ภาพหน้าหนังสือ
PDF
ePub

Que ne l'évitiez-vous ? C'eût été plûtôt fait.
Si vous, Maître & Fermier, à qui touche le fait,
Dormez fans avoir foin que la porte foit close,
Voulez-vous que moi, Chien, qui n'ai rien à la chofe,
Sans aucun intérêt je perde le repos?

Ce Chien parloit très à propos :

Son raifonnement pouvoit être
Fort bon dans la bouche d'un Maître,
Mais n'étant que d'un fimple Chien,
On trouva qu'il ne valoit rien :
On vous fangla le pauvre drille.

Toi donc, qui que tu fois, ô pere de famille, (Et je ne t'ai jamais envié cet honneur) T'attendre aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est

erreur.

Couche-toi le dernier, & voi fermer ta porte.

Que fi quelque affaire t'importe,

Ne la fais point par procureur.

[blocks in formation]

Le Songe d'un Habitant du Mogol.

J Adis certain (a) Mogol vit en fonge un Vifir

Aux champs (1) Elyfiens poffeffeur d'un plaifir

(a) Habitant d'un Royaume des Indes, ainsi nommé.

(1) Séjour des bienheureux dans les Enfers, demeure des Morts, dont les uns étoient précipités dans le Tartare pour y être punis des crimes qu'ils

avoient commis fur la terre, & les autres jouiffoient d'une douce tranquillité dans les Champs Elizées, parce qu'ils avoient vécu fobrement, humainement & juftement, comme Phocion, le bon Socrate, &c,

Auffi pur qu'infini, tant en prix qu'en durée.
Le même fongeur vit en une autre contrée
Un Hermite entouré de feux,

Qui touchoit de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, & contre l'ordinaire.
(b) Minos en ces deux morts fembloit s'être mépris.
Le dormeur s'éveilla, tant il en fut furpris.
Dans ce fonge pourtant foupçonnant du mystére,
Il fe fit expliquer l'affaire.

L'interpréte lui dit : Ne vous étonnez point,
Votre fonge a du fens ; & fi j'ai fur ce point
Acquis tant foit peu d'habitude,

C'est un avis des Dieux. Pendant l'humain féjour
Ce Vifir quelquefois cherchoit la (c) folitude,
Cet Hermite aux Vifirs alloit faire fa (d) cour.

Si j'ofois ajoûter au mot de l'interprete,
J'infpirerois ici l'amour de la retraite.

Elle offre à fes amans des biens fans embarras,
Biens purs, préfens du Ciel, qui naissent fous les pas.
Solitude où je trouve une douceur secrette,

(2) Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,

(b) Le grand Juge des Morts. (c) Se retiroit en particulier pour penfer à fon falut.

(d) Quittoit la folitude par ambition,

(2) Flumina amem fylvafque inglorius. O qui me gelidis in vallibus Ha

mi

Siftat, ingenti ramorum protegat umbra!

Virg. Georg. L. II, ✯. 286. &c.

Me verò primum dulces ante omnia Mufa,

Quarum facra fero ingenti perculfus amore,

Accipiant, Calique vias & fidera monftrent.

Id. ibid. . 475. &c. Oferai-je dire que dans la paraphrafe que La Fontaine nous donne ici de ces beaux vers de Virgile, il s'oublie un peu luimême, lorfqu'après avoir fouhaité d'apprendre les noms &

Loin du monde & du bruit goûter l'ombre & le frais?
O qui m'arrêtera fous vos fombres afyles!
Quand pourront les nouf Sœurs, loin des Cours &
des Villes,

M'occuper tout entier, & m'apprendre des Cieux
Les divers mouvemens inconnus à nos yeux,
Les noms & les vertus de ces clartez errantes,
Par qui font nos deftins & nos mœurs différentes?
(3) Que fi je ne fuis né pour de fi grands projets,
Du moins que les ruiffeaux m'offrent de doux objets!
Que je peigne en mes Vers quelque rive fleurie!
La Parque à filets d'or (4) n'ourdira point ma vie :
Je ne dormirai point fous de riches lambris:
Mais voit-on que le fomme en perde de fon prix?
En eft-il moins profond, & moins plein de délices?
Je lui voue au defert de nouveaux facrifices.

Quand le moment viendra d'aller trouver les morts,
J'aurai vécu fans foins, & mourrai fans remords.

[blocks in formation]

FABLE V.

Le Lion, le Singe, & les deux Anes.

LE Lion, pour bien gouverner,
Voulant apprendre la morale,
Se fit, un beau jour, amener

Le Singe (1) Maître ès arts chez la gent animale.
La premiere leçon que donna le Régent,
Fut celle-ci : Grand Roi, pour regner fagement,
Il faut que tout Prince préfere

Le zéle de l'Etat à certain mouvement,
Qu'on appelle communément
Amour propre, car c'est le pere,
C'est l'auteur de tous les défauts,
Que l'on remarque aux animaux.
Vouloir que de tout point ce fentiment vous quitte,
Ce n'eft pas chofe fi petite,

Qu'on en vienne à bout en un jour :

C'est beaucoup de pouvoir modérer cet amour.
Par là votre perfonne auguste

N'admettra jamais rien en foi
De ridicule ni d'injufte.
Donne-moi, repartit le Roi,
Des exemples de l'un & de l'autre.
Toute efpéce, dit le docteur,

(Et je commence par la nôtre) Toute profeffion s'eftime dans fon cœur,

Traite les autres d'ignorantes,

(1) Docteur, qui eft ou doit être capable d'enseigner les autres.

Les qualifie impertinentes,

Et femblables difcours qui ne nous coûtent rien.
L'amour propre, au rebours, fait qu'au degré fuprême
On porte fes pareils, car c'est un bon moyen
De s'élever auffi foi-même.

De tout ce que deffus j'argumente très-bien,
Qu'ici-bas maint talent n'eft que pure grimace,
Cabale, & certain art de fe faire valoir,
Mieux fû des ignorans, que des gens de favoir.

L'autre jour fuivant à la trace

Deux Anes qui prenant tour à tour l'encenfoir,
Se louoient tour à tour, comme c'eft la maniére,
J'oüis que l'un des deux difoit à fon confrere:
Seigneur, trouvez-vous pas bien injufte & bien fot
L'homme, cet animal fi parfait ? Il profane
Notre augufte nom, traitant d'Ane

Quiconque eft ignorant, d'efprit lourd, idiot :
Il abuse encore d'un mot,

Et traite notre rire & nos difcours de braire.
Les humains font plaifans de vouloir exceller
Pardeffus nous : non, non : c'est à vous de parler,
A leurs Orateurs de fe taire.

Voilà les vrais braillards. Mais laiffons-là ces gens:
Vous m'entendez, je vous entens :

Il fuffit; & quant aux merveilles,

Dont votre divin chant vient frapper les oreilles,
Philomele eft, au prix, novice dans cet art,
Vous furpaffez (2) Lambert. L'autre Baudet repart:
Seigneur, j'admire en vous des qualités pareilles.

(2) Excellent Muficien François, fous le regne de Louis XIV,

« ก่อนหน้าดำเนินการต่อ
 »