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Ce que, pour ce bonheur, près du roi votre père,
Nous nous sacrifions tous deux

N'a rien de difficile à nos cœurs amoureux;

Et c'est au plus heureux faire un don nécessaire
D'un pouvoir dont le malheureux,

Madame, n'aura plus affaire.

Le choix

PSYCHÉ.

que vous m'offrez, princes, montre à mes yeux
De quoi remplir les vœux de l'âme la plus fière;
Et vous me le parez tous deux d'une manière
Qu'on ne peut rien offrir qui soit plus précieux.
Vos feux, votre amitié, votre vertu suprême,
Tout me relève en vous l'offre de votre foi;
Et j'y vois un mérite à s'opposer lui-même
A ce que vous voulez de moi.

Ce n'est pas à mon cœur qu'il faut que je défère,
Pour entrer sous de tels liens :

Ma main, pour se donner, attend l'ordre d'un père,
Et mes sœurs ont des droits qui vont devant les miens.
Mais, si l'on me rendoit sur mes vœux absolue,

Vous y pourriez avoir trop de part à la fois;
Et toute mon estime, entre vous suspendue,
Ne pourroit sur aucun laisser tomber mon

A l'ardeur de votre poursuite

choix.

Je répondrois assez de mes vœux les plus doux;

Mais c'est, parmi tant de mérite,

Trop que deux cœurs pour moi, trop peu qu'un cœur pour vous. De mes plus doux souhaits j'aurois l'âme gênée

A l'effort de votre amitié;

Et j'y vois l'un de vous prendre une destinée

A me faire trop de pitié.

Oui, princes, à tous ceux dont l'amour suit le vôtre Je vous préférerois tous deux avec ardeur;

Mais je n'aurois jamais le cœur

De pouvoir préférer l'un de vous deux à l'autre.
A celui que je choisirois

Ma tendresse feroit un trop grand sacrifice;
Et je m'imputerois à barbare injustice

Le tort qu'à l'autre je ferois.

Oui, tous deux vous brillez de trop de grandeur d'àme
Pour en faire aucun malheureux,

Et vous devez chercher dans l'amoureuse flamme
Le moyen d'être heureux tous deux.

Si votre cœur me considère

Assez pour me souffrir de disposer de vous,

J'ai deux sœurs capables de plaire,

Qui peuvent bien vous faire un destin assez doux;
Et l'amitié me rend leur personne assez chère

Pour vous souhaiter leurs époux.

CLÉOMÈNE.

Un cœur dont l'amour est extrême

Peut-il bien consentir, hélas!

D'être donné par ce qu'il aime?

Sur nos deux cœurs, madame, à vos divins appas
Nous donnons un pouvoir suprême :
Disposez-en pour le trépas;

'Mais

pour une autre que vous-même,

Ayez cette bonté de n'en disposer pas.

AGÉNOR.

Aux princesses, madame, on feroit trop d'outrage;
Et c'est pour leurs attraits un indigne partage
Que les restes d'une autre ardeur.

Il faut d'un premier feu la pureté fidèle
Pour aspirer à cet honneur
Où votre bonté nous appelle;

Et chacune mérite un cœur

Qui n'ait soupiré que pour

AGLAURE.

elle.

Il me semble, sans nul courroux,
Qu'avant que de vous en défendre,
Princes, vous deviez bien attendre

Qu'on se fût expliqué sur vous.

Nous croyez-vous un cœur si facile et si tendre?
Et, lorsqu'on parle ici de vous donner à nous,
Savez-vous si l'on veut vous prendre?

CYDIPPE.

Je pense que l'on a d'assez hauts sentiments
Pour refuser un cœur qu'il faut qu'on sollicite,
Et qu'on ne veut devoir qu'à son propre mérite
La conquête de ses amants.

PSYCHÉ.

J'ai cru pour vous, mes sœurs, une gloire assez grande, Si la possession d'un mérite si haut...

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De ce trouble si grand que faut-il que j'attende?

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Ne craignez que pour vous, c'est vous que l'on doit plaindre.

PSYCHÉ.

C'est pour louer le ciel, et me voir hors d'effror,

De savoir que je n'aie à craindre

que pour moi.

Mais apprends-moi, Lycas, le sujet qui te touche.

LYCAS.

Souffrez que j'obéisse à qui m'envoie ici,

Madame, et qu'on vous laisse apprendre de sa bouche Ce qui peut m'affliger ainsi.

PSYCHÉ.

Allons savoir sur quoi l'on craint tant ma foiblesse.

SCÈNE V.

AGLAURE, CYDIPPE, LYCAS.

AGLAURE.

Si ton ordre n'est pas jusqu'à nous étendu,
Dis-nous quel grand malheur nous couvre ta tristesse.

LYCAS.

Hélas! ce grand malheur dans la cour répandu,
Voyez-le vous-même, princesse,

Dans l'oracle qu'au roi les destins ont rendu.
Voici ses propres mots que la douleur, madame,
A gravés au fond de mon âme :

<< Que l'on ne pense nullement

<< A vouloir de Psyché conclure l'hyménée :

Mais qu'au sommet d'un mont elle soit promptement «< En pompe funèbre menée;

Et que, de tous abandonnée,

<< Pour époux elle attende en ces lieux constamment

<< Un monstre dont on a la vue empoisonnée,

« Un serpent qui répand son venin en tous lieux, << Et trouble dans sa rage et la terre et les cieux. » Après un arrêt si sévère,

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