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est entièrement mis à profit, doit gagner, en diminution d'espace, sur une édition où les blancs sont semés avec une grande profusion.

vers,

Au reste, la publication de ce premier volume est faite pour convaincre les plus incrédules. Il contient cinq volumes de l'édition de Kehl, savoir: les quatre premiers, appartenant au Théatre, et le soixante-dixième, renfermant la Vie de Voltaire et ses Mémoires. Ces cinq volumes, qui ne sont pas les moins forts de la collection, en font juste la quatorzième partie. Maintenant je prie le lecteur d'observer que mon premier volume est presque entièrement composé de vers; et que les dont la dimension est déterminée, sont loin de m'offrir, sous le rapport de la réduction, le même avantage que la prose, dont les lignes sont presque le double dans mon édition de ce qu'elles sont dans celle de Kehl, à cause de leur plus grande longueur et de leur plus petit caractère. Je le répète, le nombre des volumes de mon édition est invariablement fixé à et le nombre des pages, DOUZE, dans chacun de ces volumes, sera porté aussi loin qu'il le faudra pour son contenu, d'après la division de matières arrêtée dans mon Prospectus : l'épaisseur modérée de celui-ci doit faire présumer qu'aucun d'eux ne sera d'une grosseur incommode. Enfin, pour ôter tout prétexte, soit à la défiance, soit à la malignité, je déclare ici

si le nombre des volumes s'élevait au-delà de ce que j'ai annoncé, l'excédant serait délivré gratis aux souscripteurs et même aux simples acheteurs. Mais je ne serai point dans le cas de faire cette générosité.

Ce premier volume, qui devait être mis en vente le dernier jour de janvier, ne l'a été que le 6 février. On éprouvera peutêtre le même retard pour le second volume; mais les volumes suivans paraîtront exactement à la fin de chaque mois, à commencer par celui de mars. On conçoit que les préparatifs nécessaires pour une semblable entreprise ont dû entraîner quelque perte de temps, et que l'ouvrage, une fois mis en train, doit marcher avec plus de célérité.

Ceux de MM. les souscripteurs qui auraient quelques obser

AVIS DU LIBRAIRE-ÉDITEUR.

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vations utiles à faire pour le perfectionnement de cette édition, sont priés de me les adresser port franc. Elles seront reçues avec reconnaissance, et l'on y aura égard, s'il

y a lieu.

La gravure du portrait de Voltaire est confiée à M. Alexandre Tardieu, reconnu pour un de nos plus habiles artistes en ce genre. Ce portrait sera vraisemblablement délivré avec le cinquième volume.

On recevra avec le douzième et dernier, pour mettre en tête du premier, un Avertissement, où seront détaillées toutes les particularités qui doivent distinguer l'édition, telles qu'additions, corrections importantes, transpositions jugées nécessaires, etc.

Les personnes qui craindraient plus la grosseur des volumes que l'augmentation des frais de reliure, sont prévenues que chaque volume pourra être divisé en deux tomes, de telle manière pourtant que la pagination du second ne soit que la suite de celle du premier. Je fournirai des titres en conséquence à ceux qui en demanderaient, en leur en indiquant la place.

VIE DE VOLTAIRE,

PAR CONDORCET.

LA vie de Voltaire doit être l'histoire des progrès que les arts ont dus à son génie, du pouvoir qu'il a exercé sur les opinions de son siècle, enfin de cette longue guerre contre les préjugés, déclarée dès sa jeunesse, et soutenue jusqu'à ses derniers momens.

Mais lorsque l'influence d'un philosophe s'étend jusque sur le peuple, qu'elle est prompte, qu'elle se fait sentir à chaque instant, il la doit à son caractère, à sa manière de voir, à sa conduite, autant qu'à ses ouvrages. D'ailleurs, ces détails sont encore utiles pour l'étude de l'esprit humain. Peut-on espérer de le connaître, si on ne l'a pas observé dans ceux en qui la nature a déployé toutes ses richesses et toute sa puissance, si même on n'a pas recherché en eux ce qui leur est commun avec les autres hommes, aussi-bien que ce qui les en distingue? L'homme ordinaire reçoit d'autrui ses opinions, ses passions, son caractère; il tient tout des lois, des préjugés, des usages de son pays, comme la plante reçoit tout du sol qui la nourrit et de l'air qui l'environne. En observant l'homme vulgaire, on apprend à connaître l'empire auquel la nature nous a soumis, et non le secret de nos forces et des lois de notre intelligence.

François-Marie AROUET, qui a rendu le nom de Voltaire si célèbre, naquit à Chatenay, le 20 février 1694, et fut baptisé à Paris, dans l'église de Saint-André-des-Arcs, le 22 de novembre de la même année. Son excessive faiblesse fut la cause de ce retard, qui, pendant sa vie, a répandu des nuages sur le lieu et sur l'époque de sa naissance. On fut aussi obligé de baptiser Fontenelle dans la maison paternelle, parce qu'on désespérait de la vie d'un enfant si débile. Il est assez sin gulier que les deux hommes célèbres de ce siècle, dont la carrière a été la plus longue, et dont l'esprit s'est conservé tout entier le plus longtemps, soient nés tous deux dans un état de faiblesse et de langueur.

Le père de M. de Voltaire exerçait la charge de trésorier de la chambre des comptes; sa mère, Marguerite d'Aumart, était d'une famille noble du Poitou. On a reproché à leur fils d'avoir pris ce nom de Voltaire, c'est-à-dire, d'avoir suivi l'usage alors généralement établi dans la bourgeoisie riche, où les cadets, laissant à l'aîné le nom de famille, portaient celui d'un fief, ou même d'un bien de campagne. Dans une foule de libelles, on a cherché à rabaisser sa naissance. Les gens de lettres ses ennemis semblaient craindre que les gens du monde ne sacrifiassent trop aisément leurs préjugés aux agrémens de sa société, à leur admiration pour ses talens, et qu'ils ne traitassent un homme de lettres avec trop d'égalité. Ces reproches sont un hommage: la satire n'attaque point la naissance d'un homme de lettres, à moins qu'un reste de conscience, qu'elle ne peut étouffer, ne lui apprenne qu'elle ne parviendra point à diminuer sa gloire personnelle.

TOME Ier.

La fortune dont jouissait M. Arouet procura deux grands avantages à son fils; d'abord celui d'une éducation soignée, sans laquelle le génie n'atteint jamais la hauteur où il aurait pu s'élever. Si on parcourt l'histoire moderne, on verra que tous les hommes du premier ordre, tous ceux dont les ouvrages ont approché de la perfection, n'avaient pas eu à réparer le défaut d'une première éducation.

L'avantage de naître avec une fortune indépendante n'est pas moins précieux. Jamais M. de Voltaire n'éprouva le malheur d'être obligé ni de renoncer à sa liberté pour assurer sa subsistance, ni de soumettre son génie à un travail commandé par la nécessité de vivre, ni de ménager les préjugés ou les passions d'un protecteur. Ainsi son esprit ne fut point enchaîné par cette habitude de la crainte, qui non-seulement empêche de produire, mais imprime à toutes les productions un caractère d'incertitude et de faiblesse. Sa jeunesse, à l'abri des inquiétudes de la pauvreté, ne l'exposa point à contracter ou cette timidité servile que fait naître dans une âme faible le besoin habituel des autres hommes, ou cette apreté et cette inquiète et soupçonneuse irritabilité, suite infaillible, pour les âmes fortes, de l'opposition entre la dépendance à laquelle la nécessité les soumet, et la liberté que demandent les grandes pensées qui les occupent.

Le jeune Arouet fut mis au collège des jésuites, où étaient élevés les enfans de la première noblesse, excepté ceux des jansénistes; et les jansenistes, odieux à la cour, étaient rares parmi des hommes qui, alors obligés, par l'usage, de choisir une religion sans la connaître, adoptaient naturellement la plus utile à leurs intérêts temporels. Il eut pour professeurs de rhétorique le père Porée, qui, étant à la fois un homme d'esprit et un bon homme, voyait dans le jeune Arouet le germe d'un grand homme; et le père Le Jay, qui, frappé de la hardiesse de ses idées et de l'indépendance de ses opinions, lui prédisait qu'il serait en France le coryphée du déisme : prophétie que l'événement a également justifiée.

Au sortir du collége, il retrouva dans la maison paternelle l'abbé de Châteauneuf son parrain, ancien ami de sa mère. C'était un de ces hommes qui, s'étant engagés dans l'état ecclésiastique par complaisance, ou par un mouvement d'ambition étrangère à leur âme, sacrifient ensuite à l'amour d'une vie libre la fortune et la considération des dignités sacerdotales, ne pouvant se résoudre à garder toujours sur leur visage le masque de l'hypocrisie.

L'abbé de Châteauneuf était lié avec Ninon, à laquelle sa probité, son esprit, sa liberté de penser, avaient fait pardonner depuis longtemps les aventures un peu trop éclatantes de sa jeunesse. La bonne compagnie lui avait su gré d'avoir refusé son ancienne amie, madame de Maintenon, qui lui avait offert de l'appeler à la cour, à condition qu'elle se ferait dévote. L'abbé de Châteauneuf avait présenté à Ninon Voltaire enfant, mais déjà poëte, désolant déjà par de petites épigrammes son janséniste de frère, et récitant avec complaisance la Moïsade de Rousseau.

Ninon avait goûté l'élève de son ami, et lui avait légué, par testament, deux mille francs pour acheter des livres. Ainsi, dès son enfance, d'heureuses circonstances lui apprenaient, même avant

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