'hui. A ce travail on pourrait en joindre un autre moins fastidieux : ce serait d'ajouter des notes historiques, où l'on chercherait à expliquer, autant que possible, les faits singuliers rapportés par saint Epiphane. Pétau, nous l'avons dit, avait déjà publié un ample commentaire sur trois ouvrages de ce Père, sur le Panarion, l'Ancorat et le Traité des poids et mesures, commentaire où l'on retrouve l'érudition variée du savant théologien d'Orléans; aussi M. Dindorf a-t-il fait réimprimer ces éclaircissements et ces notes dans le cinquième volume de la nouvelle édition (p. LXXV-342); ils y sont précédés (p. XXIX-LXXIV) de la Vie de saint Epiphane composée par Daniel Papebroch avec une candeur qui n'exclut ni l'exactitude ni même la sagacité; elle est reproduite ici d'après un volume des Bollandistes 1. Ces travaux, vu le temps où ils furent entrepris, sont fort remarquables; mais Pétau, ainsi que Papebroch, manquait des nouveaux moyens que, depuis le temps où ils vécurent, les progrès des études philologiques et une connaissance plus approfondie des systèmes spiritualistes de l'Asie intérieure ont mis à la disposition de l'Europe savante. La critique moderne parviendrait peut-être, mieux qu'on ne pouvait le faire au dix-septième siècle, à révéler l'origine, la connexité et l'influence de quelques-unes de ces étranges doctrines que saint Épiphane combat sans ménagement, quand elles s'écartent trop de ce qui, sous le nom vulgaire de sens

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1 Acta sanctorum Maii, tome III, die 12, p. 36 de l'éd. de Venise. fais ici que traduire, en quelque sorte, le jugement de M. Dindorf, vol. V, p. 111: Animadversiones (le commentaire de Pétau) etsi nec priorum temporum viris doctis satisfecerint neque hodie cuiquam sint satisfacture, amplum tamen continent variæ doctrine apparatum, utilissimum futurum viris doctis qui in illustrando hoc scriptore dignam nostra ætate operam ponere volent, etc.

commun, aurait dû guider les hommes en tout temps et dans tout pays.

Quoi qu'il en soit, nos lecteurs apprendront avec plaisir que plusieurs philologues de mérite, marchant sur les traces de M. Guillaume Dindorf, se livrent à des travaux ayant pour objet les textes des Pères grecs. Sans doute, aussi longtemps que subsistera la civilisation de l'Europe, on ne cessera de chercher dans la littérature hellénique profane les objets de notre admiration et de notre respect; on y trouvera les sources du beau et d'éternels modèles offerts à notre imitation. Mais, à certains égards, la littérature grecque sacrée nous touche plus directement. Elle est immense; elle se lie à nos croyances religieuses; dès son origine le germe des idées qui devaient triompher plus tard y fut déposé par des âmes pures et des caractères courageux. Un sentiment d'humanité, sans distinction de race, de pays, de Grecs et de barbares, se manifeste partout dans leurs écrits, depuis saint Irénée jusqu'à saint Basile le Grand et à saint Grégoire de Nazianze, dont les ouvrages, totalement revus par des savants habiles, ont été publiés depuis un certain nombre'd'années 1. Nous nous proposons de rendre compte dans notre journal de quelquesunes de ces nouvelles éditions, dussions-nous encourir le reproche et éprouver nous-même le regret de ne pas remplir une tâche si difficile d'une manière digne de son objet.

HASE.

1 Nous ne citerons ici que le nouveau travail sur les fragments de saint Irénée. Originaire de l'Asie Mineure, mort en 202, sous le règne de Septime Sévère, évêque de Lyon, adversaire constant des Gnostiques, saint Irénée commence la longue chaîne des docteurs de l'Église gallicane. C'est le texte adopté par Grabe (Oxoniæ, 1702, in-fol.) qui a servi de base à la nouvelle édition intitulée: Irenæi, episcopi Lugdunensis, quæ supersunt omnia... Edidit Adolphus Stieren, Lipsiæ, T. O. Weigel, 2 volumes in-8°.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

L'Académie française a tenu, le jeudi 26 mars, une séance publique pour la réception de M. Octave Feuillet. M. Vitet a répondu au récipiendaire.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

M. Desprez, membre de l'Académie des sciences, est mort à Paris le 15 mars 1863.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

De la Psychologie de Platon, par A. Ed. Chaignet, professeur au Prytanée impérial militaire de La Flèche, docteur és lettres. Paris, 1863; A. Durand, libraire; in-8°, 483 pages. Après tant de travaux sur la psychologie de Platon, on lira encore avec beaucoup de fruit l'ouvrage de M. Chaignet. L'exposition du système psycho

logique du disciple de Socrate est aussi complète et aussi exacte qu'on puisse le désirer. Les mérites incomparables de cette grande théorie ont été mis en pleine lumière, et les erreurs en ont été signalées avec une respectueuse critique. Le style de M. Chaignet est plein de vigueur et de sobriété, surtout il est d'une clarté irréprochable. Cette longue et savante étude est la thèse qu'a soutenue l'auteur pour son doctorat; et, de l'aveu des juges les plus compétents, la Sorbonne a bien rarement accueilli des travaux aussi distingués et aussi satisfaisants.

Mémoires de lord Herbert de Cherbury, ambassadeur en France sous Louis XIII, traduits pour la première fois en français par le comte de Baillon. Paris, imprimerie de Ch. Lahure, librairie de Techener, 1863, in-4° de xv-214 pages. Plus d'un genre de célébrité s'attache au nom de lord Herbert de Cherbury, qui fut à la fois guerrier, diplomate, historien, philosophe, poëte, et dont les galanteries et les duels ont longtemps occupé l'attention en Angleterre. L'excentricité de sa vie, l'importance des événements auxquels il a été mêlé donnent un vif intérêt à ses mémoires, qu'Horace Walpole fit imprimer pour la première fois à Strawberryhill en 1764, d'après le manuscrit appartenant à la famille Herbert. Publié de nouveau à Londres en 1770, puis à Édimbourg en 1809 avec des additions attribuées à sir Walter Scott, cet ouvrage n'avait jamais été traduit en français. L'élégante version de M. le comte de Baillon reproduit fidèlement le texte de ces curieux mémoires; on saura gré au traducteur d'avoir complété son travail en donnant, d'après l'édition d'Édimbourg, un chapitre supplémentaire qui fait connaître les dernières années de la vie de lord Herbert et plusieurs lettres de ce personnage adressées au roi Jacques I, au duc de Buckinghain, au secrétaire d'État Naunton et à sir Henri Herbert, frère de l'auteur.

Voltaire. Lettres inédites sur la tolérance, publiées avec une introduction et des notes, par Athanase Coquerel fils, auteur de Jean Calas et sa famille. Paris, imprimerie de Thunot, librairie de Cherbuliez, 1863, in-12 de x11-308 pages. — Cette précieuse correspondance de Voltaire, presque entièrement inédite, est tirée principalement de la collection Turner, conservée au British Museum et des manuscrits du ministre protestant Paul Moultou. Elle se compose de cent vingt-six lettres, dont trente-huit seulement avaient déjà été publiées dans une brochure de M. le pasteur Gaberel imprimée à Genève. Il s'agit d'abord, et surtout, dans ces lettres, de l'affaire Calas, qui passionna si vivement l'opinion publique. Voltaire s'y montre ardemment dévoué à cette noble cause et infatigable dans ses efforts pour la faire triompher. D'autres lettres sont relatives au procès analogue des Sirven, et les dernières, adressées au ministre Moultou à propos des protestants français, attestent le zèle que mit notre grand écrivain à leur faire rendre justice. C'est donc, comme le remarque M. Athanase Coquerel, l'idée de la tolérance en matière de religion qui fait le fond et l'unité de ce volume. On lira avec intérêt une introduction dans laquelle l'éditeur passe en revue les événements et les personnages qui figurent dans ce recueil.

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L'aliéné devant la philosophie, la morale et la société, par Albert Lemoine, professeur de philosophie au lycée Bonaparte. Paris, imprimerie de Bourdier, librairie de Didier, 1862, in-8° de vi1-552 pages. Ce n'est pas au point de vue médical l'auteur de ce livre considère l'aliéné. M. Albert Lemoine cherche à résoudre les questions délicates que la folie offre souvent au psychologiste, au moraliste, au jurisconsulte. Après avoir examiné les définitions diverses qu'on a données de l'aliénation mentale, et apprécié, comme philosophe, les causes qu'on lui attribue, il en passe rapidement en revue les principaux types, et conclut, dans un dernier

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