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D'après Luc : « Il y avait un homme qui avait été envoyé en prison, à cause d'une certaine sédition, faite dans la ville et accompagnée de meurtre'. »

Voilà donc la qualité du prisonnier rétablie avec trop d'évidence pour avoir besoin d'aucune autre réflexion. C'était un personnage insigne et populaire du pays, englobé dans une affaire de sédition, dans quelqu'un des fréquents mouvements suscités contre les dominateurs étrangers et provoqués plus d'une fois par leurs exactions et leurs outrages.

Quant à son nom arbitrairement enlevé, il est surtout de nature à faire mieux comprendre l'alternative laissée par le procurateur dans l'appel au peuple. Tout comme Bar-Miriam ou le fils de Marie le prisonnier s'appelait Jésus, et Origène nous en a conservé le souvenir. « Dans un grand nombre d'exemplaires des Évangiles,» dit ce père de l'Église, on a effacé que le fils d'Abbas, Bar-Abbas était aussi nommé Jésus. » Et certes on a eu raison: il fallait empêcher que ce

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pluriel. L'effet de ce singulier est d'attribuer directement au prisonnier le meurtre que le pluriel de l'original reporte en général sur les séditieur. La traduction française catholique a naturellement reproduit la même inexactitude. « Erat autem; » dit la Vulgate, « qui cum seditiosis erat vinctus, qui in seditione fecerat (lisez au pluriel fecerant) homicidium.» (Marc, xv, 7.)

Qui erat propter seditionem quamdam factam in civitate et homicidium, missus in carcere. (Luc, xxIII, 19.)

nom de Jésus fût donné à quelqu'un des iniques'.

Enfin, lorsque la résolution du peuple et l'élargissement du fils d'Abbas eurent tout conclu, quelle fut la conduite de ce même procurateur qui, pour se décharger de toute responsabilité, a été dépeint, se lavant les mains avec une affectation si manifeste? Jésus n'a plus affaire aux Juifs. Le pouvoir exécutif s'en est emparé; il est dans le prétoire romain au milieu des soldats et sous les yeux de Pilate. Aucun grand intérêt religieux, aucune grande passion n'agite ce dernier.

Selon l'histoire évangélique, Pilate prit Jésus et le fit flageller. Jusque-là on peut invoquer les usages du temps. Mais les soldats romains ayant assemblé toute la compagnie dans l'intérieur du prétoire, lui mirent une couronne d'épines sur la tête, un manteau d'écarlate sur les épaules, se moquèrent du prétendu roi des Juifs, le frappèrent au visage, l'insultèrent. Alors Pilate sortit de nouveau exivit iterum foras, pour le montrer au peuple, ainsi vêtu2 !

In multis exemplaribus, non continetur quod Bar-Abbas etiam Jesus dicebatur, et forsitan recte ut ne nomen Jesu conveniat alicui impiorum. (Origène, sur saint Matthieu, xxvii.)

2 Tunc milites præsidis suscipientes Jesum in prætorium, convocaverunt ad eum universam cohortem..... et illudebant ei dicentes: << Ave rex Judeorum » et duxerunt eum. (Math., XXVII, 27.) Milites autem duxerunt eum in atrium prætorii et convocant se. (Marc, xv, 16.) Tunc ergo apprehendit Pilatus

Il était donc, lui aussi, dans le prétoire où ces choses se passaient! Il ne se jouait donc pas moins que ses soldats, de Jésus, de Jérusalem et de tout le peuple !

Pourtant, j'y reviens, c'est de cet homme déjà tout souillé de crimes comme tant d'autres préteurs et procurateurs ses contemporains, que les évangélistes et leurs plus éloquents successeurs ont dit: qu'il était d'un caractère faible, presque intéressant, quia mollis erat. C'est l'homme dont on a fait de notre temps «un fonctionnaire public, peu méchant au fond; mais, qui, à aucun prix, ne voulait perdre sa place '. »

Le palais des Hérodes touchait au prétoire. D'après l'évangéliste Luc, le tétrarque de la Galilée, Hérode Antipas, était alors de passage à Jérusalem. Il s'en serait suivi l'acte qui a donné lieu au dicton, renvoyer d'Hérode à Pilate. En signe de déférence et afin de se reconcilier avec ce prince 2, Pilate, voyant qu'il s'agissait d'un Galiléen, aurait fait comparaître Jésus devant lui. Mais, comme les principaux éléments de la cause s'étaient produits dans Jérusalem, et que le nouveau maître avait été pris sur le mont des Oliviers, Antipas

Jesum et milites plectentes..... dabant ei alapas. Exivit ergo iterum Pilatus foras et dicit eis : « Ecce adduco vobis eum foras. » Exivit ergo Jesus..... (Jean, xix, 4-5.)

Voir ci-dessus, page 143.

* Et facti sunt amici Herodes et Pilatus in ipsa die; nam antea inimici erant ad invicem. (Luc, xxm, 42.)

n'aurait pu s'élever que par violence au-dessus de la juridiction nationale supérieure. C'est pourquoi il ne consentit pas à intervenir, et renvoya à son tour Jésus au prétoire où le procurateur signa l'ordre fatal qui allait conduire le fils de Marie au Calvaire avec deux autres condamnés.

CHAPITRE XXXVI

LE CALVAIRE ET LE JARDIN DE JOSEPH D'ARIMATHÉE.
MORT ET RÉSURRECTION.

Il en est du Calvaire comme du peuple juif. Ce mont est une éminence qui s'élève à peine à quelques mètres au-dessus du sol; le corps de ce peuple n'a jamais couvert qu'un territoire de la plus médiocre étendue. Cependant le monde a retenti de leur nom et plié sous leur influence, bien autrement que s'il se fût agi des sommets sourcilleux de la plus haute montagne et du plus vaste corps de population..

Le Calvaire ou Golgotha était placé hors des murs de Jérusalem, à l'opposite du temple, vers le nordouest de la ville. Il avait été adopté comme lieu de supplice par les Romains.

Le mot Golgotha signifie un crâne d'homme; il indique la nature arrondie et pelée de ce faible mouvement de terrain. De là le nom de Calvaire ou mont chauve, dont, par une sorte de hasard, les mots calvinisme et calvinistes offrent la traduction la plus

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