ภาพหน้าหนังสือ
PDF
ePub

lation romaine dans l'Afrique proconsulaire, ces inscriptions ne deviennent nombreuses qu'à partir du règne de Trajan.

er

M. Guérin rentra dans la capitale du beylick, le 1° août 1860; il la trouva dans une agitation extrême. On y était informé des massacres qui, à la grande satisfaction de la population moresque, avaient ensanglanté la Syrie; une explosion semblable du fanatisme musulman toujours vivace, toujours fécond en crimes quand il se flatte de l'impunité, était à craindre dans le nord de l'Afrique. Déjà un chérif, se prétendant issu de Mahomet, avait ourdi un complot contre les chrétiens et prêché la guerre sainte avec un tel succès, que beaucoup de personnes conseillèrent à notre voyageur d'attendre les événements, et de ne plus poursuivre ses explorations dans l'intérieur de la Régence. Mais M. Guérin n'avait encore vu ni la région montagneuse du Zaghouan sur la rive droite du Bagrada, ni la ville de Kaïrouan, capitale religieuse de la Tunisie. Plein de confiance dans la fortune, qui jusque-là avait aplani des difficultés sans cesse renaissantes, il résolut de se remettre en route à l'instant même, et, le 3 août, il commença sa quatrième et dernière exploration.

Elle ne fut pas moins profitable à la science que les précédentes. S'appuyant toujours sur le témoignage des monuments épigraphiques, tempérant la sécheresse presque inévitable d'une longue énumération par quelques traits piquants, par l'exposé des traditions légendaires, par des épisodes qui font connaître l'état actuel du pays et qui animent le récit, M. Guérin décrit les débris des villes antiques qui existaient jadis dans ces vallées, aujourd'hui solitaires, et dont il a pu fixer la position. Mais les détails sont ici trop multipliés pour que nous puissions entreprendre de les parcourir ou même de les indiquer. Disons seulement que le village actuel de Bent-Saïdan a remplacé la cité romaine de Zucchara, comme Shaw l'avait déjà conjecturé (p. 346). En outre, personne n'avait encore signalé les ruines importantes que notre voyageur découvrit à quatre lieues sud-ouest de Zucchara, au milieu d'une épaisse forêt (p. 354). Elles sont appelées Oum-el-Abouab par les Arabes. M. Guérin y reconnut un théâtre, un amphithéâtre, une citadelle et quatre portes triomphales sur l'une desquelles il lut le nom ancien de la ville, MVNICIPIVM SERESSITANVM, nom qui n'est cité par aucun auteur ancien et ne se trouve dans aucun itinéraire. Cependant ce municipe devait être d'une certaine importance. Un riche citoyen, Felix Armenianus, sa mère et sa sœur, contribuèrent par leurs largesses à l'embellissement de cette même porte triomphale, et, ce qui ne se voit pas très-souvent dans nos cités modernes, même dans les

capitales, la ville, à ses frais, décora le sommet du monument par un quadrige sans doute coulé en bronze: AD AMPLIANDA ORNAMENTA QVADRIGAM PVBLICA PECunia FECit.

Ce fut le 30 août 1860 que M. Guérin revint à Tunis. Pendant cette quatrième excursion il avait examiné, à plusieurs reprises, le fameux aqueduc qui conduisait à Carthage la quantité d'eau nécessaire à ses nombreux habitants; d'après l'opinion très-probable de l'auteur (p. 298), ce magnifique ouvrage, l'un des travaux les plus grandioses que les Romains aient exécutés en Afrique, aurait été entrepris sous Adrien et terminé sous Septime-Sévère. On lira aussi avec intérêt ce qu'il dit de ses efforts, non moins habiles que persévérants, pour conjurer le fanatisme héréditaire et comme incurable de la population de Kaïrouan : il réussit, non sans peine, à obtenir l'autorisation de visiter cette ville, peut-être le Vicus Augusti des Itinéraires, aujourd'hui véritable métropole de l'islamisme africain, cité sainte où le croissant domine sans partage. M. Guérin y resta pendant trois jours (p. 325), mais on lui permit à peine d'approcher de la grande mosquée, qui, malgré l'ampleur de ses proportions, ne lui parut pas répondre à la renommée extraordinaire dont elle jouit dans toute la Régence.

A la fin du second volume, dont nous terminons ici l'analyse, se trouvent deux tables des noms géographiques mentionnés dans l'ouvrage, l'une contenant les noms antiques, l'autre, les dénominations modernes. Le premier volume est enrichi d'une carte détaillée, dessinée sous la direction de l'auteur d'après ses itinéraires et les nombreux documents du dépôt de la guerre. Gravée sous les auspices et aux frais de M. le duc de Luynes, elle comprend tout le beylick, depuis Tunis jusqu'au désert de Sahara.

Le 11 septembre 1860, M. Guérin s'embarqua à la Goulette pour rentrer en France; il avait recueilli cinq cent soixante-huit inscriptions, dont vingt-huit puniques, une libyque, trois coufiques, cinq cent trentesix latines. Elles éclairent d'une nouvelle lumière l'histoire et la géographie de la Numidie, de la Zeugitane et de la Byzacène, mais il faut les lire et les étudier dans l'ouvrage même; car, quelque longue que soit l'analyse que nous avons donnée de ces deux volumes, nous n'avons pu indiquer qu'une petite partie des notions toutes remplies d'intérêt et des faits curieux qu'ils contiennent. Ils nous aident à mieux connaître l'organisation intérieure de ces populations lettrées et riches qui avaient leurs conseils municipaux et leurs poëtes, leurs temples et leurs arcs de triomphe. Plus d'une fois M. Guérin a été obligé de modifier les copies d'inscriptions publiées par ses prédécesseurs; mais, quand il croit avoir

mieux lu ou mieux deviné qu'eux, il s'exprime toujours avec ces égards qui font de la contradiction un hommage. Préparé par des études antérieures à des travaux qu'il affectionne et dont il connaît les difficultés, il a accompli honorablement la tâche qu'il s'était imposée, et nous pensons que la lecture de son ouvrage inspirera à tout critique impartial l'estime due au savoir de M. Guérin, à son zèle éclairé, à son courage et à l'importance de ses découvertes.

[ocr errors]

HASE.

Dans le journal des Débats du 13 septembre 1863, M. Jules Duval donne quelques détails intéressants sur une nouvelle mission scientifique dont M. Guérin s'est chargé pour explorer la Syrie.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

Dans sa séance du 11 décembre, l'Académie des inscriptions et belles lettres a élu M. Jourdain en remplacement de M. Berger de Xivrey, décédé.

ACADÉMIE DES SCIENCES.

Dans sa séance du 14 décembre, l'Académie des sciences a élu M. Naudin à la place vacante, dans la section de botanique, par le décès de M. MoquinTandon.

ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

M. Émile Saisset, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, est

mort à Paris,

le 27

décembre.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Lettres, instructions et mémoires de Colbert, publiés d'après les ordres de l'Empereur, sur la proposition de Son Exc. M. Magne, ministre secrétaire d'État des finances, par Pierre Clément, membre de l'Institut; t. II, I" partie: finances, impôts, monnaies; Il partie industrie, commerce. Paris, Imprimerie impériale, 1863, un volume in-8 (en deux parties), de CCLXXXVIII-930 pages. - Če second volume de l'importante publication confiée aux soins de M. Pierre Clément s'ouvre par une introduction dans laquelle le savant éditeur apprécie, d'après les documents qu'il met en lumière, l'administration de Colbert en ce qui concerne les finances, l'industrie et le commerce. Cette introduction est un travail très-développé et très-approfondi, qui sera consulté avec fruit pour l'étude d'une partie considérable du règne de Louis XIV. Les pièces réunies dans ce volume sont en très-grand nombre et d'un intérêt historique que nous regrettons de ne pouvoir signaler ici avec quelque détail. Des index et des tables, rédigés avec soin, permettent de consulter sans peine ces précieux documents. Dans les volumes suivants, l'éditeur fera connaître, par la correspondance de Colbert, ce que ce ministre fit pour la marine, pour l'administration provinciale, les travaux publics, les forêts, l'agriculture et les haras, les académies, les lettres et les beaux-arts.

carles.

[ocr errors]

Relations politiques et commerciales de l'empire romain avec l'Asie orientale pendant les premiers siècles de l'ère chrétienne, par M. Reinaud, membre de l'Institut, profes seur d'arabe à l'École spéciale des langues orientales. Paris, Imprimerie impériale, librairie de Benj. Duprat et de A. Durand, 1863, in-8° de 339 pages, avec quatre Ce nouvel ouvrage de M. Reinaud se recommande par l'intérêt du sujet et la nouveauté des aperçus. Les relations de l'empire romain avec le monde oriental ont été presque inconnues jusqu'ici, les historiens latins ne nous fournissant sur ce point que des notions insuffisantes. M. Reinaud a recueilli, chez les poëtes du règne d'Auguste et chez quelques-uns de leurs successeurs, de précieux témoignages; et, en rapprochant ces données de celles que fournissent les sources orientales, il est arrivé à constater que, depuis le 1 jusqu'au v° siècle de notre ère, il a existé, entre le monde romain et l'Orient, des rapports beaucoup plus fréquents qu'on ne l'avait cru. Parmi les faits intéressants que l'auteur met en lumière, nous signalerons une ambassade chinoise envoyée à Auguste, ainsi que plusieurs expéditions parties de Rome sous Marc-Aurèle, et, plus tard, de Constantinople, pour la Chine et les contrées voisines. Dans la seconde partie de ce mémoire, M. Reinaud étudie la situation de l'Inde et de la Chine à l'époque qui correspond aux premiers temps de l'empire romain, en faisant usage, pour ce travail, de témoignages d'historiens chinois, indiens, arabes et persans, qui n'avaient pas encore été rapprochés et discutés. La troisième partie reprend la suite des événements à partir de la fin du règne d'Au

guste, et continue le récit jusqu'au vi° siècle, époque à laquelle le nom romain cesse d'exercer son influence dans l'extrême Orient. On remarquera encore dans ce mémoire une savante étude sur le système géographique des Romains.

[ocr errors]

Théâtre d'Aristophane, scènes traduites en vers français, par Eugène Fallex, professeur de seconde au lycée Napoléon, 2° édit. Paris, imprimerie de Raçon, librairie d'Aug. Durand, 1863, deux volumes in-12 de 260 et 308 pages. Les extraits d'Aristophane, traduits en vers par M. Fallex, ont obtenu déjà un légitime succès. Cette seconde édition sera sans doute mieux accueillie encore que la première, car l'auteur y a doublé à peu près le nombre des scènes qu'il avait publiées de chaque pièce, en les accompagnant d'analyses suffisantes pour donner une idée de la pièce entière. M. Fallex a, de plus, reproduit quelques-uns des chœurs du poëte grec, et il a joint à son recueil une traduction complète du Plutus, qu'il avait donnée à part il y a quinze ans. Ces deux volumes offriront donc tout ce qu'il y a d'exquis dans Aristophane.

Daphnis et Chloé, ou les pastorales de Longus, traduites du grec par J. Amyot, nouvelle édition revue, corrigée et complétée. Paris, imprimerie de Lahure, librairie de Leclère, 1863, in-8° de XLVI-205 pages. La traduction d'Amyot est, aux yeux des bons juges, la seule qui rende toute la grâce naïve du roman de Longus. L'imitation qu'en a faite, en style du xvi' siècle, Paul-Louis Courier, n'a pas fait oublier ce chef-d'œuvre de notre vieille langue. Les amis des lettres françaises ne peuvent donc qu'accueillir favorablement une reproduction fidèle, et en mêine temps améliorée de la traduction d'Amyot. La tâche était délicate à plusieurs points de vue; la forme primitive de cette œuvre charmante avait été successivement altérée dans les éditions du xvir et du xvIII° siècle, et pourtant il était impossible de se borner à réimprimer la première, celle de 1559, après les changements qu'a reçus le texte grec, fixé aujourd'hui par les travaux des philologues et complété par le fragment inédit que Courier découvrit à Florence en 1809. La publication que nous annonçons nous paraît satisfaire très-heureusement à ces diverses exigences. Le nouvel éditeur restitue dans sa forme première, et même avec son orthographe, le français d'Amyot, en corrigeant, de la main la plus attentive et la plus légère, les inexactitudes et les erreurs de la traduction, et en y ajoutant le fragment de Florence d'après la version de Courier. Les soins judicieux donnés à ce travail, l'intéressante introduction placée en tête du volume sous le titre de lettre critique attestent, chez l'éditeur anonyme, beaucoup de savoir et beaucoup de goût.

Caritas, poésies, par Me Ernestine Drouet. Paris, imprimerie de Simon Raçon, librairie de Dentu, 1863, in-12 de 283 pages. M Ernestine Drouet, dont le premier ouvrage a obtenu, à l'Académie française, le prix de poésie, a réuni dans ce volume, où le poëme couronné, La sœur de charité au XIX' siècle, occupe naturellement la première place, un grand nombre de pièces fort dignes de celle qui paraît avoir donné son titre au recueil. Ce recueil, qui mérite les plus sérieux encouragements, témoigne d'un talent en progrès. Les sentiments en sont élevés et purs; la poésie en est vive, simple et naturelle; elle a de l'attrait et semble le produit de l'inspiration plus encore que du travail. M Ernestine Drouet, une pièce charmante nous l'apprend, est une élève de Béranger, et fait honneur à son maître.

L'Arise, romancero religieux, héroïque et pastoral, par Napoléon Peyrat. Paris, imprimerie et librairie de Ch. Meyrueis, 1863, in-12 de x11-355 pages.-M. N. Peyrat est un poëte des Pyrénées qui chante, en vers énergiques, souvent heureux, les souvenirs de sa terre natale. Son recueil, composé de cinquante ballades, a pour titre le nom d'un torrent de ses montagnes, l'Arise. On trouve, à la fin du volume,

« ก่อนหน้าดำเนินการต่อ
 »