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Je sais le

peu de bien

HENRIETTE.

que vous avez, Clitandre; Et je vous ai toujours souhaité pour époux. Lorsqu'en satisfaisant à mes vœux les plus doux J'ai vu que mon hymen ajustoit vos affaires : Mais lorsque nous avons les destins si contraires, Je vous chéris assez dans cette extrémité

Pour ne vous charger point de notre adversité.

CLITANDRE.

Tout destin avec vous me peut être agréable;
Tout destin me seroit sans vous insupportable.

HENRIETTE.

L'amour, dans son transport, parle toujours ainsi. Des retours importuns évitons le souci..

Rien n'use tant l'ardeur de ce noeud qui nous lie,
Que les fâcheux besoins des choses de la vie;

Et l'on en vient souvent à s'accuser tous deux
De tous les noirs chagrins qui suivent de tels feux.
ARISTE, à Henriette.

N'est-ce que le motif que nous venons d'entendre
Qui vous fait résister à l'hymen de Clitandre?

HENRIETTE.

Sans cela, vous verriez tout mon cœur y courir; Et je ne fuis sa main que pour le trop chérir.

ARISTE.

Laissez-vous donc lier par des chaînes si belles.
Je ne vous ai porté que de fausses nouvelles;
Et c'est un stratagème, un surprenant secours,

Que j'ai voulu tenter pour servir vos amours,
Pour détromper ma sœur, et lui faire connoître
Ce que son philosophe à l'essai pouvoit être.

CHRYSALE.

Le ciel en soit loué!

PHILAMINTE.

J'en ai la joie au cœur

Par le chagrin qu'aura ce lâche déserteur.
Voilà le châtiment de sa basse avarice,
De voir qu'avec éclat cet hymen s'accomplisse.

CHRYSALE, à Clitandre.

Je le savois bien, moi, que vous l'épouseriez.

ARMANDE, à Philaminte.

Ainsi donc à leurs vœux vous me sacrifiez?

PHILAMINTE.

Ce ne sera point vous que je leur sacrifie;

Et vous avez l'appui de la philosophie

Pour voir d'un oeil content couronner leur ardeur.

BÉLISE.

Qu'il prenne garde au moins que je suis dans son cœur.
Par un prompt désespoir souvent or se marie,
Qu'on s'en repent après, tout le temps de sa vie.

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Allons, monsieur, suivez l'ordre que j'ai prescrit,
Et faites le contrat ainsi que je l'ai dit.

FIN DES FEMMES SAVANTES.

SUR

LES FEMMES SAVANTES.

LE Discours préliminaire contient tout ce qu'on a pu recueillir sur les originaux que Molière a peints dans cette pièce : on se bornera donc ici à quelques observations de détail.

LES PRÉCIEUSES, représentées treize ans avant LES FEMMES SAVANTES, avoient montré le ridicule du jargon des romans : on n'étaloit plus les grands sentiments de CYRUS et de CLÉLIE ; et la réputation de mademoiselle de Scudéry baissoit considérablement. Mais l'hôtel de Rambouillet subsistoit encore; les vieilles admirations se conservoient, quoiqu'on n'osât les exprimer; l'envie de se distinguer n'étoit pas éteinte; et puisqu'on ne pouvoit plus y parvenir par le langage et la fausse délicatesse des romans, on entra dans une nouvelle carrière qui n'étoit pas moins périlleuse. La philosophie de Descartes avoit alors beaucoup de vogue: malgré les réclamations des péripatéticiens opiniàtres, on venoit de la substituer dans les écoles à celle d'Aristote. C'étoit en quelque sorte une affaire de mode; et dans les sociétés les plus frivoles, il n'étoit pas rare d'entendre parler des tourbillons et de l'horreur du vide. L'hôtel de Rambouillet ne perdit pas cette occasion de se distinguer il crut recouvrer par les sciences la considération qu'il avoit perdue dans les lettres. Les mêmes femmes, qui no s'étoient occupées que de romans, qui n'avoient employé leurs

loisirs qu'à renchérir sur les raffinements de la carte de Tendre, se livrèrent aux spéculations de la physique et de l'astronomie ; on vit leurs ruelles meublées de télescopes et d'astrolabes; et le soin même de leur beauté parut quelque temps céder à cette manie.

Les gens sages purent se plaindre qu'un travers, à la vérité fort ridicule, fût remplacé par un défaut plus important. En effet, une Précieuse, avec sa délicatesse affectée, pouvoit encore être aimable: elle ne cessoit pas d'être femme; ses petites manières avoient probablement quelque charme que nous ne concevons pas aujourd'hui; au lieu qu'une Femme savante abandonnoit tous les attraits de son sexe; elle avoit la prétention d'en savoir plus que les hommes, étouffoit avec soin toute la tendresse dont son cœur étoit susceptible, et finissoit par devenir un être équivoque et indéfinissable, aussi peu digne d'estime que d'amour.

Cependant ces femmes, en abandonnant les romans, avoient conservé le goût des sonnets et des madrigaux, qui remplissoient les moments qu'elles ne pouvoient donner à leurs sublimes spéculations. Elles attachoient aussi une grande importance à la grammaire. Les premiers travaux de l'académie françoise avoient mis à la mode les discussions grammaticales; et l'hôtel de Rambouillet, où les académiciens étoient admis, se piquoit d'un purisme qui, porté à l'excès, devient ridicule. C'est ainsi que ces dames ne pouvoient souffrir un langage grossier et incorrect dans leurs valets, et s'élevoient contre les termes de pratique dont on étoit obligé de se servir dans leurs affaires. Oubliant que la grammaire n'est qu'un instrument pour quiconque a du talent, et que ce n'est pas en l'approfondissant qu'on parvient à bien écrire, elles pensoient que cette science l'emportoit en littérature sur toutes

les autres, et jugeoient, comme Philaminte, que tout devoit y être soumis :

La grammaire qui sait régenter jusqu'aux rois,
Et les fait, la main haute, obéir à ses lois.

Elles prétendoient aussi, comme on l'a tenté plusieurs fois de nos jours, faire des changements dans la langue : leurs spéculations, si bien développées par Molière, sont pleines de sel et de comique ; et l'on ne peut s'étonner assez que quelques grammairiens modernes ne s'en soient pas souvenus quand ils ont proposé des réformes du même genre. Ignoroient-ils que leurs systèmes devenoient plus ridicules à une époque où la langue étoit fixée par une multitude de chefs-d'œuvre, qu'à l'époque où Molière peignit les Femmes savantes? Cependant ils ne craignoient pas, dans leurs préfaces, de parler comme Armande :

Pour la langue, on verra dans peu nos règlements,
Et nous y prétendons faire des remûments.

Par une suite de cette envie de se distinguer en tout, les Femmes savantes témoignoient beaucoup d'admiration pour ceux qui savoient le grec. Molière, en faisant paroître Vadius, ne manque pas de s'étendre sur ce travers: Ah! pour l'amour du grec, souffrez qu'on vous embrasse, lui dit Philaminte. On auroit le plus grand tort d'en conclure que Molière avoit peu d'estime pour les hellénistes: il ne s'élevoit que contre ces pédants toujours prêts à citer du grec devant des personnes peu instruites, et surtout devant des femmes. Il avoit la plus grande estime pour les véritables savants: Boileau, son ami le plus intime, avoit, comme on sait, approfondi les secrets de la langue grecque; et cette étude si utile avoit occupé les loisirs

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