Tout le mal n'est pas de s'enflammer, Le martyre De le dire Coûte plus cent fois que d'aimer. DEUXIÈME ENTRÉE DE BALLET. SUITE DE BACCHUS. Danse des ménades et des égipans. BACCHUS. Admirons le jus de la treille : SILENE, monté sur un ane. Sous son heureux empire: Tout le jour on n'y fait que rire, Chantons-y bien sa gloire. SILENE ET DEUX SATYRES, ensemble Voulez-vous des douceurs parfaites? Ne les cherchez qu'au fond des pots, PREMIER SATYRE. Les grandeurs sont sujettes A mille peines secrètes, SECOND SATYRE. L'amour fait perdre le repos. TOUS TROIS ENSEMBLE. Voulez-vous des douceurs parfaites? PREMIER SATYRE. C'est là que sont les ris, les jeux, les chansonnettes. SECOND SATYRE. C'est dans le vin qu'on trouve les bons mots. TOUS TROIS ENSEMBLE. Voulez-vous des douceurs parfaites? TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET. (Deux autres satyres enlèvent Silène de dessus son âne, qui leur sert à voltiger, et à former des jeux agréables et surprenants.) QUATRIÈME ENTRÉE DE BALLET. SUITE DE MOME. Danse de polichinelles et de matassins, MOM E. Folâtrons, divertissons-nous, Raillons, nous ne saurions mieux faire, La raillerie est nécessaire Dans les jeux les plus doux. Sans la douceur que l'on goûte à médire, Rien n'est si plaisant que de rire, Sans la douceur que l'on goûte à médire, Rien n'est si plaisant que de rire, CINQUIÈME ENTRÉE DE BALLET. SUITE DE MARS. MARS. Laissons en paix toute la terre. Parmi les jeux les plus charmants (Quatre guerriers portant des masses et des boucliers, quatre autres armés de piques, et quatre autres avec des drapeaux, font, en dansant, une manière d'exercice.) SIXIÈME ET DERNIÈRE ENTRÉE DE BALLET. (Les quatre troupes différentes de la suite d'Apollon, de Bacchus, de Mome, et de Mars, s'unissent et se mêlent ensemble.) CHOEUR DES DIVINITÉS CÉLESTES. Chantons les plaisirs charmants 'Des heureux amants. Répondez-nous, trompettes, Accordez-vous toujours Avec le doux son des musettes; Accordez-vous toujours Avec le doux chant des amours. FIN DE PSYCHÉ. SUR PSYCHÉ. CETTE pièce offre la réunion de plusieurs genres: la tragédie, la comédie et l'opéra y sont mis à contribution, et semblent s'être réunis pour former un spectacle unique et extraordinaire. Il est rare que ces sortes d'ouvrages mixtes soient bons: Molière le sentoit plus que personne. Mais un ordre du roi leva tous ses scrupules, et le contraignit à consacrer à cette pièce des moments qu'il auroit sans doute mieux employés, s'il avoit pu en disposer. Cependant, comme il travailloit avec une sorte de répugnance à un ouvrage dont il n'attendoit pas beaucoup de gloire, il se trouva pressé par le temps, et fut obligé d'avoir recours à un autre poëte pour achever la pièce dans le terme prescrit. Pierre Corneille, avec lequel il s'étoit réconcilié depuis quelques années, fut celui auquel il s'adressa. Ce grand homme, âgé de soixante-quatre ans, sembla rajeunir pour contribuer aux plaisirs de Louis XIV. Il composa les quatre derniers actes, à l'exception des premières scènes du second et du troisième. Ce talent fier et sublime s'abaissa jusqu'au genre de Quinault; et l'on ne peut être assez étonné de le voir surpasser l'auteur d'ARMIDE dans la douceur et la délicatesse des sentiments qui conviennent à un sujet tel que celui de PSYCHÉ. Molière se fit aussi aider par Quinault, qui fut chargé des intermèdes : mais ce poëte, si vanté de nos jours; ne soutint pas la lutte qu'il avoit acceptée contre deux hommes de génie; on le voit se traîner sur des galanteries rebattues, sur des lieux communs de morale lubrique; et jamais il ne mérita mieux La censure sévère de Boileau. Apulée est le premier auteur de la fable de Psyché : elle étoit presque oubliée, lorsque La Fontaine la fit revivre dans le roman de ce nom. Il eut la gloire de naturaliser Psyché dans la mythologie qui nous est familière, et d'ajouter à des fictions un peu usées un sujet dont tous les beaux-arts ont profité depuis. Il y avoit un an que ce roman avoit paru, lorsque Molière traita le sujet de Psyché; et l'on peut croire que le succès qu'avoit obtenu La Fontaine détermina le choix de ce sujet. On trouve des beautés dans la partie de cette pièce dont Molière s'est chargé. Le prologue est ingénieux : toutes les divinités se réjouissent de la paix; Vénus seule, jalouse de Psyché, dont la beauté attire tous les hommages et fait négliger ses autels, ne peut partager cette allégresse : l'action commence aussitôt, puisque la déesse charge son fils de la venger. La tendresse du père de Psyché pour cette fille chérie est parfaitement peinte. On y reconnoît souvent le grand maître qui, rejetant un vain appareil de sensibilité, se borne à exprimer des sentiments vrais et naturels. Psyché, arrivée au lieu où elle doit être exposée au monstre, fait à son père les adieux les plus touchants: ce prince est inconsolable; et la jeune victime, pour apaiser ses regrets, lui rappelle qu'il a deux autres filles qui la remplaceront près de lui. Le malheureux père répond en pleurant : Je regarde ce que je perds Et ne vois pas ce qui me reste. Mais les détails de comédie sont en général ce qu'il y a de mieux dans le premier acte, dont Molière est auteur. Une |