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HUITIEME ENTRÉE DE BALLET.

(Les deux Zéphyrs dansent avec deux couronnes de fleurs à la main, qu'ils viennent donner ensuite à Tircis et à Dorilas.)

CLIMÈNE ET DAPHNÉ, donnant la main à leurs amants.
Dans les choses grandes et belles,

Ah!

Il suffit d'avoir entrepris.

TIRCIS ET DORILAS.

que d'un doux succès notre audace est suivie!

Ce qu'on fait

FLORE ET PAN.

pour Louis on ne le perd jamais.. CLIMÈNE, DAPHNE, TIRCIS, DORILAS.

Au soin de ses plaisirs donnons-nous désormais.

FLORE ET PAN.

Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie !

CHOEUR.

Joignons tous dans ces bois

Nos flûtes et nos voix,

Ce jour nous y convie;

Et faisons aux échos redire mille fois

Louis est le plus grand des rois ;

Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie!

NEUVIÈME ET DERNIÈRE ENTRÉE DE BALLET.

(Les faunes, les bergers et les bergères se mêlent ensemble: il se fait entre eux des jeux de danse, après quoi ils se vont préparer pour la comédie.)

AUTRE PROLOGUE.

VOTRE

UNE BERGÈRE CHANTANTE.

OTRE plus haut savoir n'est que pure chimère, médecins;

Vains et peu sages

Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latins La douleur qui me désespère.

Votre plus haut savoir n'est que pure

Hélas! hélas! je n'ose découvrir

Mon amoureux martyre
Au berger pour qui je soupire,
Et qui seul peut me secourir.
Ne prétendez pas le finir.

chimère.

Ignorants médecins, vous ne sauriez le faire : Votre plus haut savoir n'est que pure chimère. Ces remèdes peu sûrs, dont le simple vulgaire Croit que vous connoissez l'admirable vertu, Pour les maux que je sens n'ont rien de salutaire; Et tout votre caquet ne peut être reçu

Que d'un malade imaginaire. Votre plus haut savoir n'est que pure

chimère.

FIN DES PROLOGUES.

IMAGINAIRE.

ACTE PREMIER.

Le théâtre représente la chambre d'Argan.

SCÈNE I.

ARGAN ASSIS, AYANT UNE TABLE DEVANT LUI, COMPTANT

AVEC DES JETONS LES PARTIES DE SON APOTHICAIRE.

TROIS et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font
vingt. Trois et deux font cinq. Plus, du vingt-quatrième,
un petit clystère insinuatif, préparatif et rémollient,
pour amollir, humecter et rafraichir les entrailles de
monsieur... Ce qui me plaît de M. Fleurant, mon apo
thicaire, c'est que ses parties sont toujours fort civiles.
Les entrailles de monsieur, trente sous. Oui: mais,
monsieur Fleurant, ce n'est pas tout que d'être civil, il
faut être aussi raisonnable, et ne pas écorcher les malades.
Trente sous un lavement! Je suis votre serviteur, je vous
l'ai déjà dit; vous ne me les avez mis dans les autres par-
ties qu'à vingt sous, et vingt sous en langage d'apothicaire
c'est-à-dire dix sous. Les voilà, dix sous. Plus, dudit jour,
un bon clystère détersif, composé avec catholicon double,
rhubarbe, miel rosat, et autres, suivant l'ordonnance,

pour balayer, laver et nettoyer le bas-ventre de monsieur, trente sous. Avec votre permission, dix sous. Plus, dudit jour, le soir, un julep hépathique, soporatif, somnifère, composé pour faire dormir monsieur, trente-cinq sous. Je ne me plains pas de celui-là, car il me fit bien dormir. Dix, quinze, seize et dix-sept sous six deniers. Plus, du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative et corroborative, composée de casse récente avec séné levantin, et autres, suivant l'ordonnance de monsieur Purgon, pour expulser et évacuer la bile de monsieur, quatre livres. Ah! monsieur Fleurant, c'est se moquer; il faut vivre avec les malades. Monsieur Purgon ue vous a pas ordonné de mettre quatre francs : mettez, mettez trois livres, s'il vous plaît. Vingt et trente sous. Plus, dudit jour, une potion anodyne et astringente pour faire reposer monsieur, trente sous. Bon, dix et quinze sous. Plus, du vinjt-sixième, un clystère carminatif, pour chasser les vents de monsieur, trente sous. Dix sous, monsieur Fleurant. Plus, le clystère de monsieur, réitéré le soir, comme dessus, trente sous. Monsieur Fleurant, dix sous. Plus, du vingt-septième, une bonne médecine, composée pour hâter d'aller, et chasser dehors les mauvaises humeurs de monsieur, trois livres. Bon, vingt et trente sous; je suis bien aise que vous soyez raisonnable. Plus, du vingt-huitième, une prise de petit-lait clarifié et dulcoré, pour adoucir, lénifier, tempérer et rafraîchir le sang de monsieur, vingt sous. Bon, dix sous. Plus, une potion cordiale et préservative, composée avec

douze grains de bézoard, sirop de limon et grenade, et autres, suivant l'ordonnance, cing livres. Ah! monsieur Fleurant, tout doux, s'il vous plaît; si vous en usez comme cela, on ne voudra plus être malade : contentezvous de quatre francs. Et vingt et quarante sous. Trois et deux font cinq, et cinq font dix, et dix font vingt. Soixante et trois livres quatre sous six deniers. Si bien donc que, de ce mois, j'ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit médecines; et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze et douze lavements; et l'autre mois il y avoit douze médecines et vingt lavements. Je ne m'étonne pas si je ne me porte pas si bien ce mois-ci que l'autre. Je le dirai à monsieur Purgon, afin qu'il mette ordre à cela. Allons, qu'on m'ôte tout ceci. (voyant que personne ne vient, et qu'il n'y a aucun de ses gens dans sa chambre.) Il n'y a personne? J'ai beau dire, on me laisse toujours seul; il n'y a pas moyen de les arrêter ici. (après avoir sonné une sonnette qui est sur sa table.) Ils n'entendent point, et ma sonnette ne fait pas assez de bruit. (après avoir sonné pour la deuxième fois.) Point d'affaire. (après avoir sonné encore.) Ils sont sourds. Toinette! (après avoir fait le plus de bruit qu'il peut avec sa sonnette.) Tout comme si je ne sonnois point. Chienne! coquine! (voyant qu'il sonne encore inutilement.) J'enrage. Drelin, drelin, drelin. Carogne, à tous les diables! Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul? Drelin, drelin, drelin. Voilà qui est pitoyable! Drelin, drelin, drelin. Ah! mon Dieu! ils me laisseront ici mourir. Drelin, drelin, drelin.

MOLIÈRE. 6.

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