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aux supérieures, qu'elles sont dans un mouvement, et, pour parler. comme M. Darwin, dans un progrès perpétuel.

A Lamarck succéda Geoffroy Saint-Hilaire il n'était pas fait pour rasseoir les esprits; la doctrine de la mutabilité ne fit que s'accroître de plus belle; on s'y habitua.

Enfin l'ouvrage de M. Darwin a paru. On ne peut qu'être frappé du talent de l'auteur. Mais que d'idées obscures, que d'idées fausses! Quel jargon métaphysique jeté mal à propos dans l'histoire naturelle, qui tombe dans le galimatias dès qu'elle sort des idées claires, des idées justes. Quel langage prétentieux et vide! Quelles personnifications puériles et surannées! O lucidité! O solidité de l'esprit français, que devenez-vous?

Je laisse M. Darwin.

Je reviens à la question même de l'Origine des espèces.

Je l'ai déjà dit, pour les êtres organisés, il n'y a que deux origines. possibles: la génération spontanée ou la main de Dieu.

La génération spontanée! mais comment l'admettre? Tout la repousse. Ce n'est que dans les siècles de la plus affreuse ignorance qu'on a pu l'admettre pour les animaux supérieurs, pour l'homme. Aristote ne l'a jamais admise qu'à son corps défendant, même pour les animaux inférieurs, même pour les insectes.

Il reconnaît que la plupart des insectes, les araignées, les sauterelles, les criquets, les cigales, les scorpions, etc. naissent d'un œuf et viennent de parents de la même espèce. C'est qu'il avait étudié la génération de ceux-là. Pour les autres, l'observation lui manque; et ici ce n'est que par l'observation seule qu'on arrive à la vérité.

La question de la génération spontanée est une question expérimentale ce n'est que lorsque l'on a su faire des expériences qu'elle a été vidée.

Redi a commencé. Le xvII° siècle n'a rien, en ce genre, de plus beau que les admirables expériences de Redi sur la génération des insectes. Personne n'ose dire, depuis Redi, que les insectes viennent de génération spontanée 1.

On le disait encore, il y a quelques années, des vers parasites; depuis M. Van Beneden on ne le dit plus 2.

On le disait, il y a quelques jours, des infusoires; depuis M. Balbiani on ne le dit plus3.

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On ne le dit plus du tout, et pour aucun animal, depuis M. Pasteur. M. Pasteur a vidé la question.

En effet, d'où les animalcules, prétendu produit de la génération spontanée, peuvent-ils venir?

De l'air? mais, de l'air pur, on ne tire rien. Des liqueurs putrescibles qu'on y expose? mais (et c'est là l'expérience propre de M. Pasteur) M. Pasteur a prouvé «qu'il est toujours possible de prélever, en un lieu déterminé, un volume notable, mais limité, d'air ordinaire n'ayant subi aucune espèce de modification physique ou chimique, et « tout à fait impropre néanmoins à provoquer une altération quelconque « dans une liqueur éminemment putrescible1.»

Évidemment, ou il n'y a point de génération spontanée, ou il doit y avoir des animaux générés, des animaux produits, partout où se trouvent à la fois de l'air et des liqueurs putrescibles.

La génération spontanée n'est donc pas.

Des deux origines que j'ai posées pour tout être organisé, il n'en reste donc qu'une la main de Dieu.

Mais, dès qu'on remonte à la main de Dieu, tout change. Ce n'est plus une vaine nature, une nature personnifiée, et que chacun personnifie comme il lui plaît, que l'on a en face, mais un art, et un grand art. On passe des systèmes puérils des hommes à la réalité des choses; et, dès qu'on en est là, on voit bien vite ce que l'on sait, ce qu'on peut savoir, ce qu'on ignore: il n'y a plus d'illusion possible.

J'admire toujours la clairvoyance d'un des esprits les plus justes qu'il y ait eu, et des plus profonds même, quoique sous les formes les plus piquantes, de Voltaire.

« Freind. Et si je vous disais qu'il n'y a point de nature, et que dans nous, autour de nous, et à cent mille millions de lieues, tout est art sans aucune exception.

Birton. Comment! tout est art? en voici bien d'une autre!

Freind. Presque personne n'y prend garde; cependant rien n'est plus vrai. Portez vos yeux sur vous-même; examinez avec quel art étonnant, et jamais assez connu, tout y est construit. Les secours, dans le corps, sont si artificieusement préparés de tous côtés, qu'il n'y a pas une seule veine qui n'ait ses valvules, ses écluses, pour ouvrir au sang ses passages. Depuis la racine des cheveux jusqu'aux orteils des pieds, tout est art, tout est préparation, moyen et fin2...............»

1

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2

.....

Comptes rendus, t. LVII, p. 724. - Histoire de Jenni, t. XXXIV, p. 388 (édition de Beuchot).

Un autre esprit, souverainement juste aussi, Cuvier, portait sur la nature le même coup d'œil vaste et sûr.

<«<L'histoire naturelle, dit-il, a un principe rationnel qui lui est parti<< culier, et qu'elle emploie avec avantage en beaucoup d'occasions; c'est «< celui des conditions d'existence, vulgairement nommé des causes finales. « Comme rien ne peut exister, s'il ne réunit les conditions qui rendent << son existence possible, les différentes parties de chaque être doivent « être coordonnées de manière à rendre possible l'être total, non-seule<«<ment en lui-même, mais dans ses rapports avec ceux qui l'entourent; « et l'analyse de ces conditions conduit souvent à des lois générales << tout aussi démontrées que celles qui dérivent du calcul et de l'expé<<rience 1. >>

C'est le principe des conditions d'existence qui a conduit Cuvier à la reconstruction de toutes les espèces fossiles, et qui nous a valu la paléontologie.

Ör, quand on en est venu là, quand on a pénétré aussi avant dans l'organisation des êtres vivants, peut-on s'amuser encore à quelque petit système, et s'imaginer que l'élection naturelle de M. Darwin suffit pour y rendre raison de tout?

FLOURENS.

VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE dans la régence de TuNIS, exécuté en 1860 et publié sous les auspices et aux frais de M. H. d'Albert, duc de Luynes, membre de l'Institut, par V. Guérin, ancien membre de l'Ecole française d'Athènes, membre de la Société géographique de Paris, etc., ouvrage accompagné d'une grande carte de la Régence et d'une planche reproduisant la célèbre inscription bilingue de Thugga. Paris, 1862, deux volumes in-8°, de 438 et 395 pages.

TROISIÈME ET DERNIER ARTICLE 2.

Nous avons dit, à la fin de l'article précédent, que M. Guérin se pro

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2

Le Règne animal, t. I, p. 5. — Voir, pour le premier article, le cahier de juin, p. 333; pour le deuxième article, le cahier de septembre, p. 554.

3

posait, dans une seconde excursion, de parcourir la vallée du Bagrada et d'explorer la contrée où deux races ennemies se rencontrèrent jadis, l'une européenne, joignant au génie militaire celui de la législation; l'autre sémitique, mêlant la conquête au commerce, spéculant sur la guerre, devenue puissante par la navigation et le trafic plus encore que par l'industrie. Cependant, avant de se diriger vers le sud-ouest, notre voyageur résolut d'explorer les régions septentrionales de la Régence. Parti de Tunis, le 25 mai 1860, il visita les ruines d'Utique (BouChater), de Membrone, Cotuza, Hippo-Diarrhytos (Bizerte), Thimida. Avant d'arriver à cette dernière ville il découvrit et estampa une épitaphe curieuse, celle de Muthumbal, prêtre du dieu Adonis, et mort à quatre-vingt-douze ans (p. 27):

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Le nom de ce prêtre, Muthumbal, mérite d'être remarqué. Dans la Gaule comme en Espagne, les noms propres romains, à partir du siècle des Antonins, remplacent presque partout les noms indigènes; mais il n'en est pas de même en Afrique, où l'on rencontre des noms puniques dans les épitaphes de toutes les époques. Cette particularité s'explique, ce nous semble, par la durée de la langue phénicienne parlée par une partie au moins de la population des campagnes jusqu'au moment où les Arabes, cette formidable arrière-garde du monde sémitique, s'ébranlant de leurs déserts, absorbèrent la race indigène et anéantirent la population latine.

La même inscription nous fait encore connaître le nom d'une ancienne localité, Hisita, ou, d'après la conjecture de M. Guérin, Thisita. Les auteurs n'en parlent point, si ce n'est peut-être Ptolémée, qui place, non loin de la mer, une ville appelée Oíoixa dans nos éditions1.

Après avoir quitté le littoral qui forme l'extrémité septentrionale de la province proconsulaire, M. Guérin, se dirigeant vers le sud-ouest, arriva à Vaga, aujourd'hui Béja. Cette ville a conservé à peu près intacte son ancienne enceinte byzantine, construite par ordre de Justinien2 et bâtie avec des matériaux de toutes sortes enlevés à des monu

1

2

268, 1. 8. — ' Ταύτην ἐρύματι ἐχυρωτάτῳ περιβαλὼν Ιουστινιανὸς

Géogr. p. 268, 1. 8.

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ments plus anciens. Vaga paraît avoir renfermé alors une population latine fort considérable, et, plus que dans beaucoup d'autres villes de la Tunisie, le christianisme y a laissé des traces nombreuses. Des épitaphes y montrent encore le monogramme du Christ . Sur une pierre à moitié brisée, M. Guérin lut les mots QVI IN DEO. CONFIDIT SEMPER VIVET, devise consolante, mais qui prouve que la population byzantine de Vaga était loin de pressentir l'avenir prochain et l'anéantissement complet vers lesquels elle marchait; enfin la mosquée principale de la ville offre tous les caractères d'une ancienne. basilique. Au dire du cadi et du mufti, questionnés par notre voyageur, ce sanctuaire aurait même été honoré de la présence de Jésus-Christ, que les musulmans vénèrent, sinon comme le fils de Dieu, du moins comme le plus saint et le plus auguste des prophètes envoyés par la Providence, pour préparer les voies à Mahomet.

L'opulente cité de Sicca Veneria portait aussi le nom de colonia Julia Cirta nova. Bien déchue aujourd'hui, appelée El-Kef par les Arabes, elle était située sur un affluent du Bagrada. Parmi les nombreuses inscriptions que M. Guérin y a recueillies, il y en a une en l'honneur de Publius Licinius, procurateur de l'empereur Marc-Aurèle (p. 59). Elle nous apprend que ce magistrat avait légué à la ville de Sicca une somme très-considérable d'argent, dont les intérêts annuels devaient être employés, à perpétuité, à nourrir trois cents jeunes garçons et deux cents jeunes filles; les premiers, depuis trois ans jusqu'à quinze; les secondes, depuis trois ans également jusqu'à treize. On dirait qu'en pourvoyant aux besoins et à l'éducation de tant d'enfants ce généreux citoyen ait voulu faire oublier, par son legs magnifique, le honteux moyen employé jadis par les jeunes femmes de Sicca pour acquérir de l'aisance: en sortant du temple de Vénus elles s'amassaient une dot au prix de la pudeur 1.

Une autre inscription date de l'an 208 de notre ère. Appartenant aux dernières années du règne de Septime-Sévère, elle rappelle le temps où ce prince défiant et sombre, agité sans cesse par le soin pénible, non d'acquérir, mais de conserver un empire, sacrifiait aux excessives précautions qu'il prenait pour sa sûreté tous ceux qui avaient le malheur de lui donner le plus léger ombrage. Des exécutions sanglantes se succé

βασιλεὺς πόλιν τε διεπράξατο καὶ τοὺς οἰκήτορας ἐν τῷ ἀσφαλεῖ διασώσασθαι οἵαν Te elval. (Procope, De ædif. VI, v.) 1 Siccæ fanum est Veneris in quod se matronæ conferebant, atque inde procedentes ad quæstum, dotes corporis injuria « contrahebant.» (Valère-Maxime, II, vi, 15.)

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