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Entre ce nom de Nôrikon, Askanios et Marsyas, il existe un rapport sémantique qu'on ne saurait contester si l'on ne peut guère l'expliquer: le nom de Marsyas que portent, avec de légères variantes, tant de torrents phrygiens 1), a été rapproché avec raison2) de μάoovлos, un terme hellénique que le grec a reçu au sens de „sac de peau", besace, outre, et il semble que la célèbre peau du Satyre qu'on conservait dans la grotte d'Apamée était une peau d'âne disposée en forme d'outre. Cette outre que porte sur son épaule le Marsyas du Forum est le fétiche primitif; sans doute, avant que, par l'introduction du Satyre dans le cycle de Dionysos, cette outre ne fût conçue comme pleine de vin, passait-elle pour protéger ou pour contenir la source qui lui devait son nom. Marsyas est le démon tutélaire de la source conçue ici sous forme d'âne comme ailleurs elle a figure de mulet ou de cheval3).

Avec Askanios dont le nom ne saurait être séparé d'dozòs, outre, on retrouve unis les mêmes caractères; dieu de sources le plus souvent ces sources aux eaux salées qui paraissent plus surnaturelles il est conçu sous forme de cheval ou de cavalier. Il suffit de rappeler que les deux lacs qui portent son nom étaient connus pour leurs eaux salées 1);

à la légende de fondation par un Spartiate, on comprend qu'on l'ait appliquée à Apamée comme on l'a fait pour d'autres villes de la région, Sagalassos, Selgė, etc. Cf. K. O. Müller, Die Dorier, I, p. 113. Ajoutez qu'on retrouve le même héros Thynnaros à Sparte et à Synnada.

1) Morsynos, Mossynos, Morstas, cf. Buckler et Robinson, Am. J. Arch. 1912, 30. 2) S. Reinach, RA, 1912, II et Cultes, Mythes et Religions, IV. Je compte revenir sur la question de La Peau de Marsyas dans un prochain article de la Revue des Traditions populaires.

3) Poseidon, qu'on adorait à Apamée à l'époque classique et dont on faisait le père de Kélainos l'éponyme (Strabo XII, 587), n'est évidemment qu'une forme hellénisée de ce génie des eaux. S. Reinach op. cit., a indiqué comment, Midas étant à l'origine un mulet sacré, le conte de „Peau d'Ane" avec l'âne émettant des pièces d'or, ressort au même thème folklorique que la source d'or créée par Midas. J'ajoute que les tambours des Galles étaient en peau prise à un âne sacré (Phaedr. IV, 1, 4); on peut se demander si les Galles n'ont pas aussi joué dans des espèces de cornemuses ou de binious (cf. le bag-pipe des Ecossais) faits en peau d'âne; Marsyas aurait été un askaulès (Mart. X, 3, 8) avant de devenir un aulète. Les têtes de chevaux dont les Solymes se coiffaient (Choirilos ap. Joseph. C. Ap. I p. 454) sont sans doute un de ces vestiges du culte du cheval chez les populations primitives de l'Anatolie, culte qui a contribué à la légende de Midas et de Marsyas. L. Malten vient de reprendre la question des rapports entre Héphaistos sur l'âne et Midas aux oreilles d'âne, Arch. Jahrb. 1912, p. 249.

4) Sur les eaux salées du lac Askania (lac de Nicée) en Bithynie, Ps. Arist. Mir. Ausc. 53; Plin. XXXI, 10, 46, 2; sur celles du lac Askania en Phrygie (Bouldour Gieul), Arr., Anab. I, 29. Le fait a été vérifié depuis longtemps par des voyageurs modernes, pour le premier lac cf. von Hammer, Reise nach Brussa, p. 123; pour le second cf. Arundell, Seven Churches, p. 151.

que l'Iliade lui donne pour père Hippotion et pour fille Hippodamie1), qu'il se retrouve en Mên Askaénos, le dieu cavalier lunaire d'Antioche de Pisidie); enfin que Nicée, la ville du lac Askanien, a placé sur certaines de ses monnaies un Mên radié assis de face sur un cheval dont le membre antérieur gauche a la forme d'un pied humain et le membre antérieur droit celle d'un avant bras dont la main s'appuie sur le bâton au serpent d'Asklepios. Si ce dernier trait est sans donte dû à l'imagination syncrétisante de l'époque Antonine, le cheval à membres antérieurs humains peut remonter aux plus anciennes croyances phrygiennes. Il conserverait le souvenir de la première étape de la transformation du cheval sacré en dieu cavalier. On a rapproché avec raison ce type singulier du cheval à pieds presque humains dont César avait consacré l'image devant le temple de Vénus Genitrix quand les auspices lui eurent déclaré que cette monstruosité lui annonçait l'empire du monde3). Mais on me semble avoir inversé les termes de la question. Ce ne sont pas les Nicéens de l'époque Antonine qui firent copier pour leur temple de Divus Julius le cheval du Forum de César; c'est sans doute César qui, lorsqu'il séjourna en Bithynie dans sa jeunesse, vit à Nicée l'image d'un cheval à pieds humains et apprit qu'on y voyait un don ou une figuration de cet Ascanius Julius dont il prétendait descendre. Ce serait pour fournir une nouvelle preuve de sa descendance divine qu'il se serait procuré et qu'il aurait consacré un cheval aussi semblable que possible à celui de son ancêtre légendaire.

On peut se rendre compte maintenant de ce qui a dû décider Manlius Vulso à emporter d'Apamée la statue de Marsyas et à la faire dresser au Forum près du Lacus Curtius.

1) I. XIII, 428 et 792. L'Iliade parle aussi des chevaux divins d'Enée et d'Anchise donnés par Aphrodite qui remplace la Mater Idaea. Le culte dans l'Ida d'une forme de cette déesse d'abort chevaline, puis équestre ressort déjà des noms qu'on lui trouve donnés dans l'Iliade 'Iлrodάμeia, ëqinлoç (II, 820; XXVI, 1) cf. l'Athéna équestre de Mnaséas fr. 2. C'est sans doute ce culte qui a servi de base au développement des légendes amazoniennes dans la région. Cf. A. Reinach, L'origine des Amazones dans Rev. Hist. Religions, 1913.

2) Cf. les chevaux jetės vivants dans le Skamandre; le cheval de bronze trouvé au fond du lac Gygéen; Anchouros sautant à cheval dans le gouffre. Tous ces faits (et d'autres réunis par Klausen dans Aeneas und die Penaten, p. 120—35) indiquent que certaines tribus phrygiennes ont conçu le dieu des eaux jaillissantes et courantes sous forme d'un cheval. Mais Klausen n'a pas vu le rapprochement avec Mên Askaénos qui me paraît s'imposer. En prouvant que c'est bien aska qui est le radical du nom, ce rapprochement confirme son explication par άozos. 3) Suet., Caes. 61; Plin. VIII, 42, 64; Solin. 45, 10 M. Le rapprochement avec les monnaies de Nikaia frappées sous Antonin et sous Gordien a déjà été fait par K. O. Müller, Archaeologie, § 433; il a été développé par W. H. Roscher dans un mémoire Über d. лnos ẞoоtónovs (Leipzig 1892). Voir la bibliographie récente dans Babelon-Reinach, Recueil général des monnaies d'Asie Mineure, I, p. 398 et 409.

Quand il passa à Apamée, les habitants, d'autant plus soucieux de s'attirer ses bonnes grâces qu'ils avaient plus longtemps donné asile aux troupes syriennes, durent se réclamer auprès de lui d'une parenté légendaire. Des trois personnages qui, artificiellement réunis par un lien généalogique, commençaient à passer à Rome pour les ancêtres glorieux de la race, Apamée pouvait montrer des souvenirs dans ses environs: Anchise était facile à identifier avec Anchouros, le héros cavalier qui s'y précipitait dans un gouffre pour sauver ses concitoyens; pour Enée, on montrait sa tombe au Bérécynthe, au-dessus de la ville; quant à Ascagne, son nom se retrouvait au lac voisin d'Askania et au temple de Mên Askaénos. Les combinaisons de la mythologie avaient mis ces héros en relation avec Midas qui passait pour avoir régné à Kélainai et les rapports fabuleux entre Midas et Marsyas étaient bien connus. Il ne dut donc pas être difficile de persuader au consul qu'en emportant la statue vénérée du Satyre, qui devait passer pour un des ornements de la ville, ce n'est pas seulement une œuvre d'art digne de Rome qu'il y rapporterait, mais l'image d'un dieu lié à ses plus anciennes traditions, une idole qui serait à sa place auprès du palladium troyen1). Nous avons, d'ailleurs, la preuve que Manlius était sensible à des considérations de ce genre: n'est ce pas d'Apamée qu'il a invité les Rhodiens à ménager les Lyciens et celà à la demande des gens d'llion qui rappelaient que les Lyciens étaient venus au secours de Troie?

Il est vraisemblable que ce sont les Grecs déjà qui inventèrent de nationaliser en Italie Marsyas en en faisant l'ancêtre d'une des peuplades sabelliennes, les Marses. Pour la circonstance, Marsyas devenait Lydien, ce qui devait permetter de combiner son arrivée avec celle des Etrusques. On a vu que cette belle invention avait déjà cours au temps de Caton l'ancien2); elle devait se coordonner avec une autre tradition, celle qui donnait aux Marses pour éponyme Marsos, fils de Circé3), filiation qui avait pour objet d'expliquer pourquoi les Marses, adorateurs d'Angitia, la déesse aux ser

1) Je rappelle que, d'après une tradition, le Palladium n'aurait été apporté d'Ilion à Rome que par Fimbria Serv. ad. Aen. II, 166.

2) Cf. p. 323, n. 1. D'autres traditions semblent avoir déjà eu cours chez Cn. Gellius: Marsyas y aurait été le père de Cacus ou son envoyé, avec un Phrygien nommé Mégalės, auprès du roi des Etrusques, Tarchon (Plin. III, 108; Sil. Ital. VIII, 503); d'après d'autres, Cacus et Mégalės auraient appris l'art augural aux Sabins, a Marsya rege missi e Phrygia regnante Fauno (Serv. Aen. III, 359). Sur un sarcophage étrusque on croit voir un Marsyas ou Cacus jouant de la lyre surpris par Aulus et Celes Vibenna (Milani, Il Museo Etrusco di Firenze, p. 167, pl. LV). Sur un miroir étrusque qui peut remontrer à la fin du IIIe s. on voit déjà MARSVAS dansant entre un grand cratère et une Panisque (Annali, 1871, 29; Mon. IX, pl. 122). Mégalės a été évidemment inventé pour servir d'éponyme aux Megalensia.

3) Plin. VI, 2, 2, 25; 2,5; Gell. XVI, 11; Solin. 2, 6 M.

pents identifiée à Circé, passaient pour d'habiles charmeurs de serpents1). Peut-être les charmaient-ils au son de la flûte, ce qui aurait été une raison de plus de leur donner Marsyas pour éponyme.

Quoi qu'il en soit, on peut entrevoir comment Marsyas est venu au cœur du Forum et pourquoi il y a été l'objet d'une telle vénération. Comme sa tête était coiffée d'une sorte de bonnet phrygien semblable au pileus que les esclaves portaient au jour de l'affranchissement, il dut évoquer pour les Romains l'idée d'un esclave acclamant de sa droite levée sa libération. C'est ainsi que l'érection d'une statue de Marsyas sur son Forum devint le symbole de la concession à une cité de ce droit italique qui affranchissait la terre provinciale de la servitude 2). Aussi est ce par les monnaies que pouvaient frapper les villes de ius italicum que le vieux Marsyas d'Apamée a surtout passé à la postérité.

Paris.

1) Cf. mon art. sur Les divinités gauloises aux serpents, Rev. arch., 1911, I, p. 249. 2) L'explication qu'on indique ici est, je crois, la première qui rende compte autrement que par artifice verbal de cette singulière coutume de dresser une statue de Marsyas sur le Forum des cités qui avaient reçu le droit italique. C. Jullian (art. Jus Italicum du Dict. des Antiquités p. 747) s'est contenté de paraphraser l'explication de Servius ad Aen. IV, 58: Marsyas, civitatis in foro positus, libertatis indicium est, qui erecta manu testatur nihil urbi deesse. C'est évidemment une explication qui devait avoir cours dans le peuple de Rome. Sans doute aussi l'outre qu'il portait le faisait-elle confondre avec Liber Pater qu'on ne pouvait manquer de mettre en rapport avec la Libertas. Les érudits romains expliquaient en tout cas l'érection d'un Marsyas comme signe d'autonomie parce que Marsyas aurait été un minister de Liber Pater (Servius, loc. cit. et III, 20; Macrob. Sat. III, 12). Depuis l'art. de Jullian, la question de la signification du Marsyas a été discutée à plusieurs reprises, notamment par J. Toutain qui croit que sa présence n'impliquait pas le jus italicum (Mélanges de l'École de Rome, XVIII, 1898, p. 146) et, en sens contraire, par A. Merlin, Bull. arch. du Comité, 1908, p. CCXXX (à propos de la base de la statue du Marsyas d'Althiburos. M. Merlin vient de la republier dans Forum et maisons d'A. [Paris 1913]; cf. les remarques de M. Jullian, Rev. et. anc. 1913, 439). Il y aurait aussi à rechercher l'influence sur Marsyas de Silvanus, le libre démon des bois et des pâturages, influence qu'a notée v. Domaszewski (Abhandl. z. röm. Religion, 1909, VII). Je ne trouve aucune vue nouvelle sur cette question dans le livre récent de J. S. Reid, The Municipalities of the Roman Empire (Cambridge 1913).

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Zur Topographie des Herodot.

Von Fr. Westberg.

III').

7. Herodots Stadion.

Nach Lehmann-Haupt 2) rechne Herodot die Schoinen nach dem Verhältnis 60 1 in Stadien um, während der bei den von Herodot angegebenen Vermessungen verwendete Schoinos tatsächlich der babylonisch-persische Parasang zu 30 Stadien sei. Daher müsse man die Zahl der Stadien jedesmal durch zwei dividieren. Dann erweisen sich seine Angaben im Vergleich mit der Wirklichkeit sehr genau, unter der Voraussetzung, daß sie Bemessungen und Berechnungen der Entfernung in der Luftlinie darstellen. Doch auf diese Weise lassen sich, wie mir scheinen will, keineswegs alle Schwierigkeiten aus dem Wege räumen. So schätzt Herodot II 158 und IV 41 die Landenge zwischen dem Mittelländischen und dem Erythräischen Meer auf 1000 Stadien. Rechnen wir nach Lehmanns Vorschrift 500 Stadien, das Stadion zu 198,47 m, in Kilometer um, so erhalten wir 99,23 km, während tatsächlich die Landenge von Suez 112 km in der Luftlinie beträgt, so daß sich für die kurze Strecke eine ziemlich bedeutende Differenz ergibt. Ich lasse die 1000 Stadien unangetastet, berechne das dieser Vermessung zugrunde liegende Stadion zu drei Vierteln des babylonischpersischen Stadions à 198,47 m und bekomme so 148,85 km. Das ist das Zehntelmeilenstadium, über welches Lehmann-Haupt Congr. S. 232ff. gehandelt hat. Nach Mitteilungen Lehmann-Haupt's läßt sich ferner an gewissen Stellen bei Herodot, so bei den Maßen des Alyates-Denkmals, die Verwendung des attischen Fußes und des zugehörigen Stadium olympicum, von dem 81 auf die römische Meile gehen, nachweisen, und diese Verschiedenheit der Maße bietet nach Lehmann-Haupt einen wichtigen Stützpunkt für die Quellenkritik. Ist meine Annahme richtig, so haben

3

1) Vgl. Bd. IV S. 182-192; Bd. VI 259–268.

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2) Das altbabyl. Maß- und Gewichtssystem als Grundlage der antiken Systeme (VIII. Or.-Congr., Section Sémitique) ["Congr."] p. 229 Anm. 1. Wochenschrift für klassische Philologie XII (1897) p. 180).

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